John Havlicek : l’histoire d’une légende hors-norme des Celtics

John Havlicek aurait du fêter ses 84 ans aujourd'hui. Retour sur la carrière d'une légende un peu méconnue des Boston Celtics et de la NBA.

John Havlicek : l’histoire d’une légende hors-norme des Celtics

Nous sommes le 9 avril 1978. Le Boston Garden est en larmes. Et pour cause : l'enceinte légendaire des Celtics dit au revoir à John Havlicek, un homme qui lui a été fidèle durant seize ans et, avec lui, à une partie de son histoire. Celle qui a vu les C's marcher sur la NBA, en remportant notamment onze titres en treize ans. Celle qu'il a contribué à forger. En prenant le relais de Bill Russell, Bob Cousy, K.C. et Sam Jones lors de son arrivée, pour guider à nouveau les Celtics vers les sommets. Si l'âge d'or de la franchise est souvent associé à juste titre au nom de Bill Russell est souvent associé à l'âge d'or de la franchise, John Havlicek, décédé en 2019 des suites de la maladie de Parkinson, mérite quelques droits d'auteur.

Hondo le quarterback

1960. Jerry Lucas, la future star des Cincinnati Royals, des Warriors et des Knicks, remporte le tournoi NCAA dans les rangs d'Ohio State, dont faisait partie, également, John Havlicek. Une première saison universitaire couronnée de succès pour ce dernier, qui aime également jouer au foot US. Au lycée, là où un adversaire l'a surnommé « Hondo », estimant qu'il ressemblait à l'acteur John Wayne dans le film du même nom, il officiait comme quarterback. D'où l'obligation d'effectuer un choix de riche. Et d'opter soit pour la NBA, soit pour la NFL. Car en 1962, il n'y a pas que les Boston Celtics qui draftent le futur Hall of Famer. Les Cleveland Browns le choisissent également au septième tour. Les C's, eux, le font au premier et en septième position. Le symbole d'un talent encore plus grand sur les parquets qu'avec le ballon ovale et d'une polyvalence qui n'a pas fini de faire parler.

La NFL, John Havlicek s'y est bien mis. Un court moment. Car après un passage au poste de wide receiver et un camp d'entraînement avec les Browns, lui et son éphémère franchise ont compris. Ce sera la NBA, donc. Et une équipe en or, qui a déjà gagné quatre titres consécutifs lorsqu'il débarque en tant que rookie avec des joueurs comme Bill Russell, Bob Cousy, de K. C. Jones, de Sam Jones...

Bill Russell était un monstre athlétique, peut-être plus encore que LeBron

Le dernier maillon

Celui que l'on continue d’appeler « Hondo » afin de ne pas écorcher le nom qu'il a hérité de son père tchèque, cire le banc. Puis saisit sa chance et surprend. Sur les traces de Frank Ramsey, joker chez les C's dans les années 50, John Havlicek deviendra tout simplement l'un des meilleurs sixièmes hommes de l'histoire de la NBA. Un tueur dans les derniers instants du match, qui fait la différence quand les cadors de Boston n'ont pas pu ou su la faire. La preuve avec ce fameux match 7 de la finale de conférence face aux Sixers en 1962.

Money Time. Les C's mènent 110-109. Philly a la balle. La passe de Hal Green est interceptée par « Hondo ». Dans les gradins, le commentateur Johnny Most exulte :

"Greer is putting the ball in play. He gets it out deep and Havlicek steals it ! Over to Sam Jones ! Havlicek stole the ball ! It's all over... It's all over! Johnny Havlicek is being mobbed by the fans ! It's all over ! Johnny Havlicek stole the ball !"

Les Celtics remportent le titre. Encore.

Un nouveau rôle

Les saisons passant, John Havlicek monte en grade. En 1967, Tommy Heinsohn prend les rênes de l'équipe. C'en est fini du rôle de supersub pour lui, mais il continue d'impressionner, menant son équipe au scoring, au rebond et à la passe. Petit hic : les C's se font manger par les Sixers en finale de conférence (4-1). Les coéquipiers de Wilt Chamberlain sont au-dessus et remporteront le titre dans la foulée. Cette fois, John n'a pas offert la victoire aux siens. A l'issue de la saison, l'American Basketball Association et les Carolina Cougars le draguent. Deux millions de dollars sont mis sur la table pour attirer « Hondo », mais ce dernier veut rester chez lui et il a raison : il remporte deux titres consécutifs face aux Lakers.

Havlicek et les C's connaissent ensuite une traversée du désert de quatre ans, durant laquelle les Celtics réaliseront tout de même une saison régulière à 68 victoires lors de l'exercice 1972-1973. John Havlicek inscrira 54 points face aux Hawks en demi-finale de Conférence, mais ne permettra pas à son équipe de battre les Knicks en finale de Conférence, touché à l'épaule. « Hondo » remportera néanmoins ses septième et huitième titres en 1976 et 1978, en étant désigné MVP des finales lors de son avant-dernière consécration, avant de mettre un terme à sa carrière, à 38 ans.

A toute épreuve

Entre 1966 et 1972, John Havlicek ne manque jamais à l'appel chez les Celtics, en dehors de trois petites rencontres de saison régulière pour asseoir son étiquette d'athlètes le plus régulier que la ligue ait connu jusque-là. Red Auerbach, le mythique coach de Boston entre 1950 et 1966, disait de lui qu'il était « le cœur de l'équipe ». En 1966, Frank Deford, de Sports Illustrated, était sous le charme :

« Il a une vitesse, une puissance et une agilité rares pour un joueur de cette taille (1,96 m pour 92 kg). Il va trop vite pour la plupart des ailiers et est trop imposant pour les arrières. »

Bill Bradley, l'ancien ailier des New York Knicks, l'avouait aussi, non sans admiration :

« Défendre sur John Havlicek est la plus difficile tâche que j'ai à faire chaque saison. »

Une condition physique parfaite, une régularité à toute épreuve et un talent hors-norme : là se trouvent les éléments du cocktail qui a permis à John Havlicek de devenir le joueur ayant disputé le plus grand nombre de matches avec Boston (1270) et celui ayant inscrit le plus grand nombre de points avec la franchise (26 395). Treize fois All-Star, il est devenu le premier joueur à avoir scoré au moins 1 000 points lors de 16 saisons consécutives. Un marathon qu'il a effectué les mains dans les poches. Et qui a eu comme ligne d'arrivée ce match du 9 avril 1978 face à Buffalo. Une ligne franchie avec 29 points, 8 rebonds et 4 passes par le stakhanoviste, qui a laissé des souvenirs. Beaucoup de souvenirs.