La gestion des Sixers est juste catastrophique

Le cas Nerlens Noel illustre les prises de position parfois incompréhensibles des Philadelphie Sixers de Bryan Colangelo.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
La gestion des Sixers est juste catastrophique
Filer les Philadelphie Sixers à Bryan Colangelo, c’est un peu comme un père riche, chef d’entreprise, qui offre une Ferrari à son fils qui vient à peine de passer son permis : il y a de fortes chances qu’il finisse par l’encastrer dans un mur. Comparer les Sixers à une bagnole de luxe peut sembler ridicule alors que la franchise a collecté 54 victoires depuis 2013. Mais avec Joel Embiid, Ben Simmons, Dario Saric, un plus-que-probable nouveau choix parmi les cinq premiers de la prochaine draft, un autre sans doute récupéré via les Los Angeles Lakers et des assets comme Jahlil Okafor ou… Nerlens Noel, la franchise dispose des bases solides pour s’installer un jour au sommet de la Conférence Est, si ce n’est mieux. Cela prend du temps mais le potentiel est là pour éviter à l’équipe de Philly de squatter trop longtemps le ventre-mou du classement une fois qu’elle aura entamé pour de bon sa remontée (OK, elle tarde à venir). Ne pas traîner entre la sixième et la dixième place, c’était justement le plan de Sam Hinkie. Trust The Fucking Process, bordel. [superquote pos="d"]Bryan Colangelo aux Sixers, le coup de piston paternel le plus flagrant depuis Austin et Doc Rivers[/superquote]Mais Hinkie n’est plus là. Hinkie, il a été remplacé par Bryan Colangelo dans ce qui ressemble au piston paternel le plus flagrant depuis le jour où Doc Rivers a relancé – enfin, lancé – la carrière de son fiston Austin. Confier le destin d’un tel vivier de talents à un homme comme Colangelo est suicidaire. Pour l’instant, les progrès timides effectués par le groupe de Brett Brown sont essentiellement le fruit du travail d’Hinkie ou plutôt de la sélection de Joel Embiid en 2014. Bryan, lui, n’a rien fait, ou presque. Il a drafté Ben Simmons avec le premier pick finalement récupéré en juin dernier suite au processus de tanking entrepris par l’ancien GM. Il a encadré l’équipe avec des vétérans comme Jerryd Bayless (blessé), Gerald Henderson, Sergio Rodriguez et Ersan Ilyasova.

