Sandrine Gruda : “Être sur le banc m’a beaucoup appris”

Sandrine Gruda : “Être sur le banc m’a beaucoup appris”

Sandrine Gruda est de retour en France et chez les Bleues, quelques semaines après avoir vécu les Finales WNBA dans un rôle limité mais dont elle a tiré beaucoup d'enseignements.

Shaï MamouPar Shaï Mamou  | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Interview
Réunies à Villeneuve d'Ascq pour préparer les matches de qualification pour l'Euro 2019, les Bleues peuvent compter cette semaine sur une présence qui ne passe pas inaperçue : celle de Sandrine Gruda. Absente du dernier Euro, la meilleure joueuse tricolore, de retour en LFB avec Lyon, a évoqué avec nous son comeback chez les Bleues et dans l'Hexagone, mais aussi ses deuxièmes Finales WNBA consécutives avec Los Angeles, vécues dans un rôle assez particulier. BasketSession : Sandrine, comment as-tu vécu cette période de recul par rapport à l'équipe de France ? Sandrine Gruda : J'ai toujours dit que mon absence à l'Euro était une parenthèse dont j'avais besoin. Je me suis mariée, j'ai pris du temps pour moi. Pour autant, j'étais derrière les filles et je suis fière de la 2e place qu'elles sont allées chercher. D'un autre côté, même si j'étais contente, le fait de les voir perdre en finale m'a rappelé de mauvais souvenirs. Je me suis dit : ras le bol ! Ce n'est pas la première fois qu'on manque la victoire ces dernières années et il faut que l'on arrive à franchir cet obstacle. Entre les retraites de certaines cadres, l'éclosion de joueuses plus jeunes, comment penses-tu te positionner dans ce groupe ? J'entends tenir le rôle que j'ai toujours eu en sélection. Une joueuse sur laquelle l'équipe peut compter et qui a envie de transmettre. Je me suis enrichie de toutes les expériences vécues tout au long de ma carrière et je veux en faire profiter mes coéquipières, en équipe de France et à Lyon. Justement, comment en es-tu arrivée à ce retour en LFB, 10 ans après avoir quitté le championnat ? J'étais en pleine phase de repos et de réflexion après les Finales de WNBA. J'ai reçu un coup de fil de Tony Parker. Il a appelé au bon moment pour me présenter ce qui est une belle opportunité. Il a des projets importants pour le basket à Lyon et le basket féminin en France en général. J'ai eu envie de participer à ça. Je ne suis pas là simplement pour faire une pige ou être en CDD. C'est un super challenge. Jouer en France, devant le public français, c'était aussi très séduisant. Et puis, c'est un retour à la réalité sur le plan personnel aussi, dans le bons sens du terme. En Russie, c'était une bulle dorée, en Turquie une atmosphère très passionnée. Tu auras un statut différent par rapport à ce que tu as connu en WNBA (elle n'est pas entrée en jeu lors des Finales entre Los Angeles et Minnesota) il y a quelques semaines, ça a dû compter aussi. Oui, j'avais aussi envie d'être dans un groupe un peu dans le besoin d'une joueuse expérimentée, d'une leader. Comme je le disais, j'ai justement envie de transmettre et de retrouver l'importance que j'ai quasiment toujours connu dans les clubs européens où je suis passée. En WNBA, c'était différent, mais ça reste quelque chose de très enrichissant. Comment on vit, justement, le fait de ne pas entrer en jeu quand on a ce statut en Europe ? C'est quelque chose d'inhabituel, mais paradoxalement, j'ai appris beaucoup de choses dans ce rôle-là, depuis le banc. Je m'explique. Être dans cette posture m'a fait analyser le jeu différemment. Je me suis beaucoup imprégnée de ce que faisait le coach, Brian Agler, sur le plan tactique et psychologique. J'ai été impressionnée par la manière avec laquelle il a réussi à garder toutes les joueuses impliquées, des titulaires à celles qui ne jouaient pas ou peu. C'était un management épatant d'humilité. Beaucoup de coaches ignorent les joueuses moins utilisées. Là, j'ai senti énormément de respect envers tout le monde. Analyser les stratégies qui se mettent en place, les discours tenus, c'est extrêmement enrichissant, au-delà même du niveau des joueuses que l'on côtoie ou que l'on affronte. Cette expérience a contribué à faire de moi une joueuse plus complète. Ce melting pot, cette connaissance des différents rôles que l'on peut avoir dans une équipe, c'est une richesse. Avec ce que j'ai appris en France, en Europe et aux Etats-Unis, j'ai un bagage intéressant. Tu envisages de retourner en WNBA, quel que soit le contexte ? C'est toujours une ligue qui m'attire, bien entendu. J'aimerais continuer là-bas. Il faut de la persévérance pour trouver une situation avec un temps de jeu intéressant, comme pendant avec Connecticut (trois saisons entre 2008 et 2010, NDLR) où j'ai passé de très bons moments. Je ne me projette pas encore, je suis concentrée sur ce que j'ai à faire en France entre le club et la sélection. Toi qui a vécu aux Etats-Unis à la fin des années 2000 et maintenant à la fin des années 2010, tu as dû constater quelques changements sur le plan social... Et les athlètes font l'actualité même sur le plan politique aujourd'hui. Oui, c'est vrai, c'est une atmosphère un peu différente. J'ai assisté à des mouvements de protestation dans la rue contre le président en place par exemple. En WNBA, des équipes ont aussi manifesté leur soutien aux athlètes protestataires. Les gens s'expriment plus. Là bas, le monde du sport prend part aux réalités sociales. On n'hésite pas à prendre parti, à affirmer sa liberté d'expression. Le sport véhicule aussi une image de pouvoir, avec des gens qui revendiquent une place dans la société, surtout dans les sports phares. C'est un peu plus simple pour eux vu l'envergure de ces disciplines là-bas. En France, c'est moins habituel que l'on donne notre opinion, même si cela tend à changer. C'est aussi parce que le sport a une place différente.
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