Le hacking , c’est bientôt fini ?

Dès l'an prochain, des mesures vont être prises pour limiter les effets de ce que l'on a longtemps appelé le "Hack-a-Shaq". Pourtant, une majeure partie des joueurs sont contre tout changement à ce sujet.

Le hacking , c’est bientôt fini ?
Avec les petits miracles qu'il réalise à Boston depuis son arrivée dans la ligue, on en avait oublié que Brad Stevens restait un coach jeune et inexpérimenté. Le boss technique des Celtics a commis une petite maladresse qui a permis de mesurer à quel point le "hacking" était une thématique très "touchy" en NBA en ce moment. [superquote pos="g"]Patterson : "Que l'on fasse 2m10 ou que l'on soit meneur, c'est un secteur où n'importe qui peut exceller en travaillant. Il n'y a aucune excuse"[/superquote]Stevens fait partie, comme certains de ses collègues, du comité des compétitions de la NBA. En gros, un cercle qui se réunit à l'occasion pour débattre d'éventuelles évolutions à venir dans le jeu et ses règles (aucun joueur en activité n'en fait partie, ce qui est quand même curieux). Informé par mail que le "hacking" allait être au menu de la prochaine assemblée, l'ancien coach de la fac de Butler a cru bon d'informer Chris Mannix, le journaliste d'ESPN, qu'il allait désormais être interdit de faire du saute-mouton sur un adversaire pendant un lancer-franc pour l'envoyer à son tour sur la ligne, sous peine de recevoir une flagrante. Visiblement, Stevens s'est fait tirer les oreilles et a dû démentir l'information, précisant qu'il ne s'agissait finalement que d'une discussion à venir et non d'une modification imminente. Ce sont les réactions qui ont suivi "l'info" dévoilée par Mannix qui ont démontré que beaucoup de joueurs et de coaches se sentaient presque investis d'une mission pour préserver les textes existants. Tout le monde ou presque donne son avis sur la question, même si c'est probablement peine perdue puisque le changement est imminent. Dans l'ensemble, les joueurs ont l'air de considérer que leurs adversaires en difficulté devraient être capables de réussir au moins 60% de lancers, et ils s'inscrivent clairement contre des mesures drastiques. Dans ce sens, le discours de Patrick Patterson, l'ailier des Toronto Raptors, est plutôt convaincant.
"On passe notre vie à travailler chaque aspect du jeu et les lancers francs sont un de ces aspects. Tous les jours, entre le moment où on touche notre premier ballon à l'entraînement et celui où l'on s'arrête, on a forcément tiré quelques lancers. Que l'on fasse 2m10, que l'on pèse 150 kg ou que l'on soit un meneur de jeu, c'est un secteur où n'importe qui peut exceller en travaillant. Il n'y a aucune excuse. Personne ne doit bénéficier d'un traitement de faveur. Il ne doit pas y avoir de règle qui peut permettre à des joueurs de cacher leurs lacunes et d'être protégés", a expliqué l'ancien joueur de Houston dans le Toronto Sun.

La NBA reste un entertainment business

[superquote pos="d"]Cuban : "La ligue réagit de manière disproportionnée aux plaintes d'une minorité de puristes, 1000 personnes à tout casser."[/superquote]Mark Cuban s'est rangé du côté de la majorité des joueurs, et considère que l'argument de la "spectacularité" en baisse n'est pas pertinent. Le proprio des Mavs estime que les fans se sentent bien plus impliqués lorsqu'un joueur est sur la ligne. Pour ceux qui sont dans la salle, c'est évident, puisqu'ils peuvent essayer de perturber le joueur ou de gripper sa mécanique, parfois de manière très inventive. Pour le fan lambda qui regarde son match dans son canapé, l'intérêt parait quand même plus limité et le risque de lassitude est réel.
"Cela ajoute une forme d'incertitude. Est-ce que le coach va laisser son joueur ou le sortir ? La ligue est en train de réagir de manière disproportionnée aux plaintes d'une minorité de puristes. En dehors des journalistes, cela doit concerner 1000 personnes à tout casser. Voir un mec remonter le terrain et dribbler autour du périmètre, ce n'est pas quelque chose que je qualifierais de beau non plus. Pourtant, on ne va pas changer ça, non ?", a lancé Cuban  en forçant évidemment le trait sur ESPN.
Il n'y aurait donc qu'une poignée de geeks du basket que les fautes à répétition sur DeAndre Jordan, Andre Drummond ou Dwight Howard incommoderaient ? Ce n'est pas l'avis d'Adam Silver, fréquemment interpellé à ce sujet lorsqu'il se rend dans les salles.
"Je vais voir des matches un peu partout et je constate qu'il y une école de pensée qui a pour leitmotiv : 'Les mecs doivent être capables de mettre leurs lancers'. Le problème, c'est que nous sommes quand même une entreprise de divertissement. Or, quand je suis au stade, les fans se tournent parfois vers moi après un hacking et me lancent un regard qui veut dire : "Vraiment ? Vous n'allez rien faire contre ça ?".

Doc Rivers seul contre tous ou presque

Le big boss a déjà promis qu'il se pencherait sur cette thématique, mais qu'aucun changement ne devrait intervenir avant l'an prochain. Reste à savoir si cela concerna simplement les "piggy-back" sur les grands maladroits, ou si une vraie modification interviendra. Plusieurs analystes se sont par exemple prononcés en faveur d'une sanction différente pour les utilisateurs du hacking afin de rendre la stratégie nettement moins intéressante. Zach Lowe proposait par exemple d'accorder les deux lancers suite à la faute intentionnelle, mais aussi de rendre le ballon à l'équipe victime de la faute ensuite. Voilà qui plairait forcément à Doc Rivers, aujourd'hui militant un peu isolé pour les droits des types incapables de mettre deux lancers de suite.
"Je ne dis pas ça parce que mon équipe est concernée, mais il n'y a aucun fun là-dedans", a expliqué Rivers sur ESPN.
Quand même un peu Doc, non ? Même les coaches qui emploient ce mode opératoire confessent parfois qu'ils trouvent le procédé détestable, Gregg Popovich le premier. En tout état de cause, les "hackers", même s'ils sont dans leur bon droit, vivent probablement leurs dernières heures de liberté. Jordan, Drummond, Howard et quelques uns de leurs congénères devraient pouvoir à nouveau masquer leurs intolérables lacunes et éviter l'humiliation quasi quotidienne que représente leur médiocrité sur la ligne, au profit du sacro-saint spectacle.