Avec Jusuf Nurkic, les Blazers ont fait le meilleur pari

Analyse du transfert mis en place par les Denver Nuggets et les Portland Trail Blazers dimanche, autour de Jusuf Nurkic et Mason Plumlee.

Avec Jusuf Nurkic, les Blazers ont fait le meilleur pari
Avec plusieurs assets et une neuvième place décevante à l’Ouest, les Portland Trail Blazers étaient destinés à remodeler leur effectif. Avec plusieurs assets et une huitième place encourageante à l’Ouest, les Denver Nuggets étaient pressentis pour se renforcer avant la deadline du 23 février. Les deux franchises ont donc trouvé un accord. Mason Plumlee et un second tour de draft (2018) sont envoyés dans le Colorado, Jusuf Nurkic et un premier tour de draft (2017, celui des Memphis Grizzlies – protégé top 5) font le chemin inverse en direction de l’Oregon. Un deal équilibré qui illustre les directions différentes prises par les deux organisations à l’approche d’un nouvel été bien chargé avec la seconde hausse du Salary Cap. Denver récupère le meilleur joueur dans l’échange. Mais les Blazers n’avaient de toute façon pas l’intention de payer Plumlee à l’issue de la saison. Drafté en 2013, le pivot de 26 ans, restricted free agent en juillet, est promis à un salaire intéressant après avoir développé un profil d’intérieur complet à Portland. Les dirigeants n’envisageaient pas d’en faire le titulaire dans la raquette sur le long terme. Ils ont donc profité de sa valeur encore assez haute sur le marché.

Les Portland Trail Blazers misent sur le futur

[caption id="attachment_368059" align="alignleft" width="318"] Jusuf Nurkic a le potentiel pour s'affirmer comme un intérieur solide en NBA.[/caption] Avec Nurkic, les Blazers mettent la main sur un autre intérieur, plus jeune (22 ans). Le Bosnien est prometteur. Il s’était mis en valeur malgré un faible temps de jeu dès son arrivée en NBA en 2014 (6,9 points et 6,2 rebonds en 17 minutes). Des blessures et l’émergence de Nikola Jokic ont finalement ralenti sa progression à Denver. Il a là une occasion de se relancer.
« Je sais qu’il est solide. J’ai joué contre lui quelques fois. Il est fort dans la peinture », commente Meyers Leonard, son nouveau coéquipier à PDX. « Un joueur du poste bas. Main gauche. Main droite. Un joli tir à mi-distance. »
[superquote pos="d"]"Je sais qu'il est solide. Il est fort dans la peinture." Meyers Leonard au sujet de Nurkic[/superquote]L’arsenal offensif du jeune homme est différent de celui de Plumlee. Sa capacité à violenter ses adversaires sous le panier peut donner une touche différente à l’attaque des Blazers, trop souvent dépendants de l’adresse extérieure de C.J. McCollum et Damian Lillard. C’est en tout cas le constat sur le papier. La réalité du terrain est parfois différente. Dans l’immédiat, Terry Stotts se retrouve avec un pivot nettement moins altruiste que ne l’était "Mase". Sa qualité de passe était d’ailleurs primordiale lorsque les défenses doublaient le porteur de balle sur les picks-and-roll, forçant l’une des deux stars à laisser Plumlee diriger le jeu après l’écran. Les Blazers vont devoir apprendre à jouer autrement. Mais le potentiel est là. En attaque et en défense. Avec 2,13 m et plus de 120 kilos, ‘The Bosnian Beast’ a les arguments pour protéger le cercle. Portland est l’une des dix plus mauvaises équipes de la ligue aux rebonds. Avec 109 points encaissés sur 100 possessions, Lillard et ses coéquipiers ont la quatrième défense la plus perméable du championnat. Le développement de Nurkic – 2,2 blocks et 12 rebonds sur 36 minutes en carrière – de ce côté du parquet sera un facteur important du succès futur des Blazers. Car ce transfert est bien un pari sur l’avenir de la part du GM Neil Olshey. Son équipe se retrouve désormais avec trois choix au premier tour d’une draft considérée comme talentueuse… principalement dans le top 10. Tout dépendra ensuite des freshmen qui décident de se présenter ou non selon l’expert Jonathan Givony. Les Blazers possèdent leur propre pick, attendu entre la dixième et la seizième ou dix-septième place selon leurs résultats. Ils disposent donc désormais de celui des Memphis Grizzlies (autour du vingtième spot) et des Cleveland Cavaliers (fin de premier tour) acquis au préalable. De quoi donner plus de flexibilité aux dirigeants le soir de la Draft et même avant. Tous ces assets sont susceptibles d’être à nouveau échangés d’ici deux semaines. Car les Blazers n’ont certainement pas fini leur shopping. [superquote pos="d"]Portland aura trois picks au premier tour de la draft 2017 ![/superquote]La construction du roster n’est plus très claire. En soi, cette saison ressemble un peu – toutes proportions gardées – à celle des Phoenix Suns il y a deux ans. Comme Portland, la franchise de l’Arizona avait créé la surprise en accrochant presque les playoffs en 2014 malgré un effectif a priori taillé pour la fin du classement. Les Suns s’étaient alors mis à dépenser à tout va pour confirmer cette belle saison. Brûler les étapes leur a finalement causé du tort et l’organisation se reconstruit à nouveau actuellement. Le cas des Blazers est légèrement différent mais l’idée est là. Plusieurs cadres (LaMarcus Aldridge, Wesley Matthews, Robin Lopez, Nicolas Batum) ont filé en 2015 mais le groupe plus jeune a réussi à atteindre les playoffs et même à passer un tour l’an dernier. Des millions de dollars ont été liquidés dans la foulée et la franchise se retrouve pourtant à repenser son effectif moins de six mois plus tard. Les Blazers ont tout de même plus de certitudes. Ils ont un All-Star en la personne de Damian Lillard et un lieutenant de luxe avec McCollum. Reste à savoir comment ils vont construire autour. Le fait d’avoir renforcé un concurrent direct pour le dernier strapontin en playoffs démontre que le management est prêt à faire un pas en arrière si cela lui permet d’en faire deux en avant dans un avenir proche.

