Kevin Durant et Michael Beasley : Les deux faces d’une même pièce

Au premier regard, tout semble opposer Kevin Durant et Michael Beasley et pourtant ils ne sont que les deux faces d’une même pièce.

Kevin Durant et Michael Beasley : Les deux faces d’une même pièce

Le gardien de mon frère

Ils parviennent aujourd’hui à en sourire, mais malgré tous les atouts dont bénéficiait Michael Beasley, c’est comme si les dés avaient été pipés dès le départ.

« Quand il a été drafté par Miami, on s'est tous dit ‘‘Oh merde...’’ », rigole Kevin Durant.

« Ça ne présageait rien de bon. Moi j'étais à Seattle, il pleuvait tous les jours, donc je ne sortais même pas de chez moi et j'avais Charlie Bell et d'autres grands de notre quartier pour m'épauler. Lui par contre... »

« KD avait tous les bons gars avec lui. Tous ceux sur qui on prenait modèle », interjecte Mike.

« Je ne veux pas dire par là que ceux qui sont venus avec moi se foutaient de moi, mais... En fait, tu peux m'aimer à la mort ou bien tu peux m'aimer à la vie. M'aimer à la mort, c'est être toujours là à me dire que je fais le bon choix ou que j'ai toujours raison parce que tu ne veux pas m'énerver. M'aimer à la vie, c'est me dire ‘‘Hé gars, il faut que tu arrêtes de faire ça, il faut que tu ailles à la salle et que tu bosses’’. »

Et des mauvais choix, on peut dire que Michael en fait un paquet. Entre problèmes de marijuana (le premier durant le fameux séminaire que les futurs rookies doivent suivre pour leur éviter les ennuis…), manque de sérieux, embrouilles avec les coaches ou le management, il a tout simplement failli foutre toute sa carrière en l’air tandis que son pote, à l’inverse, se hissait parmi les plus grands.

« Avec Mike, ça a toujours été une question de concentration », analyse Durant.

« Il a un talent incroyable, mais ce qui nous distingue, c'est que, depuis tout petit, j'ai toujours eu cette peur au fond de moi, je savais que si je ne passais pas suffisamment de temps à m'entraîner, je ne pourrais pas être aussi performant que je le voulais sur le terrain. Mike a dû en passer par tout ce qu'il a traversé pour qu'il se rende compte de tout ce qu'il avait à perdre s'il ne se recentrait pas à fond sur le basket. »

« Les Warriors étaient l'endroit parfait pour que je puisse jouer à nouveau comme on le faisait quand on était gamins. » Kevin Durant

  Et alors qu’on pensait inscrire son nom tout en haut de la liste des plus gros gâchis du XXIème siècle, il a finalement commencé à remettre sa vie en ordre.

« J'ai dû être honnête avec moi-même », raconte-t-il.

« Ce serait très immature de ma part de dire que c'était toujours la faute de quelqu'un d'autre à chaque fois que ça n'a pas marché, alors que je suis le seul dénominateur commun de toutes ces situations. »

Et c’est en retrouvant le plaisir d’évoluer dans un groupe uni par un même objectif simple, gagner, qu’il a pu remettre en place les pièces du puzzle. Depuis, il est revenu en NBA et semble paré pour y rester.

« Ce n'est que quand je suis allé en Chine que j'ai compris que j'avais la capacité de rendre les autres meilleurs. Là-bas, je me suis éclaté en voyant la réaction de mes coéquipiers quand ils parvenaient à faire des choses dont ils ne se savaient pas capables. Le summum pour moi, c'est quand on joue tous de la bonne façon. »

Le genre de phrase qu’on ne l’aurait jamais imaginé prononcer, mais qui sonne encore plus dingue tellement elle fait écho à ce qui a guidé les pas de Kevin Durant au moment de prendre la « décision » la plus importante de sa carrière. Lorsqu’il a choisi de rejoindre les Warriors, la plupart des gens y ont vu avant tout une volonté de s’éloigner de Russell Westbrook, mais la réalité est un peu différente. Ce qui a motivé ce choix, c’était l’envie de retrouver le plaisir de se fondre dans un groupe, sans avoir à se soucier constamment de savoir qui est l’alpha dog.

« Les meilleures moments de ma vie, je les ai passés avec nos équipes de jeunes », raconte KD.

« On ne se prenait pas la tête, tout ce qu'on avait à faire, c'était de jouer. Je voulais retrouver l'amour pour le jeu que j'avais étant gamin et essayer de répliquer ce qu'on avait connu enfants. Les Warriors étaient l'endroit parfait pour que je puisse jouer à nouveau comme on le faisait avec les Jaguars. »

Que KD continue de collectionner les trophées ou non, que Beas réussisse ou pas à s’installer comme un élément majeur d’une équipe ambitieuse, ils ont déjà gagné depuis longtemps. Leur rêve de mômes s’est réalisé. Ils ont troqué PG County et sa morosité pour la NBA, sans jamais perdre l’essentiel : eux. Même HBO n’aurait pas trouvé une meilleure chute à leur histoire. Graphisme par Ptite Cao.