Kevin Durant, plus de « nice guy » qui tienne

Kevin Durant entame peut-être sa dernière saison avec OKC avec l'objectif de ne plus être considéré comme un gentil looser. Son comportement depuis quelques mois le prouve.

Kevin Durant, plus de « nice guy » qui tienne
Qu'il s'agisse d'une stratégie de communication concertée ou du fruit du hasard, Kevin Durant a longtemps été considéré comme un fils à maman et un gentil garçon. Il n'y a évidemment rien de mal à cela et la popularité du toutefois plus jovial Stephen Curry, devenu le gendre idéal de l'Amérique en quelques mois, en est la preuve. Très proche de Wanda, sa mère (voir le portrait que nous avions consacré à KD et son interview dans le REVERSE #44), et rarement pris dans des embrouilles durant les premières années de sa carrière, le franchise player du Thunder n'a cependant pas vraiment le même type de caractère que le meneur des Warriors. S'il n'a rien d'un gangster, d'un fêtard, d'un joueur ingérable ou d'un type vicieux sur le terrain, KD n'est pas aussi lisse et impassible que son côté timide et taiseux face à la presse ne l'indique de prime abord. Tout du moins, c'est ce qu'il veut faire entendre au grand public depuis un certain temps. [superquote pos="g"]"KD fait en sorte que vous vous sentiez mal. Vous regrettez même de lui avoir mal parlé." Draymond Green.[/superquote]Evidemment, lorsque l'on est le meilleur attaquant actuel de la NBA et déjà l'un des scoreurs les plus meurtriers de l'histoire à seulement 27 ans, on est ciblé par les adversaires, à la régulière ou de façon moins licite et respectable. Dans ces situations, Durant a décidé de ne plus se cacher et entend la jouer oeil pour oeil, dent pour dent, cette saison, alors qu'il vit peut-être ses derniers mois dans l'Oklahoma. Cette nouvelle mentalité, jusque-là plutôt ignorée par le grand public, est en fait de notoriété publique au sein de la ligue. Lorsqu'un opposant le défie verbalement, Durant a du répondant et impressionne même les spécialistes du genre, comme le MVP de l'année dans ce domaine, Draymond Green, qui a toujours considéré le quadruple meilleur marqueur de la ligue comme un féroce challenger.
"Vous savez qui, selon moi, est un grand trashtalkeur alors que l'on ne parle jamais de lui comme ça ? Kevin Durant ! Peu de gens le savent. Mais ceux qui l'affrontent en NBA sont au courant. KD fait en sorte que vous vous sentiez mal et vous regrettez même de lui avoir mal parlé. C'est quelque chose de très amusant à voir !", a expliqué le champion NBA 2015 dans des propos relayés par Sports Illustrated.
Malgré la présence accrue de micros et un nombre croissant de séquences "wired" à la télé, on n'a jamais réellement entendu l'ailier All-Star se lancer dans des discussions épicées. Pourtant, on veut bien croire Draymond Green, puisqu'en dehors des terrains, l'intéressé a déjà marqué le coup en la matière. Que ce soit avec la presse ("Je ne vous aime pas") ou avec des rivaux, Durant est de plus en plus vindicatif et se soucie de moins en moins qu'on le considère comme quelqu'un d'agréable ou non. N'avait-il pas ainsi lancé à l'intention de Chris Bosh un très saignant : "Je suis un gars cool, détendu, mais je ne laisserai personne mal me parler, surtout à domicile. Maintenant qu'il joue dans une grosse équipe, il se sent obligé de parler. Il y a beaucoup de faux durs dans cette ligue et Chris Bosh en fait partie" ? [superquote pos="d"]"Sur le terrain, je suis un connard. Je ne parle pas aux autres. Si je tombe sur quelqu'un, je ne l'aide pas à se relever".[/superquote]Foot Locker avait déjà tenté un revirement de stratégie en 2013, en essayant de proposer une facette moins soporifique de son poulain au public dans un spot publicitaire pour la KD V. On y voyait un commissaire de police refuser de croire que Kevin Durant avait commis le crime sur lequel il enquêtait (en l'occurrence un dunk sauvage...) malgré les preuves évidentes contre lui. "Ça ne peut pas être Kevin, c'est le gars le plus gentil de la NBA", lançait alors l'officier, alors qu'un "No nice guy" s'affichait à l'écran pour confirmer la culpabilité de la star. Depuis, ses interventions dans les médias ont presque toutes été destinées à montrer qu'il avait du tempérament et aucunement l'intention de fraterniser avec les autres stars de la ligue.
"Sur le terrain, je suis un connard. Je ne parle pas aux autres équipes. Si je tombe sur quelqu'un, je le rejette au sol et ne l'aide pas à se relever. Je n'aime tout simplement pas les autres équipes ou les autres joueurs. Je ne regarde pas les autres matches parce que sinon j'aurais l'impression de les soutenir rien qu'en faisant ça. Je suis un hater, je souhaite des mauvais matches à mes adversaires. Je me suis demandé si c'était un mauvais trait de caractère que j'avais ou si j'étais jaloux. Mais le fait est que j'ai réellement envie que les deux équipes que je vois jouer perdent".
Le ton un peu trop emphatique peut laisser penser que cette déclaration était plus calculée que complètement sincère. Un peu à l'image de son "I'm a bad motherfucker" hurlé en février dernier après ses 14 points en 2 minutes et 44 secondes contre les Denver Nuggets. Lorsque nous l'avions rencontré à Washington il y a deux ans, nous avions demandé au numéro 35 d'OKC s'il ne s'était pas lancé dans une campagne "I'm not a nice guy" pour conquérir un public plus large et être considéré comme l'égal d'autres champions. A l'époque, certains journalistes avaient même oser angler leurs articles sur le manque d'agressivité ou de méchanceté de KD sur le terrain. Sa réponse permet de comprendre pourquoi, quoi qu'il dise ou fasse, Kevin Durant restera a priori un garçon sage aux yeux du grand public.
"Je ne peux pas laisser quelqu'un dire que je ne suis pas assez agressif. Je l'ai toujours été dans le jeu, mais je ne me compromettrai jamais ni ne changerai de personnalité pour qui que ce soit. On ne me fera pas devenir quelqu'un d'autre, j'y tiens", avait alors expliqué Durant.
Si sur le plan de l'image Kevin Durant paraîtra peut-être un peu différent à ceux qui l'observeront attentivement à partir du mois d'octobre, l'essentiel restera pour lui de retrouver son meilleur niveau sur le parquet. Après une saison 2015 extrêmement frustrante et tronquée, KD doit prouver qu'il peut reconquérir le titre de MVP et enfin aider OKC à retrouver les Finales NBA. Sans quoi, gentleman ou voyou, il sera sans doute contraint d'exporter ses talents ailleurs pour ne pas rejoindre la longue liste des surdoués sans bague dans l'histoire de la ligue. https://www.youtube.com/watch?v=jwo-ugcYqxM