La gestion de Nerlens Noel, une horreur signée Bryan Colangelo

Mais au lieu de nous concentrer sur ce qu’il a fait, c’est plutôt ce qu’il n’a pas fait qui nous intrigue. Alors que Nerlens Noel sera RFA en juin prochain, le dirigeant n’a toujours pas trouvé une solution concernant l’embouteillage au poste de pivot. Avec Noel, Embiid et Okafor, les Sixers ont trois centers draftés coup sur coup (par Hinkie) en 2013, 2014 et 2015. L’un d’entre eux, voire deux d’entre eux, comprenez ceux qui ne répondent pas au prénom Joel, est condamné à servir d’asset. Sauf qu’après des longs mois de rumeurs, Colangelo n’a finalisé aucun transfert et il n’est pas près de le faire, sous prétexte de ne pas vouloir accepter « un mauvais deal ». Soit. Il faudrait peut-être tout de même que le dirigeant revoit un peu son prix et sa définition d’un « bon deal ». Il est évident que les Sixers ne récupéreront pas un game changer en l’échange de Noel ou Okafor. [superquote pos="d"]Nerlens Noel : chouchou du public, l'un des meilleurs joueurs et ami de Joel Embiid [/superquote]La gestion du cas Noel est d’ailleurs peut-être la plus parlante. La plus consternante. Le staff l’a laissé jouer dix-huit minutes, au total, à son retour de blessure avant de le mettre à l’écart. Un premier DNP et même des déclarations dans la presse, du coach et du GM, expliquant qu’il était préférable pour Philadelphie – mais aussi pour Saric, Okafor, Ilyasova et compagnie – de laisser le sixième choix de la draft 2013 se morfondre sur le banc. Six quart-temps plus tard, Nerlens Noel faisait son retour pour six petites minutes de jeu sous les applaudissements du public et des chants comme « We Want Nerlens ». Car oui, le jeune homme de 22 ans est l’un des chouchous de fans qui n’ont clairement pas été vernis depuis plus de trois ans. Noel a été initialement écarté pour faire de la place à la doublette Embiid – Okafor. Une abomination basketball-istique dont la source est floue (s’agit-il vraiment d’une décision de Brown ou d’une directive de Colangelo ?). Soyons honnêtes : il suffit de regarder trois ou quatre minutes, et encore, c’est long, pour comprendre que les deux intérieurs ne sont pas à l’aise dans ce système. Les Sixers se font détruire, encore plus que d’habitude, quand ils sont ensemble sur le terrain, comme l’atteste le Net Rating du duo : -13,1 points sur 100 possessions. Embiid a beau savoir shooter, il veut dominer au poste bas, pas passer son temps à zoner derrière la ligne à trois-points tel un vulgaire Ryan Anderson (No Offense). Dès la fin du premier match au cours duquel il a été aligné au poste d’ailier-fort, avec Okafor en pivot, la seule fois où il a terminé avec moins de dix points cette saison, le Camerounais a rappelé qu’il voulait avoir la balle en bas. Il s’est rattrapé avec 33 pions – son record en carrière – lors de la rencontre suivante. Jah’ a terminé avec 0/10 aux tirs ce soir-là. Okafor n’a rien dit, parce qu’il n’est pas stupide. Il est condamné à chauffer le banc si les Sixers ne décalent pas Embiid au poste quatre. Bref, cette association est vouée à l’échec et elle force Nerlens Noel, l’un des meilleurs joueurs valides de l’effectif, à chauffer le banc de touche. Il y a encore un an, il était considéré comme l’une des pierres angulaires du futur de l’organisation. Meilleur défenseur, plus mobile et meilleur rebondeur qu’Okafor, il tournait à 11,1 points, 8,1 rebonds, 1,8 steal et 1,5 block la saison dernière.

A quand une association Embiid - Noel ?

S’il y en a bien un qui doit être testé avec Embiid, c’est lui. Noel n’est pas une menace dos au panier, ce n’est pas son registre. Il peut bouger d’un coin à l’autre du terrain, poser des écrans, rouler vers le cercle, profiter des brèches grâce à son agilité et conclure près du cercle. Il peut aussi défendre sur des attaquants plus véloces, histoire de laisser Jojo protéger le cercle. Sur le papier, leur combinaison est nettement plus complémentaire. Mais non, les Sixers ne l’ont pas testé. Pas une seule minute. C’est ridicule. Comment jauger la rotation sans essayer Embiid et Noel ensemble ? Comme si cela ne suffisait pas, la star montante de Philly a crié haut et fort que Noel était son meilleur ami dans l’équipe dans ce qui ressemble fort à une tentative de tester son influence au sein de la franchise. Les Sixers peuvent-ils déjà faire bouder leur meilleur joueur en se séparant du coéquipier avec qui il s’entend le mieux ? Subtilement, il aussi milité pour jouer avec Noel.
[superquote pos="d"]Comment vendre Noel s'il ne joue pas ? [/superquote]« Je vais le lancer, surtout en défense. Être agressif, mettre la pression sur les picks-and-roll, courir partout. Je pense que l’on peut vraiment faire ça quand nous sommes sur le terrain. »
Embiid ne parle pas seulement de Noel. Il s’inclut dans la conversation. « Quand nous sommes sur le terrain » … Au management et au staff de ravaler sa fierté et de laisser les deux compères jouer ensemble. Ce n’est pas comme si Philly visait les playoffs dès cette saison. D’autant plus que la valeur marchande de Noel ne risque pas de grimper s’il ne joue pas ou très peu. A force d’attendre, Colangelo va simplement perdre son pivot sans contrepartie cet été. Le jeune homme sera RFA et, même si les Sixers ont la possibilité de matcher n’importe quelle offre, on peut supposer qu’ils ne seront pas prêts à payer le prix fort pour un joueur qu’ils n’utilisent pas. Ou alors ça aurait vraiment encore moins de sens. Peut-être que la franchise cherche juste à faire monter la cote de Jahlil Okafor, dans l’espoir de le transférer, en le laissant sur le terrain. On en vient même presque à espérer que c’est le plan, si seulement il y en a un qui gravite dans la tête de Bryan Colangelo...
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