Les Sixers vont bien, merci pour eux

Plus que deux petites défaites et les Philadelphie Sixers rentreront dans le livre des records de la NBA. Les résultats sont catastrophiques mais la franchise est ravie.

Les Sixers vont bien, merci pour eux
29 janvier 2013, TD Garden. Evan Turner vient d’offrir la victoire à son équipe, au buzzer, face aux Boston Celtics. L’ancien deuxième choix de draft est félicité par l’ensemble de ses coéquipiers. Moins d’un mois plus tard, le 21 février, Turner est envoyé à Indiana. Spencer Hawes, auteur de 20 points lors du match face à Boston, est expédié à Cleveland. Les Philadelphie Sixers n’ont plus gagné le moindre match depuis ce 29 janvier 2013. 25 défaites de rang, série en cours. La franchise est prête à tout pour atteindre le graal, un dénommé Andrew Wiggins. Prête à tout et même à perdre, quitte à rentrer dans les annales de la NBA. La plus longue série de revers consécutifs, un triste record détenu par les Cleveland Cavaliers (26 défaites de rang en 2010-2011), est en passe de tomber. Même Adam Silver, un fervent défenseur de la stratégie de reconstruction des Philadelphie Sixers, s’est permis un commentaire sur le niveau de jeu actuel des hommes de Brett Brown.
« Vous n’êtes jamais satisfait quand une équipe flirte avec un triste record comme les Sixers le font actuellement », a expliqué le commissionnaire. « C’est mauvais pour tout le monde. Cela peut entraîner des dommages collatéraux sur les joueurs de leur effectif. »
La culture de la défaite a des effets néfastes, c’est certain. Les dirigeants montrent-ils le bon exemple à leurs meilleurs jeunes joueurs – on pense notamment à Michael Carter-Williams ou Nerlens Noel – en se complaisant dans la défaite ? L’ancien prospect de Syracuse a beau être un rookie, il a sans compris le business. Les Philadelphie Sixers sont nuls, très nuls, avec l’ambition d’être forts, très forts – et pas juste « moyens » – dans les trois ou quatre prochaines années. Il n’est donc pas question de paniquer.
« Je respecte l’opinion du commissionnaire mais tout va bien », assure Brett Brown au Philadelphie Inquirer. « On contrôle tout. Il n’y aucune raison de s’inquiéter, nos gars sont supers. »
Brett Brown était sans doute conscient de la tâche qui l’attendait au moment où il a accepté de quitter son poste d’assistant aux San Antonio Spurs pour s’installer durablement sur le banc des Philadelphie Sixers. Il évolue sans pression, son but n’est pas de gagner des matches mais de développer des joueurs. D’ailleurs, il a appris « à se détacher de la réalité » de la série en cours de son équipe.

Un effectif excitant dès la saison prochaine ?

La franchise va peut-être perdre tous ses matches d’ici la fin de la saison. Mais peu importe, ou presque. Le but avoué depuis le début de saison est de mettre la main sur des talents oubliés (et de développer les jeunes talents, comme indiqué plus haut). Dans cette optique, les Sixers ont déjà signé une vingtaine de joueurs tout au long de l’année. Ils ont tenté des coups, certains ratés (Royce White, Hollis Thompson), certains intriguant (Henry Sims, James Anderson), d’autres réussis (Tony Wroten). Avec un tel effectif, Brett Brown ne pouvait pas faire de miracles. Mais si les dirigeants de Philadelphie ne s’inquiète pas, c’est tout simplement parce leur plan est bien en place. Avec Nerlens Noel sous le cercle et Michael Carter-Williams à la mène, les Sixers disposent d’un axe meneur-pivot prometteur (NB : les deux jeunes hommes se connaissent déjà depuis des années). Si Thaddeus Young n’est pas encore assuré d’intégrer le projet à moyen termes, il demeure un intérieur au profil recherché par la franchise – à savoir mobile et fuyant. Avec deux choix dans les dix premières places de la prochaine draft, ils vont pouvoir faire leurs emplettes dès le mois de juin. Selon ESPN, Andrew Wiggins est la priorité absolue des Philadelphie Sixers. Avec Joel Embiid, le Canadien est le joueur présenté comme celui qui a le plus de potentiel au sein de cette cuvée. Les dirigeants raffolent de ses qualités athlétiques et voient en lui une superstar capable de porter la franchise à l’avenir. Les plans B se nomment Jabari Parker, un autre ailier très, très talentueux, Embiid et Julius Randle. Sauf surprise, les Sixers récupéreront l’un des quatre joueurs dès le mois de juin. En sacrifiant leur meneur de jeu All-Star Jrue Holiday, échangé à New Orleans, ils disposent également du choix au premier tour des Pelicans. Un choix attendu entre la neuvième et la onzième place. Avec ce pick, Philly peut mettre la main sur un arrière scoreur comme Gary Harris – dont la cote devrait grimper selon les résultats des Spartans de Michigan State – ou Montrezl Harrell, voire même Doug McDermott. Cela nous donne potentiellement le cinq majeur suivant : Michael Carter-Williams, Gary Harris, Andrew Wiggins, Thaddeus Young, Nerlens Noel. Ce ne sera pas suffisant pour atteindre les playoffs mais c’est prometteur. Pour compléter le banc, n’oublions pas que les Philadelphie Sixers disposent d’une ENORMEEEEEEEEEEEEE marge de manœuvre pour recruter des agents libres – idéalement des vétérans capables de montrer l’exemple dans le vestiaire – quitte à surpayer un ou deux d’entre eux. N’oublions pas non plus que la franchise dispose de quatre choix au second tour d’une draft extrêmement chargée. Selon DraftExpress, certains joueurs universitaires confirmés comme Shabazz Napier, Aaron Craft, Mitch McGary, Glenn Robinson III ou Keith Appling sont susceptibles d’être encore disponibles au second tour. Evidemment, il s’agit là d’hypothèses et de suppositions. Mais c’est bien ça qui anime les saisons des candidats au « tanking » : l’espoir de jours meilleurs. La saison prochaine, Boston – Philadelphie aura une toute allure. Dans cinq ans, ce sera peut-être l’affiche de la finale de la Conférence Est. Réaliste ? On s’en fiche, tout le monde a le droit de rêver…