L’exploit de Melo, j’y étais… pas

Une partie importante de la presse avait choisi Brooklyn plutôt que New York vendredi. Erreur : Carmelo Anthony était en fusion.

Vendredi, 20h45, tribune de presse du Barclays Center. Alors que Mirza Teletovic est en train de déchaîner la foule à coups de lance-flammes, la plupart des journalistes se félicitent intérieurement d'avoir choisi le Barclays Center plutôt que le Madison Square Garden où les Knicks reçoivent les Bobcats dans le même temps. Tous sont persuadés d'assister à l'évènement marquant de la soirée NBA et préparent leur papier sur la career night du sympathique Mirza. Le Bosnien, qui est accessoirement le plus swag et fashion du vestiaire new-yorkais, enchaîne les shoots extérieurs comme des perles et le speaker beugle son très original surnom "MT3" pour accompagner chacun de ses paniers. Soudain, un bruit se relaie d'un poste à l'autre. "Euh, les gars, Melo est à 27 pts en 19 minutes". Pas grave, se dit-on. L'animal a déjà frappé fort dans des premières mi-temps avant de finir à 40 pions "seulement". Pas de quoi regretter pour le moment d'avoir préféré passer le pont de Brooklyn pour mater la trajectoire parfaite des shoots de Dirk Nowitzki et le goût de la baston de Kevin Garnett. Quelques minutes et un coup de League Pass plus tard, l'inquiétude grandit. Melo, qui sort d'un match franchement médiocre contre Philly, tente et réussit un shoot du milieu de terrain avant de rentrer au vestiaire avec 37 points dans la besace à un pourcentage démentiel... Un quart d'heure après, c'est la consternation. La star des Knicks rentre tout les yeux fermés alors que Teletovic est un peu rentré dans le rang et que les seules actions spectaculaires sur le parquet sont les tentatives de fadeaway d'Andray Blatche et les déhanchements de Samuel Dalembert. 40, 43, 46... Tout le monde se regarde et traduit le regard de l'autre. "P... de b... de m..., on se tape des matches pourris depuis le début de la saison au Garden et la seule fois où on n'y est pas, il faut que l'autre sorte le match de sa vie !" A chaque panier du #7 des Knicks, ça saute et ça pousse des cris pas très masculins à la grande curiosité des fans des tribunes voisines. Certains journalistes US se lancent même des paris sur le nombre de points qu'atteindra Melo et il y en a même pour penser que les 81 pts de Kobe Bryant sont accessibles. Après quelques minutes dans le 4e, Anthony se rasseoit et la clameur du public du MSG est bien plus audible que les timides "Broooooklyn" que lancent trois pelés et un tondu dans les travées du Barclays. A tous les coups, la prochaine fois, Joe Johnson collera 75 pts aux Bucks quand toute la presse aura choisi d'aller à Manhattan en espérant que Melo fasse encore mieux...