C’est déjà le bordel chez les Knicks

Les New York Knicks ont très mal démarré la saison. Il y a déjà plusieurs raisons de s'inquiéter pour la franchise.

C’est déjà le bordel chez les Knicks
Attendus parmi les outsiders à l’Est, les New York Knicks ont perdu trois de leurs quatre premiers matches cette saison. Pour l’instant, seuls les Philadelphie Sixers (0-4) et les Washington Wizards (0-3) affichent un bilan moins flatteur au sein de la Conférence. Alors, OK, il est trop tôt pour s’alarmer sur les simples colonnes mettant en lumière les victoires et les défaites. Cela fait à peine plus d’une semaine que les hostilités ont repris en NBA. Les équipes ont besoin de temps pour trouver leurs repères et prendre le rythme effréné du championnat le plus relevé du globe. Surtout les Knicks. La franchise a changé de coach – Jeff Hornacek a délogé l’intérimaire Kurt Rambis – et l’effectif a été modifié en long et en large : seuls cinq joueurs du roster actuel étaient déjà en place dans la grosse pomme l’an passé (Carmelo Anthony, Kristaps Porzingis, Kyle O’Quinn, Sasha Vujacic et Lance Thomas). Une période d’adaptation est nécessaire et elle peut s’accompagner de revers, de déceptions et de moments frustrants. Comprendre et appliquer un nouveau système requiert de la patience. Soit. Mais au-delà des chiffres, des résultats, des balbutiements des Knicks sur le parquet ou même de leur manque d’implication en défense – déjà nettement moins excusable – ce qui choque, en ce début de saison, c’est le manque de communication et l’attitude affichée par les joueurs et le staff dans la presse.

Une frustration à peine masquée

Chacun essaye de se renvoyer la patate chaude en mettant à chaque fois en lumière un problème différent,  au point de déjà former une montagne de points à régler après seulement quatre matches ! Dès la défaite contre les Houston Rockets, la dernière en date, une correction sous les sifflets du Madison Square Garden, Hornacek ne s’est pas prié pour interpeller directement ses joueurs dans la presse.
« Nous n’étions pas assez agressifs. Nous avons laissé Harden faire tout ce qu’il voulait. Les coaches bossent dur pour mettre au point des rapports sur les équipes adverses et nous devons être sûrs d’y être attentifs. »
[caption id="attachment_299862" align="alignright" width="318"] Kristaps Porzingis a un avantage de taille sur la plupart de ses adversaires, un paramètre que les Knicks n'exploitent pas.[/caption] A peine sous-entendu, le manque d’attention (de respect ?) accordé par les joueurs, et principalement les stars, de New York au plan de jeu mis en place par le staff. Irrité par les trous d’air permanents de ses hommes en défense, le coach a même décidé de se passer de Kristaps Porzingis et Joakim Noah, ex-DPOY signé pour plus de 72 millions sur quatre ans dans l’optique de guider les Knicks dans ce secteur, en fin de rencontre. Un message fort mais qui n’a pas forcément eu l’effet escompté. « Jooks » a fait bonne figure en soutenant son entraîneur dans la presse après coup mais, à chaud, il avait échangé quelques mots houleux avec ce dernier au moment de s’asseoir sur le banc. Porzingis n’a pas fait de vague – pas son genre – mais il a bien fait comprendre aux journalistes qu’il n’avait pas le sentiment d’avoir quelque chose à se reprocher malgré la décision d’Hornacek.
« Je ne pense pas que ma défense soit mauvaise. Je pense que je peux protéger le cercle et défendre un gars comme Anderson (son vis-à-vis ce soir-là). Je veux aider l’équipe en défense et en attaque tout au long du match. »
Belle surprise lors de sa saison rookie, le Letton est en difficulté. Il est la troisième option offensive de l’équipe avec 14,5 points par match (à seulement 41% de réussite) mais il peut faire mieux que ses 6,5 rebonds et 1,8 block en presque 32 minutes. Hornacek attend plus de son jeune joueur mais aussi de ses coéquipiers. Le coach regrette justement que ces derniers ne servent pas plus souvent le géant, 2,21 m, au poste bas, une zone du terrain où il est une menace permanente.
« Ils doivent lui passer la balle quand il a un avantage », pestait Jeff Hornacek à ESPN. « Il y a eu plusieurs moments où il avait un défenseur plus petit sur lui et nous n’avons pas su en profiter. »
Porzingis prend un peu plus de 11 tirs par match, soit cinq tentatives de moins que Derrick Rose et Carmelo Anthony. Les Knicks se cherchent et ils doivent apprendre à se faire confiance.

