Pourquoi les New York Knicks peuvent faire trembler l’Est

Les New York Knicks ont plus fait pitié qu'envie ces dernières années. L'heure de redorer enfin le blason de la franchise semble arrivée grâce à une intersaison séduisante.

Pourquoi les New York Knicks peuvent faire trembler l’Est
On a suffisamment tapé sur Phil Jackson depuis son retour aux affaires pour lui accorder du répit lorsque c'est mérité. Le Zen Master a semble-t-il retrouvé la raison et accepté de prendre un peu de recul par rapport au rôle de président qu'il a découvert il y a deux ans. Il n'est pas impossible que dans moins d'un an on tape à nouveau sur le coach le plus titré de tous les temps et sur ses décevants New York Knicks lors la saison 2016-2017. Mais au moins, Jackson aura essayé de bousculer les lignes et surtout de lâcher du lest. Plus discret et apparemment moins enclin à annoncé à tort et à travers que son équipe est au niveau, "Jax" semble faire confiance à Jeff Hornacek et au nouveau staff en place. Maintenant que le gros du travail a été effectué en termes de recrutement, on peut tenter de prendre du recul sur l'intersaison des Knicks et sur ce qu'ils nous paraissent capables de faire à partir du mois d'octobre. Intéressant et audacieux sont les deux adjectifs qui qualifient le mieux cet effectif façonné en quelques jours à coups de trades et de paris.

Des arrivées et du team building

Mai 2011. Derrick Rose vient de devenir le plus jeune MVP de la ligue et Brandon Jennings est un des meneurs de jeu les plus insaisissables de la ligue sur le plan offensif, comme l'ont prouvé ses 55 points un an et demi plus tôt avec les Bucks. Comment imaginer que ces deux-là, promis à un brillant avenir et au rôle de franchise players, puissent un jour évoluer au sein de la même équipe, le second devenant le back-up du premier ? Cinq ans et quelques graves blessures plus tard, les Knicks ont misé sur ce combo séduisant sur le papier pour modifier le profil de leur équipe, jusque-là emmenée par le plus gestionnaire et vieillissant José Calderon. [superquote pos="d"]Courtney Lee connaît le chemin des Finales.[/superquote]Il y a bien évidemment des interrogations autour des deux hommes. Derrick Rose vient de boucler sa première saison quasi-complète (66 matches sur 82 possibles) mais n'a évidemment plus la même explosivité qu'à l'époque. Jennings, fauché par une blessure au tendon d'Achille, sort d'une pige anecdotique à Orlando et va devoir prouver, comme le souhaite Phil Jackson, qu'il peut être un 6e homme et, pourquoi pas, le meilleur de la ligue. La mayonnaise a déjà l'air de prendre entre Rose et Jennings, qui ont passé pas mal de temps ensemble durant l'intersaison, au sein d'un groupe de travail où figuraient également Kristaps Porzingis et Sasha Vujacic.
"Tout le monde a fait ce qu'il fallait et s'est présenté avec un état d'esprit similaire. Leur approche, c'était 'faisons tout ce qu'il faut ensemble, quels que soient les sacrifices'. Il y avait beaucoup d'énergie, mais aussi du fun, du trashtalk et de belles connexions", a raconté le préparateur physique Rob McLanaghan au New York Post.
Au rayon des arrivées, New York a également enregistré celle d'un autre "client" de McLanaghan, l'arrière Courtney Lee. Pour le grand public, ce n'est pas la recrue la plus sexy enregistrée par Phil Jackson. Pourtant, Lee est un défenseur respecté, un shooteur assez fiable et un joueur à peine trentenaire qui peut dire qu'il "connaît le chemin des Finales" (Mike Pietrus, si tu nous entends...). Starter pour le Magic finaliste NBA de 2009 alors qu'il était rookie, l'ancien joueur des Grizzlies est une garantie de sérieux et de rigueur pour Jeff Hornacek. Enfin, comment ne pas se réjouir, pour les deux parties, du "retour" de Joakim Noah sur sa terre natale ? En plus du surplus de motivation qu'il aura en enfilant le maillot d'une équipe dont il a été fan pendant des années, "Jooks" sera la caution défensive et combative des Knicks à l'intérieur. [caption id="attachment_332410" align="alignleft" width="318"] Joakim Noah, le jour de sa présentation officielle.[/caption] L'ancien pivot des Bulls l'assure : il n'a aucun souci de santé et sera à 100% de ses moyens à la reprise. Depuis l'année de son explosion en 2014, le Français a enchaîné blessures et relégation à un rôle de figurant après le départ de Tom Thibodeau. Si Hornacek peut disposer d'un Noah ne serait-ce qu'à 75% du joueur qu'il était il y a deux ans, la plus-value sera évidente. Sa relation avec le plus "stretch" Kristaps Porzingis peut parfaitement marcher sur le papier si les deux hommes s'en tiennent à leurs points forts. Pour le moment, Phil Jackson a confirmé Sasha Vujacic et Lance Thomas sur le banc et appelé en renfort les rookies Willy Hernangomez (le pivot du Real Madrid qui a côtoyé Porzingis à Séville) et Mindaugas Kuzminskas, le scoreur lituanien. On peut supposer que d'autres joueurs viendront compléter le second unit pour lui donner un peu de crédibilité.