 Les Denver Nuggets prêts à tout pour les playoffs, même à hypothéquer l'avenir

[caption id="attachment_368057" align="alignleft" width="318"] Gros bosseur, Mason Plumlee était apprécié par ses coéquipiers à Portland.[/caption] C’est justement pour assurer cette huitième place à l’Ouest que les Nuggets – absents des playoffs depuis 2013 – ont sacrifié un jeune joueur et un pick. Le futur est désormais relégué au second plan, Denver veut gagner maintenant. D’où l’arrivée de Mason Plumlee. Formé à Duke, le frère de Miles (et Marshall, deux autres joueurs NBA) n’est pas spécialement connu du grand public mais il fait le boulot sur le terrain. C’est un pivot complet et dur au mal. Sa présence apporte encore un peu plus de profondeur à l’effectif déjà chargé en talents, et désormais articulé autour de Nikola Jokic, des Nuggets. En misant sur Plumlee, le staff envisage donc encore une fois d’aligner deux vrais « grands » dans son cinq majeur. Mike Malone avait déjà essayé la paire Nurkic – Jokic, sans succès, et il y a fort à parier qu’il retente le coup. Il dispose là de deux des meilleurs intérieurs passeurs de toute la ligue (4 caviars par match pour "Plumdog", 4,2 pour le Serbe). [superquote pos="d"]Les Nuggets ont maintenant deux des meilleurs intérieurs passeurs de la NBA[/superquote]Leur vision du jeu pourrait faciliter leur association sur le parquet. Mais si jamais le tandem venait à échouer, le coach aura toujours la possibilité de repasser sur un système small ball en alignant Plumlee en sortie de banc. Les Nuggets pourraient alors se targuer d’avoir l’un des meilleurs back-up de la ligue sur le poste cinq. Tout est pensé dans le but d’accrocher les playoffs. La lutte pour la huitième place est ouverte à l’Ouest avec six équipes séparées par moins de « trois victoires ». Acquérir un joueur talentueux, même pour quelques mois, peut aider une équipe à prendre l’avantage. Mason Plumlee n’est d’ailleurs peut-être que de passage dans le Colorado. Sa situation contractuelle ne joue pas en faveur de la franchise. Les Nuggets ont beau avoir l’avantage de pouvoir s’aligner sur toutes les offres en juillet prochain, ce n’est pas dit que les dirigeants conserveront le joueur si une équipe lui propose un salaire de titulaire. Mais encore une fois, l’avenir attendra. A l’heure actuelle, Denver sort vainqueur du transfert dans le sens où les Nuggets récupèrent le meilleur élément. Mais Portland est aussi susceptible d’en sortir gagnant sur le plus long terme en s’offrant plus de flexibilité et un joueur au potentiel intrigant.