La mauvaise influence de Phil Jackson

Tous ces grains de sable viennent perturber une machine déjà enrayée par des années et des années de mauvais management. Les regards sont désormais une nouvelle fois tournés vers Phil Jackson, président de la franchise. Difficile de l’enlever de l’équation tant le coach le plus titré de l'histoire tient à ce que sa philosophie de jeu, son attaque en triangle, s’intègre au projet de l’équipe. Il a accepté de prendre du recul et de lâcher du lest en nommant Hornacek sur le banc, une manœuvre assez soudaine alors qu’il n’avait même pas daigné interviewer Tom Thibodeau pour le poste malgré l’intérêt de l’ex-tacticien des Bulls désormais aux Timberwolves. Alors, OK, Jackson a fait mine de céder plus de liberté à son nouveau coach. Mais pour combien de temps ? Et surtout de quelle manière ? Récemment, il a interrompu l’entraînement, justement au moment où les médias entraient dans la salle, pour donner des conseils à ses joueurs sur l’attaque en triangle. Le système date d’un ancien temps. D’une époque où la ligue tournait d’une façon différente. Le jeu était différent. Les postes, les joueurs, le rythme. Mais Jackson s’entête : les Knicks doivent appliquer le triangle sur certaines séquences alors que Derrick Rose, leur meneur titulaire, a manqué la majeure partie de la préparation en raison de son procès. [caption id="attachment_269099" align="alignleft" width="318"] Phil Jackson a beau être le meilleur coach de tous les temps, il est aujourd'hui has been.[/caption] D’ailleurs, si les New-Yorkais ne repèrent pas les duels avantageux et ne filent pas assez la gonfle à Kristaps Porzingis, peut-être faut-il dès maintenant y voir un lien avec Rose, un meneur qui n’en est pas un. S’il lit mieux le tempo qu’à ses débuts en NBA, l’ex-MVP n’a jamais été réputé pour être un franc gestionnaire. Ses 2,5 passes décisives par rencontre ne parlent pas en sa faveur non plus. De toute façon, son profil ne correspond absolument pas au triangle. Dès la fin du premier match de la saison, dès la première conférence de presse, Rose avouait vouloir jouer le pick-and-roll « à chaque action » tout en reconnaissant avoir des difficultés avec le triangle. Honnête. Ce n’était pas une critique, il donnait juste sa préférence. Mais à peine une semaine plus tard, Courtney Lee a lui aussi parlé du triangle, cette fois-ci en l’évoquant comme un possible problème pour sa nouvelle équipe. Il fait un lien entre les difficultés défensives des Knicks et la mise en place – à l’entraînement – du système si cher à Jackson.
« Quand on défend à l’entraînement, c’est toujours face à une attaque en triangle. Je pense qu’il faudrait que l’on s’entraîne contre des attaques en pick-and-roll pour s’y habituer parce que les autres équipes jouent en pick-and-roll (et donc pas le triangle…). Ils écartent le jeu et on n’arrive pas à faire des stops. »
Encore combien de temps avant qu’un joueur ne critique cette philosophie de façon encore plus directe ? Combien de temps avant que Phil Jackson mette enfin sa fierté de côté, s’adapte à son époque et à un effectif qu’il a lui-même mis en place ? Les Knicks ont encore du temps mais, à New York, tout va très vite. De la « super team » évoquée par Rose après son transfert, il ne reste plus que des mots. Pas même des bonnes intentions. Pas même l’envie d’y croire, du moins dans ce qui ressort. Juste un bordel qui s’annonce de plus en plus terrible si le staff, les joueurs et surtout le management ne se mettent pas rapidement sur la même longueur d’ondes.