Le rôle crucial de Melo et "KP"

Additionner les talents n'est évidemment pas une garantie de succès immédiat. Surtout quand autant de joueurs dudit groupe ont connu des blessures aussi lourdes par le passé. Cela dit, en s'en tenant à la logique suivie par Phil Jackson pour construire cette équipe, on ne voit pas pour quelle raison elle ne viendrait pas, au minimum, se mêler à la lutte pour l'une des 7 places qualificatives pour les playoffs derrière celle a priori réservée aux Cleveland Cavaliers. Sans pépin physique majeur et avec un Carmelo Anthony prêt à quelques concessions sur le plan offensif (Derrick Rose et Kristaps Porzingis ont besoin d'être impliqués en attaque et Joakim Noah a souvent joué comme un intérieur passeur à Chicago), il y a de quoi faire des dégâts. Le rôle de "Melo" sera évidemment essentiel dans cette équipe. Depuis son arrivée en 2011, le All-Star n'a pas toujours paru très à l'aise dans le rôle de chef de meute, même si ses prestations individuelles ont presque toujours été dignes de son rang. Ce que l'on attendra de l'ancien Nugget, c'est davantage d'implication défensive et plus de pertinence dans ses choix offensifs. Mieux entouré que jamais depuis son "retour à la maison", Anthony n'aura pas forcément besoin de jouer les héros ou de constamment chercher à faire la différence en isolation. Si le plan se passe sans accroc, le #7 des Knicks pourrait bien oeuvrer dans une atmosphère similaire à celle qu'il retrouve un été sur deux chez Team USA. Et on sait à quel point l'ailier de 32 ans est injouable en basket FIBA... [caption id="attachment_299864" align="alignright" width="318"] Kristaps Porzingis a été le rayon de soleil des Knicks la saison dernière.[/caption] Le développement de Kristaps Porzingis, dauphin de Karl-Anthony Towns au classement du rookie de l'année, sera lui aussi fondamental. Après avoir laissé entrevoir de très belles possibilités la saison passée dans un contexte de médiocrité ambiante, le Letton va devoir continuer sa progression tout en accueillant des personnalités fortes et des joueurs confirmés dans la rotation. Il n'a pour le moment pas donné l'impression d'avoir un ego démesuré et il ne fait aucun doute que si les choses se passent bien, ce sera bien lui le visage de la franchise une fois tout ce beau monde parti à la retraite ou sous d'autres cieux. Cette équipe paraît capable d'adopter plusieurs approches. Hornacek a prôné un basket très offensif et up-tempo à Phoenix, là où Phil Jackson reste fan du triangle. L'accent mis sur la défense avec les arrivées de Lee et Noah montrent que les Knicks ont également envie de défendre. Il manque peut-être encore à cet effectif un ou deux shooteurs d'élite pour satisfaire aux standards actuels de la NBA, mais cette base modulable est un outil de travail intéressant pour Jeff Hornacek et une source de crainte pour la plupart des équipes à l'Est. Derrière Cleveland, Toronto et Boston, dont le socle est resté le même, les chances des Knicks de bien figurer sont réelles. Le training camp et les matches de pré-saison donneront sans doute un peu de contenance à cette théorie à laquelle les fans commençaient à ne plus croire...