Les Knicks n’ont pas changé

Le renouveau attendu avec l'arrivée de Phil Jackson tarde à se concrétiser. Après 19 matches, les Knicks sont déjà en crise de résultats.

Les Knicks n’ont pas changé
Dans un coin de leur tête, les fans des Knicks avaient envie de croire que cette saison pouvait être meilleure que la précédente. Pas difficile, se disait-on, lorsqu'on se rappelle le calvaire vécu par les habitués du Madison Square Garden l'an dernier, obligés de soutenir une équipe bancale et sans génie, incapable d'accrocher l'une des 8 premières places de la plus faible des deux conférences. Le Jedi Master Phil Jackson allait, espérait-on, transformer ce roster mal constitué en un groupe compétitif en transmettant son savoir au padawan Derek Fisher. Mais c'était oublier un peu vite que peu de choses avaient foncièrement changé dans le paysage new yorkais. James Dolan continue de survendre un produit décevant depuis 15 ans sans que personne ne s'en offusque. Le prix des places reste indécent du côté de Penn Station, alors que le spectacle proposé n'est pas franchement supérieur à celui auquel les fans des Bucks ou du Magic ont droit pour deux fois moins cher. Après 19 matches, soit presque un quart de la saison, le constat est déjà alarmant. Avec 4 petites victoires pour 15 défaites et surtout peu de signes d'une réelle identité dans le jeu comme le souhaitait l'apôtre du triangle qu'est Jackson, le début d'exercice 2014-2015 est loupé, c'est un fait.

Fisher déjà en difficulté

Contre Brooklyn, mardi soir, Derek Fisher a utilisé son dixième cinq de départ différent depuis la reprise. New York est évidemment l'équipe qui a le plus changé de line-up en NBA pour le moment. Si Fisher a eu le malheur de devoir composer avec quelques blessures (Andrea BarganiJosé Calderon, JR Smith, Carmelo Anthony), cette instabilité est aussi due à une quête permanente de la bonne formule. En tradant Tyson Chandler, qui rayonne aujourd'hui à Dallas, Phil Jackson s'est privé du seul défenseur crédible dont il disposait dans ce secteur. A l'intérieur, l'ancien meneur des Lakers a du mal à aligner une raquette crédible et complémentaire (Dalembert-Acy, Dalembert-Stoudemire, Jason Smith-Melo, etc...). A la mène Calderon reprend tout juste sa place après que Shane Larkin, Iman Shumpert et Pablo Prigioni se sont essayés à la tâche. Au poste 2, on ne sait toujours pas qui de JR Smith, Tim Hardaway Jr ou Iman Shumpert est le plus à même de briller dans ce nouveau système... En dehors de Carmelo Anthony, toujours pas revenu à son meilleur niveau après son faramineux contrat signé l'été dernier, les rôles ne sont pas clairs et on a du mal à discerner les tâches et l'importance de chacun. [superquote pos="d"] Dix secondes à jouer. Possédé, Fisher se rue sur le terrain pour poser un temps mort. Problème, personne ne l'entend.[/superquote]Si jusque-là Derek Fisher avait tenté de copier tant bien que mal le style de son mentor, calme et réfléchi, la fin de match contre Brooklyn a changé cette impression. Alors qu'il restait 10 secondes à jouer, Fisher a semblé possédé et s'est rué hors de ses limites, entrant même sur le terrain pour poser un temps mort. Problème, ni les arbitres, ni Carmelo Anthony, qui avait la balle en mains, ne l'ont entendu, et ce dernier a pris sa chance sans succès. D'aucuns ont alors avancé que Melo avait volontairement poursuivi l'action dans un acte égoïste et indiscipliné. Le franchise player qui refuse d'écouter son coach, l'image aurait été dévastatrice. On veut cependant bien croire l'ailier All-Star, qui assure ne pas avoir feint la surdité.
"Je pense que la position était bonne. J'ai reçu la balle et n'ai entendu personne appeler un temps mort, donc j'ai continué. Je ne voulais pas leur laisser la moindre chance de s'organiser pour défendre. J'ai eu une opportunité, je l'ai manquée", a expliqué Carmelo Anthony après coup.
  [youtube hd="0"]https://www.youtube.com/watch?v=EMEAAwwU8aQ[/youtube]   Impossible de dire si Derek Fisher aurait pu mettre en place un système efficace qui aurait sauvé la mise pour son équipe. Mais c'est sur une situation de ce type que l'on a pu voir que "Fish" était encore un rookie et non un coach sûr de ce qu'il veut pour son équipe. La presse ne manque pas de l'interroger sur son manque de certitudes, et la situation commence à l'agacer. Fisher a ainsi décidé que ses joueurs ne s'entraîneraient pas mercredi, autant pour leur permettre de souffler avant le match de la nuit prochaine contre Cleveland que pour éviter les insistants journalistes new yorkais...
"On a juste besoin de respirer un grand coup. Le fait qu'il y ait autant de défaites au compteur joue beaucoup sur notre confiance, c'est évident. Du coup on est hésitant dans les moments décisifs, on réfléchit trop. On en vient à jouer pour ne pas perdre plutôt que pour gagner", a déploré Iman Shumpert à la manière d'un coach de football de Ligue 1...
  [superquote pos="g"]"On devrait jouer avec l'énergie du désespoir pour gagner des matches". Amar'e Stoudemire.[/superquote]Au-delà de l'absence d'assurance tactique, un autre facteur saute aux yeux. Les Knicks ont constamment l'air d'avoir les jambes plus lourdes que leurs adversaires et n'arrivent pas à afficher la même envie de gagner lors des rencontres serrées. Pour une équipe qui n'a gagné que 4 matches alors qu'elle vise les playoffs, New York ne parait pas plus dans l'urgence que cela. Comme si tout le monde savait qu'il s'agissait d'une nouvelle saison de transition. Amar'e Stoudemire, qui vit ses derniers mois sous le maillot de la franchise de Big Apple, ne s'est pas fait prier pour pointer du doigt ce manque de gnaque.
“On devrait jouer avec l'énergie du désespoir pour gagner des matches. Quand je vois ce match contre OKC qui restait sur trois défaites... On doit être plus enthousiastes sur le terrain, plus impliqués mentalement. On doit se battre sur chaque balle perdue, chaque rebond. Il va falloir se lâcher".
Fort heureusement pour eux, les Knicks ont encore 63 matches pour inverser la tendance. Mais attention à ne pas faire comme la saison passée où après chaque défaite le refrain cliché retentissait : la saison est longue, ce n'est pas fini. En opérant comme ça, on se retrouve à devoir prétendre qu'on joue encore les playoffs avec un bilan négatif à 10 matches du début des playoffs. Mike Woodson, si tu nous entends...