Les Lakers meilleurs sans Kobe Bryant ?

Kobe Bryant est le meilleur joueur des Los Angeles Lakers mais, paradoxalement, son équipe joue mieux en son absence.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
Les Lakers meilleurs sans Kobe Bryant ?
Les Los Angeles Lakers ont décroché un succès de prestige hier soir. Les cancres de la Conférence Ouest ont ôté leur bonnet d’âne pour plumer les premiers de la classe, les Golden State Warriors. Une victoire d’autant plus marquante qu’elle a été obtenue sans Kobe Bryant, l’unique superstar de l’effectif, dernier rescapé des récentes glorieuses campagnes des Angelenos. Ce n’est pourtant pas un hasard si les Lakers gagnent sans leur guide suprême. Selon NBA.COM, les hommes de Byron Scott inscrivent 11 points de plus que leurs adversaires (en moyenne, sur 100 possession) lorsque le « Black Mamba » se repose sur le banc. A l’inverse, ils accusent un écart défavorable de 13,3 pts (toujours sur 100 possessions) avec Kobe sur le parquet. Ces statistiques tendent à condamner Bryant mais il est d’abord important de les nuancer. Comme l’explique Zach Lowe de Grantland, Jordan Hill et Wesley Johnson, deux autres membres du cinq, ont eux aussi un différentiel négatif même s’ils ne sont pas aussi défavorables que celui de la star de Los Angeles. Enfin, Bryant doit se coltiner le meilleur défenseur en permanence – voire même des prises-à-deux et prises-à-trois – et il est aligné le plus souvent en même temps que le cinq majeur des adversaires.

Un visage complètement différent sans Kobe Bryant

Il y a tout de même quelque chose à creuser. Les Lakers n’ont pas montré le même visage sans leur superstar, laissée au repos, hier soir. Ils bien plus partagé et distribué la balle qu’à l’accoutumée. Sept joueurs de L.A. ont inscrit plus de dix points, ce qui n’était encore jamais arrivé cette saison. Les Lakers ont remporté cinq des sept matches au cours desquels au moins cinq joueurs ont dépassé la barre des dix points. Une preuve que l’équipe de Byron Scott est nettement moins prévisible et donc plus dangereuse lorsque la marque est bien répartie. Il n’y a rien de très scientifique, c’est juste logique. 27 des 46 paniers inscrits hier soir ont pour origine une passe décisive. Une statistique importante. En effet, les Lakers sont l’une des équipes qui cumulent le moins de caviars (20,3 en moyenne, dans le dernier tiers de la ligue) et effectuent le moins de passes. La gonfle gravite autour de Kobe Bryant lorsqu’il est présent sur le parquet et il a tendance à abuser des isolations et des shoots compliqués face à deux, trois, voire quatre défenseurs. [html][/html] Les bienfaits de ce surplus de passes et cette circulation de balle accrue se sont fait ressentir contre Golden State. Les Lakers ont converti 51,7% de leurs tentatives alors qu’ils ne shootent qu’à 43,8% en moyenne cette saison (ce qui les classe parmi les dix équipes les plus maladroites de la NBA). Ils ont même inscrit 11 paniers primés. La maladresse chronique s’explique en partie par l’énorme volume de tirs de Kobe Bryant. Son usage rate est de 35,8%, ce qui fait de lui le deuxième joueur le plus utilisé de la NBA – après Russell Westbrook – lorsqu’il est sur le parquet. Il tente sa chance à plus de 22 reprises en moyenne par rencontre mais son pourcentage de réussite plafonne à 37%.
[superquote pos="d"]Les Lakers ont gagné 5 des 7 matches où au moins cinq joueurs dépassaient la barre des 10 points[/superquote]« Les Lakers ne jouent pas de la bonne manière. Kobe tire beaucoup trop. Ce n’est vraiment pas beau à voir », déclarait un scout avant la rencontre contre Golden State.
Ce match face aux Warriors est un très léger échantillon de ce à quoi les Lakers peuvent ressembler lorsque le danger vient de partout en attaque. Carlos Boozer et Ed Davis ont enfin eu l’occasion de s’illustrer au poste bas. Wayne Ellington et Wesley Johnson ont été mis dans de bonnes dispositions. Jeremy Lin et Ronnie Price ont pu toucher la gonfle. Nick Young a fait du Nick Young. Mais il s’agit d’un match, d’un seul match. Il est impossible de juger une équipe sur une seule rencontre, d’autant plus que les Warriors étaient privés d’Andrew Bogut et sont peut-être fatigués par leur début de saison canon. D’ailleurs Kobe Bryant demeure – et de très, très loin – le meilleur joueur de l’effectif de Los Angeles. Il est cette icône capable de rentrer des tirs impossibles lorsque son équipe a besoin d’un panier. Il est cette superstar capable de faire la différence lorsque la défense se resserre. C’est tout le paradoxe. Bryant est l’antithèse des statistiques analytiques. Il est moins explosif que par le passé et attaque donc moins souvent le cercle, ce qui le force à shooter à mi-distance, une zone proscrite au sein de nombreuses franchises NBA. Ses tirs sont contestés. Il ralentit le jeu, un peu à la manière de Carmelo Anthony à New York. Mais il est capable de rentrer ces tirs venus d’ailleurs. C’est là tout le paradoxe. Les Lakers peuvent produire du bon basket même avec le « Black Mamba » sur le parquet. Encore faut-il accepter de faire circuler la balle.

Les Lakers ont-ils intérêt à bien jouer ?

Kobe en-a-t-il réellement envie ? Souhaite-t-il partager le cuir avec Johnson, Ellington et les autres porteurs d’eau qui compose l’effectif ? Nous n’en savons strictement rien. Les dirigeants et le staff des Lakers en ont-ils seulement envie ? Même en jouant collectif, le talent est limité au sein de l’effectif et la franchise n’a pas les armes nécessaires pour arracher une qualification en playoffs au sein de la terrible Conférence Ouest. Elle pourrait peut-être être moins « ridicule » et gagner quelques rencontres supplémentaires. Mais après ? Les Lakers ont eu l’idée géniale de transférer leur pick aux Phoenix Suns en l’échange de Steve Nash. Le choix est protégé si Los Angeles est amené à piocher parmi le top 5 de la prochaine draft. Dans le cas contraire, le tour de draft sera remis aux Suns. Les Lakers ont donc tout intérêt à être mauvais, à s’assurer l’un des cinq bilans les moins flatteurs de la NBA et à conserver ainsi leur choix. Avec un prospect talentueux et prometteur supplémentaire, le retour de Julius Randle et de l’espace sous le Cap, les Lakers ont l’opportunité de reconstruire une équipe compétitive ou de se positionner sur les différents free agents/joueurs disponibles via un trade. En attendant, contentons-nous de rêver devant les dernières envolées spectaculaires de Kobe Bryant et fermons (à moitié) les yeux sur ses briques, ses coups de gueule et les résultats médiocres de sa franchise de toujours.  
Afficher les commentaires (35)
Atlantic
Central
Southeast
Pacific
Southwest
Northwest