Masai Ujiri : « Les Raptors sont en pleine ascension »

Talentueux et charismatique, Masai Ujiri a un objectif bien précis en tête : faire des Toronto Raptors une franchise de premier plan. Interview.

Masai Ujiri n'est pas simplement l'un des meilleurs exécutifs de NBA, c'est également l'un des plus respectés et des plus intéressants. Premier GM africain de l'histoire de la ligue (cf. REVERSE #47), il est particulièrement bien placé pour analyser et décrypter l'évolution du basket et son expansion constante à travers le monde. Venu à Londres pour accompagner ses Toronto Raptors dans le cadre des NBA Global Games, il s'est entretenu un long moment avec les journalistes présents à cette occasion. L'avenir de sa franchise, le développement du basket africain, les rumeurs autour de DeMar DeRozan au Canada, le prochain All-Star Game, Masai passe ça en revue.

REVERSE : Qu'est-ce que tu penses de la façon dont joue Evan Fournier cette saison ? Masai Ujiri : Je ne sais pas trop si on a le droit de parler de joueurs des autres équipes, mais Evan est un jeune joueur phénoménal. Ça, je peux vous l'assurer. Il était déjà très bon quand je l'avais drafté à Denver.

REVERSE : Qu'est-ce que ça représente pour vous d'avoir été choisi pour venir disputer ce match à Londres ? MU : C'est incroyable pour nous. Nous voulons devenir une équipe avec un rayonnement international. Nous avons le sentiment d'être une franchise en pleine ascension. Nous sommes encore en train de nous développer et avoir une occasion comme celle-ci est formidable. Nous avons des fans partout dans le monde et c'est une super opportunité pour nos gars de montrer de quoi ils sont capables.[superquote pos="d"]"Evan Fournier est un jeune joueur phénoménal"[/superquote]

REVERSE : Hier, Luis Scola disait que ça serait une bonne idée de faire venir quatre équipes en même temps pour qu'elle puisse jouer plus de matches d'affilé avant de repartir. Qu'en penses-tu ? MU : Luis a toujours un temps d'avance sur nous (rires). C'est une bonne idée, je suis pour tout ce qui peut permettre de faire évoluer le jeu et le rendre plus populaire. Cet été, la NBA a organisé un match en Afrique et ça va dans le même sens. Le basket est partout désormais.

REVERSE : Plusieurs rumeurs font état de l’intérêt des Lakers pour DeMar DeRozan qui sera free agent cet été. Ça t'inquiète ? MU : DeMar est notre joueur et nous voulons qu'il reste très longtemps à Toronto. Chaque free agency apporte son lot de rumeurs et de spéculations, c'est normal. Nous avons le sentiment que DeRozan est un joueur de calibre All-Star, nous en avons deux dans notre équipe d'ailleurs avec Kyle Lowry, et notre objectif principal est de garder nos meilleurs joueurs. Nous l'apprécions énormément.

REVERSE : Avec ce match, la NBA a su susciter beaucoup d’intérêt pour le basket en Angleterre, mais comment faire pour que le basket se développe vraiment ici ? MU : Je pense que ça passe par la formation. Il faut un bon programme de développement des jeunes et une ligue qui prenne de l'ampleur. C'est comme ça que ça marche dans les autres pays. Il y a du talent ici, mais je pense que le principal problème vient du manque d'impact de la BBL.

REVERSE : Au foot, en Premier League, on voit de plus en plus de GM's qui sont à la fois coaches. La NBA en compte quelques uns aussi, est-ce que tu penses que c'est quelque chose qui pourrait se développer encore à l'avenir ? MU : C'est drôle, j'en parlais justement avec Arsène Wenger il y a quelques semaines. C'est intéressant mais j'espère que ça ne va pas trop devenir une mode parce que je veux garder mon job (rires).

REVERSE : Le Nigéria est le champion d'Afrique en titre et sera donc présent aux prochains Jeux Olympiques. Qu'est-ce qu'il manque pour qu'une équipe africaine puisse gagner une médaille ? MU : Il nous reste encore de la route. Il faut qu'on arrive avec tous nos meilleurs joueurs, parce que c'est ce que font les autres nations. Il faut qu'on progresse au niveau de l'organisation et de la structure de nos équipes. Le Nigéria sera aux Jeux Olympiques et on a hâte de voir ce qu'ils feront. On espère simplement que si on joue les US, ils ne nous mettront pas une aussi grosse raclée que la dernière fois (rires) (en 2012 aux Jeux de Londres, Team USA s'était imposé 156-73 et Carmelo Anthony avait réalisé un record en plantant 37 pts à 13/16 en 14 minutes - ndlr). Mais je pense que les joueurs africains qui jouent en NBA s'intéressent de plus en plus aux compétitions internationales et je pense qu'ils viendront de plus en plus jouer pour leur pays.

[caption id="attachment_171697" align="alignright" width="318"] Masai Ujiri dans le numéro 47 de REVERSE[/caption]

REVERSE : Est-ce que tu penses que certaines franchises sont encore assez réticentes à l'idée de laisser leurs joueurs disputer ce genre de compétitions ? MU : Parfois, c'est vrai que tu peux t'inquiéter de l'état de forme des joueurs et de la fatigue qu'ils peuvent éprouver quand ils multiplient les matches, mais je pense que les joueurs sont bien préparés maintenant et qu'ils peuvent tenir le choc en représentant à la fois leur club et leur pays. C'est le cas de certains de nos gars.

REVERSE : Chamberlain Oguchi (cf. REVERSE #54) nous disait qu'il trouvait que le niveau de l'AfroBasket était sous-coté. C'est aussi ton avis ? MU : Oui, tout à fait. Le basket ne cesse de prendre de l'ampleur et il y a de plus en plus de bons joueurs partout dans le monde. J'ai eu la chance d'y jouer pour le Nigéria en 1997 et c'était déjà une compétition très relevée. Mais maintenant, il y a encore bien plus de joueurs talentueux. Personne ne peut se pointer et espérer gagner facilement. Avant tu avais quelques grosses équipes qui étaient clairement au-dessus du lot, mais depuis toutes les sélections ont progressé et l'écart s'est énormément réduit. Ça te montre à quel point le basket a pris de l'ampleur.

REVERSE : Vous allez recevoir le All-Star Game en février prochain, comment vous appréhendez ça ? MU : On est super enthousiastes et fiers ! Nous allons être la première ville en dehors des Etats-Unis à accueillir cet événement et ça va être l'occasion pour nous de montrer quelle est notre culture et qui nous sommes vraiment.