Kyrie Irving doit devenir un joueur différent pour aider les Cavs

Kyrie Irving est l'un des joueurs les plus divertissants qui soient. Mais les Cleveland Cavaliers ont besoin qu'Uncle Drew ne se cantonne plus à des prouesses offensives.

Kyrie Irving doit devenir un joueur différent pour aider les Cavs
Kyrie Irving est l'un des finisseurs les plus incroyables de l'histoire de la NBA. C'est aussi l'un des joueurs les plus excitants à observer lorsqu'il décide justement que rien ni personne ne peut l'arrêter. On l'a vu mercredi dans le game 3, le meneur des Cleveland Cavaliers est capable de prouesses invraisemblables lorsqu'il attaque le cercle. Quel que soit le défenseur qui lui fait face, il n'est pas à l'abri d'un moment embarrassant. Quelle que soit sa position et peu importe son éventuel manque d'équilibre, l'obstacle n'est pas incontournable. Voilà pour les louanges. Celles qui pleuvent pour saluer sa férocité offensive sont justifiées. Marquer 38 points dans un match des Finales NBA n'est pas à la portée de tout le monde. Malheureusement pour Irving, les Cavs sont menés 3-0 et devraient, sauf surprise, abdiquer du trône. Si Cleveland est aussi impuissant depuis trois matches, l'approche et le style de jeu d'Uncle Drew y sont pour quelque chose. Avec la force de frappe inédite que possèdent les Warriors désormais, Irving ne peut plus se contenter de surfer sur son shoot de légende dans le game 7 en 2016. La franchise de l'Ohio a besoin de plus. Ou du moins d'autre chose.

Composer avec la présence de LeBron

Ce n'est pas le hero ball, aussi électrisant soit-il, qui suffira à déstabiliser la meilleure équipe de tous les temps (sur le papier tout du moins). Kyrie ne fluidifie pas le jeu. Il ne fait que très peu de passes décisives et a un impact limité pour ne pas dire inexistant sur le plan défensif. En dehors de deux ou trois efforts par match pour se donner bonne conscience et faire oublier ses difficultés à exister sur les pick and roll adverses. La présence de LeBron James, qui remonte les trois quarts des ballons sur les remises en jeu, est évidemment à prendre en compte. On connaît la propension du "King" à vouloir prendre le jeu en main. Ça ne devrait toutefois pas empêcher le #2 des Cavs d'être plus altruiste et d'impliquer davantage ses partenaires. Trop souvent, notamment dans les deux premiers matches de la série, Kyrie Irving a dribblé sur place et figé le jeu de son équipe. Contre la plupart des équipes de cette ligue, ça ne pose pas vraiment de problèmes tant l'intéressé est doté d'un GPS qui lui permet de trouver l'accès au cercle et de faire mouche quand bon lui semble. Contre une défense aussi intelligente et des adversaires aussi mobiles, c'est plus dérangeant.

Il n'a jamais été un vrai meneur

Se refaire complètement n'est pas simple. Dans son lycée du New Jersey comme lors de sa seule saison universitaire à Duke, Irving n'a jamais été un "pass first" point guard. Avant que son maniement du ballon exceptionnel et sa finition n'en fassent un "no brainer" lors de la Draft 2011, certains scouts se demandaient même s'il serait capable de se conformer aux exigences du poste en NBA. Sa lecture du jeu se limitait à celles des appuis de ses vis à vis. Pas franchement aux déplacements de ses partenaires. Avant que LeBron ne rentre à la maison, il était difficile d'envisager Irving comme un véritable franchise player capable d'emmener son équipe en playoffs. Aussi génial et divertissant soit-il, il se serait sans doute dirigé vers une carrière à la Glenn Robinson. Un scoreur extraordinaire mais généralement en vacances avant les autres stars de la ligue. Un type dont on se souviendrait plus tard avec nostalgie mais aussi avec conscience qu'il aurait pu, dû, faire mieux.

Suivre l'exemple John Wall

John Wall, pour citer un joueur de la même génération, avait également un profil complexe et incertain au début de sa carrière. Mais le meneur des Wizards a su faire sa mue et devenir un meneur hyper polyvalent, capable de tourner à 10 passes par match, de défendre mieux que la moyenne, mais également de s'occuper du scoring. Peut-être Kyrie Irving a-t-il besoin de croiser sur sa route un coach capable de l'utiliser différemment et d'imprégner en lui les fondamentaux d'un chef d'orchestre. Ce sera probablement compliqué tant que LeBron est dans le coin, mais le natif de Melbourne n'a que 25 ans et sans doute une bonne décennie devant lui pour progresser.

Il lui faut un vrai back up

Dans un futur proche, puisque la collaboration avec James est amenée à durer au moins jusqu'en 2018, les Cavs peuvent commencer par lui trouver un back up digne de ce nom. Un joueur capable de permettre à Irving de souffler un peu ou d'exploiter la fatigue causée par sa doublure. Un meneur en mesure de rentrer dans le lard d'un crack comme Stephen Curry pour faciliter la tâche du n°1. Un Patrick Beverley ou un Matthew Dellavedova. En jouant 40 minutes par match parce que Deron Williams n'est plus capable de marquer un panier ou de créer le moindre trouble, Kyrie Irving s'use et perd en lucidité, en simplicité.  De la capacité des Cavs à redéfinir ce qu'ils attendent de leur meneur dépend peut-être le visage de la Conférence Est des prochaines Finales NBA. Pour celles-ci, il est sans doute déjà trop tard.