Spurs : Nando De Colo attend son heure

Faute de temps de jeu, Nando De Colo n'a pas encore réellement débuté sa deuxième saison chez les Spurs. A 26 ans, le troisième homme de la "French Connection" de San Antonio aura-t-il une carte à jouer dans les semaines qui arrivent ?

Spurs : Nando De Colo attend son heure
Ces derniers jours, on parle beaucoup de Tony Parker et Boris Diaw, mais beaucoup moins de Nando De Colo, le troisième larron de la "French Connection" des Spurs, sacré champion d'Europe avec ses potes en septembre dernier en Slovénie. La deuxième saison du Nordiste n'a pour le moment pas vraiment débuté, lui qui n'a grappillé que des mini-bouts de match à droite à gauche (9 matches joués cette saison, 8,1 minutes de moyenne). Jusqu'à présent, Gregg Popovich lui préfère notamment Patty Mills dans le rôle du back-up de TP, et la densité des lignes arrières de San Antonio ne lui permet pas de montrer sa polyvalence dans le backcourt texan. Alors qu'il est dans sa dernière année de contrat, De Colo a encore trois-quarts de championnat pour lancer sa saison chez les Spurs, en partant du principe que Pop lui laisse sa chance, bien sûr. Même si la NBA est un univers impitoyable, il semblerait dommage que  Nando De Colo n'ait pas l'occasion de briller chez les Spurs, compte tenu de sa valeur, à lui, l'habitué des soirées de Coupes d'Europe avec Valence (il tournait à plus de 12 points de moyenne lors de sa dernière saison de Liga) et acteur des grands tournois avec les Bleus (vice-champion d'Europe 2011, champion d'Europe 2013).

Deux cartons en D-League, en attendant...

La situation de Nando De Colo est assez inédite. Cette saison, son "pic" est survenu le 23 novembre, avec 8 points en 16 minutes contre Cleveland. Depuis, l'ancien Choletais a été aligné en deux reprises en D-League, chez les Toros d'Austin. En général, quand un joueur de bout de rotation est assigné en D-League en début de saison, ce n'est pas forcément très bon signe. Et même si la situation n'est pas radieuse pour le talentueux combo guard de 26 ans, son cas est différent, parce qu'historiquement, Pop a pour habitude d'envoyer ses joueurs de rotation engranger des minutes chez les Toros, et parce que le Nordiste est surtout victime de la densité des lignes arrières du Finaliste 2013. Alors que l'énergique Nando est un joueur qui a besoin de rythme pour exprimer l'étendue de son talent (cf. son volume de jeu en Espagne), son temps de jeu a malheureusement fondu par rapport à la saison dernière :
  • 2012-2013 (72 matches, 6 x titulaire) : 3,8 pts à 43,6% (37,8% à 3-pts), 1,9 rbds, 1,9 assists et 1,1 TO en 12,8 minutes.
  • 2013-2014 (9 matches, 0 x titulaire) : 2,2 pts à 42,1% (36,4% à 3-pts), 1,4 rbds, 1,3 assists et 1,1 TO en 8,9 minutes.
Cette nuit, à l'inverse de Rudy Gobert, à son tour envoyé en D-League par le Jazz, le n°25 était bien dans le roster des Spurs, mais il n'est entré sur le parquet que pour deux malheureuses minutes lors du 19e succès des Spurs cette saison. Sans surprise, Nando De Colo a affolé les compteurs lors de ses deux apparitions avec les Austin Toros, les 1er et 8 décembre, dans une D-League sous-dimensionné pour un joueur de son calibre ; une ligue où il n'a rien à faire, si ce n'est répondre présent, "avaler" des minutes (c'est toujours bon pour les jambes d'un compétiteur) et prendre son mal en patience, en attendant de retrouver un temps de jeu plus significatif en NBA. Pop, qui souhaitait on l'imagine permettre à son joueur de rester dans le rythme de la compétition, l'a évidemment rappelé dans la foulée de son deuxième carton offensif. Ses stats des deux matches en D-League :
  • 1er décembre, contre les Delaware 87ers (l'équipe des Sixers) : 29 pts à 9/17 (3/7 à 3-pts), 8 rebonds, 8 assists, 6 steals et 3 TO en 33:57 (la vidéo du match ici).
  • 8 décembre, contre les Reno Bighorns (l'équipe des Kings) : 32 pts à 13/20 (3/6 à 3-pts), 8 rebonds, 6 assists, 3 steals et 5 TO en 42:27 (la vidéo du match ici).
Les highlights de Nando De Colo contre Delaware (De Colo porte le n°11). [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=bcGh5KOuBrQ[/youtube]   Déjà envoyé à deux reprises chez les Toros la saison dernière, en décembre puis en janvier, "Little Manu" (comme l'appelait Stephen Jackson), qui a pris un coup dans le visage - sans incidence - contre Reno, a envoyé le signal d'un joueur concerné et motivé à Gregg Popovich, en signant des performances faisant écho aux bons passages de sa saison rookie (un mix de sa première saison ici), débutée par ce fameux game-winner contre Atlanta en pré-saison. Le shoot en question. [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=5KnHZssBFKc[/youtube]  

