Marco Belinelli, la bonne pioche des Spurs

Incandescent avec l'Italie depuis le début de l'Euro, Marco Belinelli constitue un renfort de poids pour les Spurs. A 27 ans, il a une occasion en or de laisser s'exprimer son talent.

FX RougeotPar FX Rougeot | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
Marco Belinelli, la bonne pioche des Spurs
On ne sait pas si Gregg Popovich est un amateur du "Via Con Me" de Paolo Conte, mais il faut bien l'avouer : tous les ans, le coach des San Antonio Spurs voit juste dans ses choix, et l'intersaison de sa franchise s'avère déjà être "wonderful" comme la douce chanson du chanteur piémontais. Du Piémont à la province de Bologne, il n'y a que 2h30 de route, et c'est justement plus à l'est, à San Giovanni In Persiceto précisément, qu'est né Marco Belinelli, la recrue-phare de San Antonio (si l'on considère que l'on peut être une recrue-phare dans le collectif des Spurs, bien sûr…). Si l'on inclut Livio Jean-Charles (qui ne jouera pas cette saison), l'arrière de 27 ans est le cinquième européen, après les Frenchies Tony Parker, Boris Diaw, Nando De Colo et donc Jean-Charles, à intégrer le roster de San Antonio, club réputé pour son jeu "à l'européenne". Belinelli sera aussi le premier Italien à jouer pour la franchise texane, même si sa présence renvoie aux origines de Vinny Del Negro, ancien arrière des Spurs (1992-98) passé par le Benetton Trévise et le Teamsystem Bologne (tiens, tiens…). [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=_jVuVO-QXsk[/youtube] Libre de tout contrat après sa saison mitigée avec les Bulls (une saison régulière insipide, mais des playoffs de très bonne facture), le 18ème choix de la draft 2007 s'est engagé mi-juillet pour deux saisons et "seulement" 5,6 millions de dollars avec la franchise texane. Et à vrai dire, bien avant que l'ancienne gâchette du Virtus et du Furtitudo Bologne n'affole les compteurs de l'Eurobasket slovène avec l'Italie, seule nation invaincue du premier tour (5-0), sa signature ressemblait déjà à un joli coup de la part des Spurs. Voici quelques highlights de Bellinelli, qui tourne à 15,8 pts à 39,6% (38,9% à 3-pts), 4 rbds, 2,5 assists, 1,3 steal et 2,3 TO en 31 minutes depuis le début de l'Euro (il a joué les 4 premiers matches, avant d'être mis au repos contre la Suède). Le talentueux shooteur a notamment flambé contre la Turquie (17 points) et la Grèce (23 points), signant au passage des actions de grande classe.

Assist dans le corner pour Pietro Aradori, face à la Turquie

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Des shoots précieux, toujours face à la Turquie

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Coast-to-coast ravageur, l'une des facettes de son jeu qui s'est amélioré au fil des saisons

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Marco Belinelli a aussi fait parler son adresse de loin face à la Grèce

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Ce shoot en déséquilibre dans le money-time est d'ailleurs un modèle du genre

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LA SAISON DE LA REVELATION ?

Evidemment, rien ne dit que "Beli" reproduira avec les Spurs ce qu'il est en train de réaliser dans le jeu rapide de la Nazionale (sur cet Euro, lui, arrière pur, joue en quelque sorte meneur créateur…), mais il y a fort à parier que la septième saison de sa carrière soit celle de la révélation, après des expériences furtives mais enrichissantes à Golden State (2007-2009), Toronto (2009-2010), NOLA (2010-2012) et Chicago. Fidèle au maillot de son pays (à l'instar de ses nouveaux coéquipiers TP et Diaw avec les Bleus, il est de toutes les compétitions internationales, quand l'Italie se qualifie) et plus altruiste que par le passé, Belinelli devrait se fondre parfaitement dans le collectif "familial" élaboré par Pop. A San Antonio, Belinelli s'apprête à prendre la place de Gary Neal, qui s'est envolé pour Milwaukee. S'ils sont tous les deux réputés pour leur shoot longue distance, les deux arrières n'ont pas tout à fait le même profil, Belinelli étant plus percutant que Neal à l'heure d'attaquer le cercle. Il faut dire que la musculature de l'Italien a changé depuis ses années à Bologne (cette vidéo old school en atteste), et que son gabarit plus robuste - même s'il a explosé face au Birdman -  lui a permis au fil des années de donner plus de tranchant à ses drives, donc, de manière plus globale, à son jeu.

