Thunder-Jazz, le choc des cultures

Focus sur l'une des séries les plus indécises de ce premier tour des playoffs 2018, l'Oklahoma City Thunder face au Utah Jazz.

Thunder-Jazz, le choc des cultures
Pour la première fois depuis bien longtemps, ce premier tour des playoffs sera observé de près, et de nombreuses de têtes de séries vont devoir mettre les bouchées double afin d'éviter une sortie de route prématurée. De toutes les séries indécises, celle entre l'Oklahoma City Thunder et le Utah Jazz s'annonce comme la plus explosive. De part tout d'abord leur classement, quatrième et cinquième d'une conférence Ouest ultra relevée, mais aussi par leur construction. Pendant que le Jazz mise tout sur un collectif soyeux (même si Donovan Mitchell a tout d'un future grande star), son adversaire s'est construit autour d'un noyau de stars. Afin d'épauler Russell Westbrook, le GM Sam Presti a frappé fort l'été dernier en faisant venir Paul George et Carmelo Anthony.

Des saison bien différentes

Avec le départ du Gordon Hayward, le Jazz démarrait sa saison sans aucune certitude. Il aura fallu attendre l'émergence de Donovan Mitchell et le retour de Rudy Gobert pour que la franchise entame sa marche en avant, et de manière spectaculaire. De février à avril, les troupes de Quin Snyder ont cumulé 26 succès pour seulement 6 revers. C'est en s'appuyant sur tout un collectif , et la meilleure défense de la ligue, que Utah a pu se hisser au 5e rang de l'Ouest. En ce sens, le titre de défenseur de l'année devrait revenir à notre Rudy national, même si ce dernier a loupé un paquet de matches. Dans l'Oklahoma, cet exercice peut être assimilé à des montagnes russes. À coup de je gagne trois matches, puis j'en perds quatre, j'en reprends cinq et j'en lâche trois. Si bien que le niveau du Thunder est impossible à évaluer. La blessure d'Andre Roberson a également fait du mal. Redoutable défenseur, l'arrière était la base, avec Steven Adams, la base du système défensif de Billy Donovan. Avant que le genou de Roberson lâche, OKC avait l'une des trois meilleures défenses du pays. Heureusement, Sam Presti a eu le flair de signer Corey Brewer un mois avant les playoffs. Moins bon en défense sur l'homme, mais précieux pour gratter des ballons, et très utile offensivement.

Donovan Mitchell attendu au tournant

Premier rookie à atteindre les 20 points de moyenne dans une équipe au-dessus de 50% de victoires depuis Carmelo Anthony, Donovan Mitchell représente la principale force de frappe du Jazz. L'arrière sait tout faire, avec brio, mais il reste un débutant dans cette ligue. Son dernier match contre Portland (17 points à 6/23) montre, et c'est tout à fait normal, qu'il aura encore de gros passages à vide. Avec un défenseur de premier ordre comme Paul George sur le dos, le gamin de Greenwich sera surveillé de très près. Ce premier tour représente un test pour Mitchell, qui aura quoi qu'il arrive gagné l'immense respect du monde NBA.

Un duel Rudy Gobert-Steven Adams déterminant

Prolongés au même moment la saison dernière pour des montants quasi similaires, Steven Adams et Rudy Gobert portent un sacré poids sur leurs épaules. Pour le Français, il s'agira de ses premiers playoffs en pleine possession de ses moyens (il s'est blessé au genou l'an dernier lors du Game 1 face aux Clippers). Clé de voute du système de Snyder, il devra se coltiner le babar du Thunder, qui arbore un style différent. On parlait de Carmelo Anthony comme le troisième larron du Big Three, c'est en réalité le Néo-Zélandais qui s'est emparé de ce rôle. Intimidant, il a développé un certain toucher dans la raquette, avec un petit tir à une main. Son abattage physique pour contenir et "faire jouer" Rudy en attaque sera l'une de clés.

Quel visage pour Carmelo Anthony ?

Sans se cacher, l'expérience Melo au Thunder n'est pas une grande réussite, voir pire. À 34 ans, Carmelo Anthony a sorti sa pire année en carrière (16,2 points, 5,8 rebonds à 40%). Il a plusieurs fois étalé sa tristesse dans les médias quant à son rôle dans l'ombre de Paul George et Russell Westbrook. Habituellement clutch, il s'est loupé sur plusieurs fins de matches, comme avec ses lancers ratés à Boston. Un peu mieux en fin de saison, il se contente d'un rôle de shooteur, presque exclusivement en catch & shoot. Utilisé en poste 4, le même que Derrick Favors, il aura l'avantage athlétique même si Quin Snyder a la possibilité de mettre son couteau suisse Jae Crowder dessus. Défensivement, il ne faut plus rien attendre de lui, et Donovan prend même parfois le parti d'utiliser Jerami Grant à sa place. Mais offensivement, son expérience, sa capacité à écarter la défense rugueuse du jazz avec son tir, pourraient faire basculer la série.

Le Thunder devra bien mieux gérer ses fins de match

Le problème est apparu dès la signature de Melo et PG13 à OKC. Qui des trois, en incorporant Russell Westbrook, aura la balle en fin de match ? Même aujourd'hui, la question reste sans réponse. Mais là n'est pas vraiment le problème. Dès que le match se joue sur les dernières possessions, l'un des trois prend la balle pendant que tout le monde regarde. Plus de mouvement, plus de systèmes, juste un gars face à une défense entière. Ça peut passer contre les Suns ou les Kings, mais pas contre le Jazz. Cette saison, le Thunder a perdu quatorze fois par cinq points ou moins (!!!), et la plupart du temps face à des gros, comme les Warriors, les Celtics, les Blazers ou encore les Spurs. Toujours en laissant une impression visuelle désastreuse. Anthony expliquait il y a peu que cette équipe était bâtie pour les playoffs, on en aura le coeur net dans deux semaines.