Patty Mills a la cote

Depuis un an et demi, l'ex-chouchou de Valence évolue dans l'un des trois rosters les plus fournis de la ligue, avec ceux de Miami et Indiana. Pas facile, dans ces conditions, de se faire sa place au soleil, qui plus est pour un joueur qui avait souvent un rôle majeur dans ces précédents clubs et qui se retrouve à devoir faire ses preuves à l'entraînement au quotidien, pour gagner un spot. Chez les Spurs, aux postes 1 et 2, c'est l'embouteillage, entre All-Stars et role-players de luxe. La rotation des arrières compte le polyvalent Manu Ginobili (qui joue aussi ailier et parfois meneur), Marco Belinelli et Danny Green, quand celle des meneurs, évidemment dominée par Tony Parker, accueille Patty Mills et Cory Joseph, les deux principaux concurrents de Nando De Colo depuis l'an dernier. La saison passée, c'est le polyvalent Joseph (22 ans, 3e saison NBA), bon défenseur, qui avait terminé la saison en trombe, obtenant le rôle de back-up de TP lors des playoffs (3 pts en 9,6 minutes). Cette saison, c'est Patty Mills (24 ans, 5e saison), joueur drafté par Portland deux rangs après… De Colo en 2009 (55e choix), qui a les faveurs de Pop. Pas utilisé lors des playoffs (79 minutes au cumulé) alors qu'il l'avait été en saison régulière (5,1 pts en 11,3 minutes), Mills est revenu en forme au training camp, et s'est montré lors de la pré-saison, signant quatre matches à 10 pts ou plus, ainsi qu'un game-winner contre le CSKA Moscou, sur un service de… De Colo. Depuis l'entame de saison, Mills tourne à 7,7 pts en 15,9 minutes, et son adresse à 3-pts (44,8%, 30/67) pèse énormément dans la balance.

Plus de temps de jeu en 2014 ?

Nando De Colo sera en fin de contrat au terme de la présente saison (il avait paraphé un contrat de deux ans avec San Antonio en juillet 2012). Les prochains mois dicteront sans aucun doute les choix futurs du champion d'Europe 2013 (7,4 pts en 19,8 minutes pour lui en Slovénie), qui peut peut-être, compte tenu de son expérience et de son talent, espérer s'inscrire dans la durée (en tout cas à moyen terme) avec San Antonio, une équipe NBA dont le style de jeu et la culture basket semblent les plus à même de correspondre à son profil "FIBA". Dans le cas contraire, il pourrait décider, à 26 ans, de ne pas s'éterniser en NBA et de revenir en Europe, dans un club du top 16 qui lui offrira un temps de jeu conséquent et le rôle majeur qui va avec. D'ici-là, dans une équipe où le coach aime dynamiser ses troupes en faisant tourner son effectif, beaucoup de (bonnes) choses peuvent se passer pour De Colo. Si les Spurs continuent sur ce rythme-là, et si leur classement le permet, Pop devrait commencer significativement à ménager ses troupes en vue des playoffs. A commencer par ses cadres aguerris, que ce soit Tim Duncan (37 ans), Gino (35) ou TP (31). Un trio magique qui, pour sa douzième saison de vie commune (Gino a été drafté en 57e position en 1999, et a effectué ses débuts en NBA en 2002, un an après TP), espère inverser le scénario cruel des dernières Finales, et qui devra par conséquent être au top de sa forme au printemps prochain. Nando De Colo devrait donc - c'est à souhaiter pour lui, en tout cas - obtenir davantage de temps de jeu en 2014. Son profil de joueur créateur, excellent passeur, bon intercepteur, sera-t-il utilisé par Gregg Popovich d'ici aux playoffs, puis en postseason ? Au regard de sa situation actuelle, il est difficile de répondre par l'affirmative. Mais encore une fois, avec Pop, tout est possible… Pour mémoire, De Colo avait souvent été utilisé par son entraîneur en début de saison dernière, et l'on se souvient notamment de sa performance contre Miami (15 pts à 4/8, 6 rbds, 5 assists et 5 TO en 33 minutes), dans le fameux match "à 250 000 dollars", lors duquel l'entraîneur des Spurs avait laissé son "Big 3" au repos. Voyons le bon côté des choses, alors (même s'il ne peut se satisfaire de ça, au regard de son expérience et de son tempérament de compétiteur). A 26 ans, De Colo évolue avec TP et Babac dans une franchise qui joue le titre (et il a déjà vécu une Finale NBA), aux côtés d'un (ou plusieurs) futur(s) Hall-of-Famer(s) et d'un coach charismatique. Quelle que soit l'issue de sa deuxième saison chez les Spurs, nul doute que cette expérience dans le Texas lui servira pour la suite de sa carrière. Aura-t-il une carte à jouer d'ici le printemps ? On le saura très vite, et lui le premier.  

Les temps de jeu des Français en NBA :

  • Nicolas Batum (POR, 24 m.) : 13,8 pts à 48%, 6,3 rbds, 5,4 assists et 2,5 TO en 35,2 min.
  • Joakim Noah (CHI, 21 m.) : 10,1 pts à 48,3%, 9,5 rbds, 3,5 ast, 1,2 block et 1,8 TO en 32 min.
  • Tony Parker (SA, 22 m.) : 18 pts à 51,7%, 2,5 rbds, 6,1 assists et 2,5 TO en 30,4 min.
  • Boris Diaw (SA, 22 m.) : 9,8 pts à 54,1%, 3,4 rbds, 1,9 assists et 1,4 TO en 23,4 min.
  • Ian Mahinmi (IND, 22 m.) : 2,5 pts à 37,2%, 2,8 rbds, 0,9 block et 1 TO en 14,9 min.
  • Evan Fournier (DEN, 20 m.) : 4 pts à 37%, 1,5 rbds, 0,8 assist et 0,7 TO en 12,1 min.
  • Rudy Gobert (UTA, 17 m.) : 2,2 pts à 40%, 4,6 rbds, 0,8 block et 1,1 TO en 10,7 min.
  • Nando De Colo (SA, 9 m.) : 2,2 pts à 42,1%, 1,4 rbds, 1,3 assists et 1,1 TO en 8,9 min.
  • Kevin Seraphin (WAS, 17 m.) : 4 pts à 45,5%, 1,5 rbds, 0,2 block, 0,8 TO en 7,8 min.