Les Brooklyn Nets, ce fiasco

En arrivant à Brooklyn, les Nets regorgeaient d'ambition. Aujourd'hui, personne ne sait dans quelle direction va la franchise new yorkaise.

Les Brooklyn Nets, ce fiasco
Quiconque est allé voir un match à Brooklyn vous le dira, c’est une expérience plutôt sympathique. Le Barclays Center est une belle salle, hyper moderne et avec une atmosphère sombre qui dénote clairement à côté de l’autre enceinte new yorkaise, le Madison Square Garden, chargée d’histoire mais un peu moins dans l’air du temps. En installant ce vaisseau spatial éclairé de bleu lorsqu’il fait nuit dans l’un des quartiers les plus populaires de Big Apple, Mikhail Prokhorov, troisième fortune de Russie a visé juste. En termes de design, les Nets ont également de la gueule, avec des coloris en noir et blanc simples. Un côté "no bling-bling" parfaitement assumé, qui a donné l’envie à toute une frange de la population qui ne se reconnaissait pas ou plus dans les Knicks, de descendre deux fois par semaine à Atlantic Avenue, via l’une des 9 stations de métro qui permettent de se rendre au stade, pour assister à des rencontres de NBA. [superquote pos="d"]On en viendrait presque à aimer “Joe Cool” et à considérer que tous ses récents contrats ont été amplement mérités.[/superquote]Pendant les matches, tout est bien fait aussi. Il y a des peoples, puisque Jay-Z (VRP et actionnaire officieux de la franchise en raison du conflit d'intérêts avec son rôle d'agent) et Beyonce invitent fréquemment quelques sommités américaines ou étrangères. Le speaker David Diamante, dreadlocks et voix chaude à l’appui, met l’ambiance avec une intro des joueurs qui compte parmi l’une des meilleures de la ligue. « At guard, number 7, from Arkansas, his fifteenth year, Jooooooooooe Johnsoooooooon ». …  Tout est réuni, donc, pour que “BK” soit une place forte de la NBA.  Enfin presque. Il manque l’essentiel. Un projet cohérent et une identité remarquable.

Un 5 uniquement composé de All-Stars

Lorsque Prokhorov et sa bande ont délocalisé la franchise depuis Newark, l’idée n’était pas de sortir quasiment chaque année au 1er tour des playoffs et que tout le monde trouve ça normal puisque l’équipe adverse était plus forte… En montant des deals pour faire venir Deron Williams depuis Salt Lake City, Joe Johnson d’Atlanta et la doublette de vétérans Paul Pierce-Kevin Garnett de Boston en l’espace de deux ans et sans s’encombrer de la luxury tax, Billy King, le GM, a vendu du rêve. L’an dernier, alors que Jason Kidd n’avait encore aucune blessure majeure à déplorer dans son effectif, la cote des Nets pour atteindre la finale de la Conférence Est était à peine supérieure à celle du Heat et plus basse que celle des Pacers ! Il faut dire que sur le papier, aligner 5 All-Stars d'entrée (D-Will, Johnson, Pierce, KG et Lopez) tenait du prodige. Sauf que créer une machine à gagner du jour au lendemain n'a rien de facile. N’est pas le Heat qui veut… Là où Pat Riley et son disciple Erik Spoelstra ont pu s’appuyer sur trois stars dans la force de l’âge et rarement blessées plus de quelques jours, les Nets ont enchaîné les déceptions : Deron Williams a perdu le contrôle de ses chevilles et le mental de gagnant qui faisaient de lui le meilleur meneur de la ligue aux yeux de pas mal de monde. Joe Johnson, malgré quelques jolis coups de poignard dans le money time de certains matches au sommet, n’a pas justifié son salaire colossal. Paul Pierce, frustré de voir les supposés cadres du vestiaire se la couler douce à l’entraînement, n’a jamais offert la même énergie ni le même instinct de tueur qu’à Boston ou plus récemment à Washington. Pareil pour Kevin Garnett, gêné en plus par des problèmes de dos récurrents, et qui n’allait certainement pas donner ce qu’il lui restait dans le moteur pour une situation perdue d’avance. L’an prochain, Lionel Hollins sera a priori encore là. Mais l’ancien coach de Memphis a beau être l’un des techniciens les plus respectés  de la ligue, c’est avec un roster encore hybride et possiblement délesté de Joe Johnson et d’un ou deux autres éléments de base qu’il devra composer. Aucun joueur sur le marché ne semble vouloir participer à l'aventure ou même être en mesure de changer radicalement la trajectoire d’une franchise qui ne sait pas où elle va. Mikhail Prokhorov lui-même souffle le chaud et le froid en laissant courir la rumeur que l’organisation est à vendre pour 2 milliards de dollars, avant de démentir le lendemain en expliquant qu’il est prêt à payer encore davantage de taxes s’il le faut pour gagner… Les fans des Nets, de leur côté, ne veulent probablement rien de plus qu'une équipe dans laquelle ils peuvent se reconnaître et qui défend le "motto" de la ville, "Brooklyn, go hard". Pour le moment, on en est bien loin... En bonus, pour redonner un peu le moral aux Brooklyners... https://www.youtube.com/watch?v=XUGAmDTLPY0