Rudy Gobert est-il le meilleur pivot NBA actuellement ?

Le Français estime qu’il n’y a pas un intérieur plus fort que lui en ce moment. En grand compétiteur, il ne recule devant aucun challenge.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Analyse
Rudy Gobert est-il le meilleur pivot NBA actuellement ?
Ne vous fiez pas à la, déjà flatteuse, cinquième place du Utah Jazz à l’Ouest. La formation mormone talonne les Los Angeles Clippers et les Houston Rockets mais son bilan ne représente pas son talent et son potentiel. A vrai dire, elle mérite… encore mieux.
[superquote pos="d"]"Honnêtement, en ce moment, je pense être le meilleur pivot." Rudy Gobert [/superquote]« Je suis sûr que nous pouvons être l’une des quatre meilleures équipes de la ligue », déclarait en substance Rudy Gobert à Zach Lowe il y a quelques jours.
Difficile de ne pas lui donner raison quand le Jazz enchaîne les succès, comme c’est le cas actuellement. Gordon Hayward (un All-Star cette saison) et ses coéquipiers restent sur onze victoires lors de leurs treize dernières sorties malgré les forfaits des uns et des autres. Hier encore, George Hill et Alec Burks manquaient à l’appel contre les Memphis Grizzlies. Si la déclaration pleine d’optimisme et de confiance du pivot français vous a choqué, alors vous n’êtes sans doute pas coutumier des sorties médiatiques de « Gobzilla ». Le jeune homme est très sûr de lui. Pas seulement au sujet du niveau actuel de son équipe mais aussi du sien.
« Honnêtement, en ce moment, je pense que c’est moi », répond-t-il lorsqu’un journaliste d’ESPN lui demande quel est le meilleur pivot en NBA. « Mais c’est une longue saison. Je prends chaque match comme un challenge. Le plus dur, c’est de le faire sur toute une saison. »
N’y voyez pas de l’insolence. Gobert a confiance en ses forces mais il sait garder la tête froide et le sens des priorités. Son opinion est intéressant. Biaisé, certes, mais intéressant. Car il est vrai que très peu d’intérieurs jouent aussi bien – et surtout contribuent autant au succès de leur équipe – que lui actuellement.

Rudy Gobert joue yeux-dans-les-yeux avec les stars NBA

[caption id="attachment_283170" align="alignleft" width="318"] DeMarcus Cousins est un monstre statistique mais son équipe ne gagne pas.[/caption] D’abord, il est important de définir ce qui est sous-entendu par « actuellement ». Tout est subjectif. Nous avons donc placé le curseur sur les treize derniers matches, période durant laquelle seuls les Houston Rockets (12-1), les San Antonio Spurs (11-2) et les Toronto Raptors (11-2) ont fait mieux ou aussi bien que le Jazz (11-2). Rudy Gobert a cumulé 15,1 points à 76% aux tirs, 71% aux LF, 12,9 rebonds et 3,2 blocks sur cette portion de matches. Il est le joueur le plus adroit et le contreur le plus prolifique parmi les pivots (toujours sur la même période) mais il se classe aussi dans le top 5 aux rebonds et le top 10 aux points. Comparons avec les statistiques des autres pivots : - DeMarcus Cousins : 29,9 pts, 11,9 rbds, 44% aux tirs, 38% à 3-points, 2 blocks - Karl-Anthony Towns : 22 pts, 12,7 rbds, 43% aux tirs, 25% à 3-points, 1,5 block - Marc Gasol : 21,9 pts, 7,3 rbds, 48% aux tirs, 42% à 3-points, 1,2 block Nous avons volontairement écarté Anthony Davis (qui joue ailier-fort la majeure partie du temps) mais aussi Brook Lopez, Hassan Whiteside et Joel Embiid, des joueurs dont les équipes ont des bilans négatifs. C’est aussi le cas pour Cousins et Towns mais leurs statistiques sont trop parlantes pour être ignorées. Myles Turner et Al Horford marquent plus de points – à peine plus (15,2 et 16 ppg) – que le Français mais ils prennent moins de rebonds, bloquent moins de tirs et leurs formations respectives manquent de constance. DeAndre Jordan et Andre Drummond captent plus de rebonds mais ils ont moins d’influence dans le jeu et, là encore, Clippers comme Pistons traversent des périodes difficiles.

Essentiel à son équipe des deux côtés du terrain

Après cette première salve statistique, Rudy Gobert serait donc l’un des quatre meilleurs pivots NBA en ce moment. Deuxième vague, toujours sur les treize derniers matches : - Net Rating Rudy Gobert : +15,6 (pts sur 100 possessions) - Net Rating DeMarcus Cousins : +3,3 - Net Rating Karl-Anthony Towns : -9,8 - Net Rating Marc Gasol : +6,7 A l’exception de Zaza Pachulia, aucun des pivots titulaires n’affiche un meilleur différentiel que le Big Man de Salt Lake City. Mais les autres joueurs présents sur le parquet en même temps que Gobert, les Hayward, les Rodney Hood et compagnie, impactent cette statistique. Le différentiel ON/OFF est donc plus parlant. - Net Rating du Jazz sans Gobert : +6,7 - Net Rating des Kings sans Cousins : -15,6 - Net Rating des Wolves sans Towns :  -2,3 - Net Rating des Grizzlies sans Gasol : - 14,6 Seuls Cousins et Gasol sont plus indispensable à leur équipe que Gobert. Et c’est logique, vu qu’ils en sont les premières options offensives. Pas Rudy. Il a un rôle différent, mais non moins primordial. [superquote pos="d"]"Il n'arrête pas de progresser." Boris Diaw [/superquote]Le Jazz se repose principalement sur sa défense pour gagner des matches. Il est la tour de contrôle de l’une des références NBA dans ce domaine. En attaque, Quin Snyder mise sur le jeu en mouvement mais aussi les déplacements permanents de ses arrières (Hayward, Hood) facilités par les écrans de Rudy Gobert. La progression offensive de Utah qui s’explique en partie par la prise de conscience du pivot. Il a travaillé sa pose d’écran, mais aussi pris du muscle cet été. Il excelle sur pick-and-roll, surtout après avoir bossé ses finitions près du cercle et ses lancers-francs.
« Il n’arrête pas de progresser », avoue Boris Diaw. « Il écoute, il ne sort pas de son rôle et il travaille. »
Hier soir, Rudy Gobert a claqué 21 points sans rater le moindre tir. Mais c’est évidemment en défense qu’il reste le plus impressionnant. Car si Gasol, Cousins et consorts ont des statistiques plus flatteuses, tous se cassent les dents quand ils affrontent le Jazz. Comme le rapporte ESPN, KAT, Whiteside, Cousins, Gasol et Dwight Howard affichent un vilain 11,2 pts (à 30%) en cumulé quand ils croisent la route de Gobert. L’Espagnol des Grizzlies a été limité à 8 points à 4/22 hier. Qualifier Gobert de « meilleur pivot NBA » est peut-être provocateur mais ce n’est pas loin d’être la réalité du moment. En tout cas, il est le pivot de l’une des toutes meilleures formations de la ligue, une franchise bien partie pour chambouler le paysage de la Conférence Ouest en playoffs.
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