LeBron James, une star politique en campagne

Devenu un as de la communication depuis la débâcle de The Decision, LeBron James vise plus que jamais le trophée de MVP et il chercher déjà à séduire les électeurs.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Analyse
LeBron James, une star politique en campagne
LeBron James connait bien l'Histoire du basket et plus particulièrement celle de la plus grande ligue du monde. Sa place parmi les légendes est devenue un objectif, peut-être même une obsession, pour celui qui a enfin osé admettre "chasser le fantôme de Chicago". Le King a encore plusieurs saisons devant lui, au moins quatre ou cinq au plus haut niveau, mais il est déjà en lutte avec le temps et avant ceux qui étaient là avant lui, ceux qu'il ne peut réellement rejoindre avant d'avoir terminé lui aussi sa glorieuse carrière en NBA. Seuls trois joueurs comptent plus de trophées de MVP que LeBron James, qui en a déjà récolté quatre. Michael Jordan et Bill Russell en ont cinq, Kareem Abdul-Jabbar a été récompensé six fois. Le natif d'Akron sait bien qu'une ou plusieurs autres hautes distinctions supplémentaires l'aideraient à s'affirmer comme l'un des plus grands, si ce n'est le plus grand (?), joueurs de l'Histoire une fois qu'il prendra sa retraite.
"Je n'ai jamais débuté une saison en disant que je visais le trophée de MVP. J'ai toujours dit que je voulais être le MVP de mon équipe et c'est comme ça que j'ai gagné quatre trophée. J'ai été disponible la plupart du temps, j'ai été performant des deux côtés du terrain et je suis resté en bonne santé", explique l'intéressé.
Il y a quelque chose de très important à savoir pour comprendre la personnalité de James : c'est un homme politique. Un homme politique en campagne. Il ne peut pas clamer haut et fort son désir de remporter un nouveau titre de MVP, il passerait pour un égoïste. Alors il met les formes. Il enrobe le discours, l'oriente et lui donne un ton plus altruiste, plus positif. Il choisit les termes avec précisions. Miser sur la santé, la constance et la polyvalence ("performant des deux côtés du terrain") n'est pas un hasard. Il insiste sur le fait que malgré le fait qu'il évolue dans cette ligue depuis 13 ans et compte déjà plus de 40 000 minutes dans ses baskets, il continue à manquer très peu de matches, à connaître peu de jours sans et demeure une force des deux côtés du terrain (surtout en playoffs). Il sait que le trophée de MVP peut parfois récompenser les accomplissements d'un joueur, surtout en l'absence de candidat incontournable comme ce pourrait être le cas cette saison maintenant que Kevin Durant et Stephen Curry évolue dans la même équipe. Le MVP récompense le meilleur joueur de la saison, certes, mais aussi le meilleur joueur du monde (en un sens). Et il a prouvé pendant les dernières finales NBA qu'il restait l'étoile la plus brillante de la constellation.
"Ce serait génial de remporter un autre trophée de MVP", admet-il au cours d'une interview accordée à ESPN.
Ce serait génial, pas seulement pour l'accomplissement en soi mais aussi pour l'allure nouvelle que prendrait une nouvelle fois sa carrière, comme expliqué plus haut. Les journalistes votent pour le trophée de MVP. Rassembler des voix, homme politique... nous y revoilà. LeBron James veut convaincre son électorat et il prépare déjà les votants en abordant le point le plus sensible concernant sa candidature : son temps de jeu prochainement "limité". Il coupe court en prenant l'exemple parlant du dernier double-MVP très populaire.
"Non [jouer moins n'empêche pas de gagner le MVP]. Steph jouait 31 minutes par match (en 2015) et il a été élu MVP."
Tout de suite viser la nouvelle coqueluche, l'un des plus sérieux rivaux de LeBron James dans la quête du trophée. Le meneur des Golden State Warriors est le double lauréat de la distinction et son temps de jeu était effectivement légèrement limité (32 puis 34 minutes lors de ses deux campagnes victorieuses, en-deçà du temps de jeu généralement accordé aux stars). A bientôt 32 ans, le King devrait disposer d'un temps de jeu similaire (30 à 33 minutes en moyenne, peut-être un poil plus) ce qui lui laisse la possibilité de cumuler des statistiques folles - qu'il a banalisé avec le temps, un autre handicap à sa candidature - comme 25 points, 7 rebonds et 6 ou 7 passes. A la différence près de certains des concurrents émergents, les Russell Westbrook, James Harden, Anthony Davis et consorts, son équipe va sans doute gagner 60 matches à l'Est. C'est peut-être la saison parfaite pour remettre la main sur un trophée qui lui échappe depuis 2013. LeBron James l'a bien compris. Il est déjà en campagne.    
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