Un bon exemple de son agressivité vers le cercle

[youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=WmAWsplDQa4[/youtube]   "Marco Polo" n'est plus seulement un shooteur habitué des festivals derrière l'arc, et en ce sens, la saison dernière, les absences de Derrick Rose et de Luol Deng (en playoffs) l'ont clairement incité à prendre davantage ses responsabilités offensives avec les Bulls, donc à élargir toujours plus sa palette offensive. S'il n'a pas franchement brillé à 3-pts dans l'Illinois (un petit 35,7%, son pire pourcentage en carrière NBA), élément qui a incité les dirigeants des Bulls à s'en séparer et à miser sur Mike Dunleavy Jr., Marco Belinelli a tout de même su élever son niveau de jeu en playoffs (il a été titulaire 7 matches sur 12, ndlr), signant deux performances décisives dans les matches 6 et 7 du premier tour contre BK, avec 46 points (22 puis 24) au cumulé, à 16/35 aux tirs (6/15 à 3-pts). On se souvient de sa fameuse célébration estampillée Sam Cassell dans le match 7, qui lui aura valu une amende de 15 000 dollars pour "geste déplacé" par la NBA. [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=8kqPmDFP69Y[/youtube]  

Les highlights de ses 24 points du match 7

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Les highlights de ses 22 points du match 6

[youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=54e1cnOUEg0[/youtube]   Moins en vue lors de la série face au Heat - à l'image de son équipe, "Beli" s'est quand même illustré dans le match 3, mais son 16-3-6 n'a pas empêché le champion floridien de poursuivre son implacable marche en avant.

Ses highlights lors du match 3 contre Miami

[youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=qFrMHwbNG8k[/youtube]   Au printemps dernier, la moyenne de points de Belinelli est passée de 9,6 points en saison régulière à 11,1 points en playoffs - mais son pourcentage au shoot, surtout à 3-pts, est resté bien terne (34%). Faut-il voir dans cette douce montée en puissance en playoffs, aujourd'hui couplée à ses belles performances lors de l'Euro (alors que l'Italie est privée de Danilo Gallinari et Andrea Bargani, rappelons-le), la preuve que l'international transalpin a franchi un cap dans sa carrière ? Il est encore un peu tôt pour répondre à cette question, mais son capital-confiance, qu'on imagine gonflé à bloc en ce moment, devrait l'aider à rapidement trouver ses marques dans la rotation d'arrières (et d'ailiers) des Spurs.

TP, C'EST MIEUX QUE NATE

D'abord, Belinelli constituera une arme offensive supplémentaire en sortie de banc, derrière Danny Green et Kawhi Leonard, les deux titulaires aux postes 2 et 3. L'Italien "vaut" quand même 38,7% à 3-pts en carrière, en on doute fort que son mojo de shooteur longue distance se soit subitement évaporé dans les travées de l'United Center. Réputée pour la qualité de ses shooteurs à trois-points (la saison dernière, 7 joueurs de l'effectif tournaient à 37% minimum…), la franchise texane se dote d'un énième artilleur en incorporant "Beli" dans son effectif. Ce dernier devrait d'ailleurs directement profiter de l'impact offensif de Tony Parker et Tim Duncan, véritables aimants à défense, pour grappiller de l'espace derrière l'arc, et ainsi dégainer dans un meilleur timing qu'à Chicago, où il était parfois la deuxième option en attaque (donc davantage ciblé par les défenses). Sans faire injure à Nate Robinson, meneur de jeu aussi imprévisible que spectaculaire, Belinelli disposera avec TP d'un chef d'orchestre nettement plus fiable à ses côtés. Passé maître dans l'art de driver pour - s'il n'a pas scoré son lay-up - ressortir le ballon en périphérie, où ses shooteurs attendent la passe décisive, mains tendues, Parker devrait permettre à son nouveau coéquipier de vite retrouver sa constance au shoot. Car c'est bien connu, un shooteur marche à la confiance. Et Pop mise rarement sur un joueur quand il a le moindre doute sur sa capacité à briller. Ou du moins, ses prises de risque, les paris que l'entraîneur des Spurs réalise, semblent toujours calculés. [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=2JocwV0FhHM[/youtube]  

