Pourquoi il ne faut pas en vouloir à Nicolas Batum

Nicolas Batum a décidé de renoncer à l'Euro 2017. Une décision prévisible et, à certains égards, parfaitement respectable.

Pourquoi il ne faut pas en vouloir à Nicolas Batum
On avait bien senti la semaine dernière, lors de son entretien avec beIN Sports, que Nicolas Batum préparait doucement le public français à son forfait pour le prochain Euro. "Bien sûr que les gens vont être fâchés. Je m’attends au pire. A être traité de mercenaire, de lâche, etc... Je vais ramasser". Batum a raison. Beaucoup de supporters des Bleus s’émouvront de voir que le meilleur joueur tricolore en activité fait volontairement l'impasse sur une compétition. Comme pour Tony Parker en son temps, la déception passera et l'ailier des Hornets aura l'opportunité de reconquérir leur cœur plus tard. On aurait évidemment préféré pouvoir compter sur Nicolas Batum du 31 août au 17 septembre pour lutter à armes un peu moins inégales avec l'Espagne ou la Serbie. Mais le traiter de mercenaire ou de lâcheur n'avance à rien et il faut aussi parfois comprendre des décisions de ce genre. [superquote pos="d"]"Je m'attends au pire. A être traité de mercenaire, de lâche. Je vais ramasser".[/superquote] Mieux vaut un joueur honnête qui reconnaît qu'il ne sera pas à 100% mentalement et physiquement, qu'un autre qui viendra faire le nombre parce qu'il se sent obligé d'être là à cause de son statut ou de ce que les gens attendent de lui. Nicolas Batum aime l'équipe de France et il n'a pas manqué le moindre appel sous les drapeaux depuis ses débuts chez les jeunes en 2004. Simplement, on avait déjà commencé à sentir poindre une certaine usure mentale chez "Batman" lors des derniers JO et pas uniquement à cause d'une supposée lutte d'influence avec Nando De Colo sur le terrain.

Une naissance et un contrat à digérer

Peu avant Rio, le joueur de 28 ans a vécu deux événements très différents mais tous les deux particuliers. Tout d'abord la naissance de son premier enfant, Ayden, qu'il a dû quitter pendant près d'un mois alors ce dernier n'avait que 12 semaines. Une situation compliquée à gérer pour n'importe qui. Ensuite, la signature du "contrat de sa vie" (120 millions de dollars sur 5 ans avec un périple entre les Etats-Unis et les Philippines pour le tournoi de qualification) lequel a fait de lui le sportif français le mieux payé de tous les temps sur la simple base de son salaire. Ce contrat, on l'a vu durant la saison qui est sur le point de s'achever, a eu le même effet tétanisant sur ses prestations que le deal qu'il avait signé à l'époque avec Portland alors que les Wolves voulaient l'enrôler. Des matches toujours corrects, mais jamais dignes ce que les gens attendent d'un numéro 1 bis sur le plan statistique.

L'occasion pour d'autres de s'exprimer

[caption id="attachment_335731" align="alignleft" width="318"] On ne reverra plus Nicolas Batum avec ce maillot pendant un certain temps.[/caption] Il y a fort à parier que sa saison 2017-2018 sera plus aboutie, notamment sur le plan collectif puisque Charlotte ne disputera pas les playoffs. C'est en tout cas l'une des raisons évoquées par l'intéressé pour justifier sa défection. Batum estime qu'avec ce qu'ont investi Michael Jordan et les Hornets pour le conserver, il leur doit d'arriver frais et à 100% à la reprise pour être le all-around player décisif que l'on connait. Cette absence de Batum en Finlande sera peut-être un mal pour un bien. L'équipe de France vit une période de transition où elle aura besoin que de nouveaux joueurs s'affirment et montrent qu'ils peuvent faire partie du projet futur. D'autres éléments majeurs, comme Rudy Gobert, jetteront probablement l'éponge avant le rassemblement. Ce sera alors à Vincent Collet de montrer que le vivier dont dispose le basket français lui permet d'être compétitif, en attendant, sans doute en 2019, le retour de celui qui était censé embrasser la succession de Tony Parker.