DES MINUTES A GRAPPILLER

Quel sera le temps de jeu de l'Italien ? C'est encore une inconnue, même s'il pourrait bien situer aux alentours de 20-25 minutes par match, qui seront probablement réparties sur deux postes (2 voire 3). En effet, Belinelli devrait profiter de la baisse de régime de Manu Ginobili (aussi de la volonté de Pop de ménager Gino en vue des playoffs) et du manque de profondeur au poste d'ailier derrière Leonard, pour grappiller de la présence sur le parquet de l'AT&T Center. Aligner Belinelli au poste 3 pourrait cependant poser quelques problèmes, ce dernier n'ayant ni la taille de Leonard (1,96 m, contre 2,01 m), ni sa puissance, ni son habileté dos au panier, ni sa science du rebond (5,5 en saison régulière mais 9 de moyenne en playoffs pour Kawhi, contre 1,8 et 2,9 pour Belinelli). Mais ponctuellement, par exemple dans une configuration small-ball, Belinelli devrait être d'un grand secours au poste d'ailier. Notons par ailleurs que l'arrivée de Belinelli met un peu de pression à Danny Green au poste 2, et que le choix malin de Pop de signer l'Italien incitera forcément le recordman du nombre de shoots à 3-pts en Finale à afficher davantage de constance. De là à ce que Belinelli signe rapidement quelques titularisations au poste d'arrière ? C'est une éventualité. Dans la force de l'âge, Belinelli débarque vraisemblablement au bon moment chez les Spurs : eux sont revanchards après leur défaite cruelle face au Heat, lui doit confirmer après une saison pleine de promesses, qui l'a notamment vu crucifier les Celtics au TD Garden.

Son game-winner en prolongation contre Boston

[youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=gPXcq6jQpBo[/youtube]  

Ce trois-points clutch contre Utah aura également été un des moments forts de la saison des Bulls

[youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=-9sW7JRvzDc#t=28[/youtube]  

UNE DEFENSE A AFFINER

Il subsiste une vraie interrogation sur le plan défensif, cependant. Pas franchement réputé pour ses qualités de dissuasion (il doit encore progresser dans ses déplacements latéraux, notamment), Marco Belinelli sera-t-il capable de se mettre au diapason de ses nouveaux partenaires sur le plan défensif ? C'est à souhaiter pour lui, s'il veut s'éviter de nouvelles soufflantes, sans doute plus terribles encore que celles de Tom Thibodeau, d'autant que vu les progrès de Nando De Colo dans ce registre il n'aura pas l'occasion de s'endormir.

Un coup de pression de coach Thibs, ça fait flipper quand même...

[youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=zsle0CJtcf8[/youtube]   Belinelli s'est tout de même amélioré dans ce secteur sous les ordres de Thibodeau, et, bien qu'il soit loin d'être aussi tranchant que Leonard et Green dans ce domaine, on peut imaginer que la dimension collective de la défense des Spurs (les spécialistes des aides défensives, toujours à la limite de la défense illégale) lui permettra de diluer ses carences. Comme nombre d'observateurs, on est maintenant curieux de voir jusqu'où "Marco Polo" va mener ses troupes dans cet Euro. Pour la Nazionale, le deuxième tour débute ce soir (21h), face... à la Slovénie. Un sacré test pour l'outsider transalpin. Et une sacrée occasion de briller pour la recrue des Spurs...

"Welcome to Spurs !", Marco !

[youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=srzQoKxJeuo[/youtube]
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