Qui est le vrai MVP de chaque équipe ? – Part 2

De la même façon que le meilleur scoreur n'est pas nécessairement le meilleur joueur, le meilleur joueur d'une équipe n'est pas forcément le plus important. Analyse de la Conférence Ouest.

Qui est le vrai MVP de chaque équipe ? – Part 2
Les points, toujours les points. Ce sont eux que l'on voit en premier sur les boxscores. Ce sont généralement eux qui font les stars et les superstars. Mais pourtant, ceux qui marquent le plus de points ne sont pas toujours les joueurs les plus forts de la ligue. Ni même de leur équipe. Le joueur de l'équipe serait donc le plus doué, un terme qui englobe tous les aspects du jeu et pas seulement le scoring. Mais est-il toujours le plus important ? Il arrive que certaines équipes soient construites de façon à ce que leur meilleur joueur ne soit pas, finalement, le plus essentiel à son succès. Nous avons donc essayé de déterminer pour chaque franchise le MVP - le meilleur joueur - et le MIP - Most Important Player. On finit notre tour d'horizon avec la Conférence Ouest.

Dallas Mavericks

MVP : Harrison Barnes MIP : J.J. Barea J.J. Barea est le seul joueur des Mavericks qui secoue un peu les défenses balle en main (nos condoléances à la famille de Deron Williams), caractéristique primordiale pour une équipe de Dallas qui manque de talents. Les Mavs marquent d’ailleurs plus de points (et en encaissent moins) quand le lutin portoricain est sur le terrain par rapport à quand il est sur le banc.

Denver Nuggets

MVP : Nikola Jokic MIP : Nikola Jokic

Golden State Warriors

MVP : Kevin Durant MIP : Draymond Green… mais Kevin Durant s’en rapproche ! Peut-être l’exemple le plus parlant pour définir la distinction entre le meilleur joueur et le joueur le plus important d’une équipe. Choisissons la meilleure équipe du monde l’an dernier : les Golden State Warriors, vainqueurs historiques de 73 put*** de rencontres sur une saison. Prenons leur meilleur joueur : Stephen Curry, superstar de la planète basket, premier joueur élu MVP à l’unanimité. Et bien le joueur le plus important de cette armada quasi-invincible (en saison régulière) et emmenée par un maestro auteur d’un exercice incroyable n’était autre que Draymond Green. [superquote pos="d"]Toutes les équipes NBA se cherchent leur Draymond Green [/superquote]Green, drafté au deuxième tour en 2012, polyvalent mais sans réel point fort, a permis à la NBA de se révolutionner. Désormais, toutes les franchises se cherchent leur Draymond. C’est-à-dire ce joueur suffisamment mobile pour courir comme un arrière, suffisamment agile pour driver et passer comme un meneur, suffisamment costaud pour tenir le choc en défense comme un pivot. Une anomalie rare qui offre aux Warriors la possibilité d’aligner toutes leurs stars sur le terrain – avec Green en pivot – sans en payer le prix en défense. A Golden State, il est le système. Il est la clé. C’est d’ailleurs après sa suspension que les Cavaliers ont inversé la tendance lors des dernières finales NBA. Ceci étant dit, Kevin Durant fait tout ce que fait Dray. Mais en mieux. C’est l’un des meilleurs attaquants de l’histoire. L’un des meilleurs shooteurs de la ligue. Un passeur sous-estimé. Un excellent défenseur depuis deux saisons. Un protecteur du cercle. Il lui manque juste un peu de carcasse et de musculature pour rivaliser avec les meilleurs intérieurs comme le fait son équipier. Mais KD n’était pas loin de faire le doublé MVP-MIP.

Houston Rockets

MVP : James Harden MIP : Patrick Beverley [superquote pos="d"]C'est seulement après le retour de Beverley que les Rockets ont pris leur envol [/superquote]James Harden aligne des statistiques complètement folles. Tout tourne autour de lui à Houston et cela devrait être suffisant pour postuler à la fois au statut de MVP et MIP. Mais il faut bien se souvenir que les Rockets ont vraiment franchi un cap – et trusté les sommets de la Conférence Ouest – depuis le retour à la compétition de Patrick Beverley. Quand le meneur teigneux était indisponible en raison d’une blessure, les Rockets étaient fantasques et Harden jouait déjà de manière phénoménale mais l’équipe peinait encore à se lancer. Houston avec le barbu sur le banc, c’était tout aussi moche qu’Oklahoma City sans Russell Westbrook. Mais ça a changé avec le retour de Beverley. Il a stabilisé la deuxième unité en apportant du playmaking – et son association avec Eric Gordon a fait des ravages quand la superstar se repose. Les Rockets sont redoutables pendant 48 minutes et ça fait toute la différence pour la franchise qui est remontée à la troisième place de la Conférence Ouest. Il est adroit (40% derrière l’arc), il distribue, il prend des rebonds, il compense les énormes lacunes défensives de son leader. Une petite statistique pour conclure : les Rockets avaient un bilan de 9-5 avant le retour de Beverley. Ils sont à 22-4 depuis.

Los Angeles Clippers

MVP : Chris Paul MIP : Chris Paul

Los Angeles Lakers

MVP : D’Angelo Russell MIP : Luke Walton A ce stade du développement de l’équipe, tout tourne encore autour de Luke Walton aux Lakers.

Memphis Grizzlies

MVP : Marc Gasol MIP : Marc Gasol

New Orleans Pelicans

MVP : Anthony Davis MIP : Anthony Davis

Minnesota Timberwolves

MVP : Karl-Anthony Towns MIP : Gorgui Dieng Le Sénégalais est le seul joueur du cinq majeur qui se déchire vraiment sur le terrain tous les soirs. Pas le plus talentueux mais si seulement les jeunes stars des Wolves pouvaient s’inspirer de son attitude…

Oklahoma City Thunder

MVP : Russell Westbrook MIP : Russell Westbrook

Phoenix Suns

MVP : Eric Bledsoe MIP : Une vraie colle. Devin Booker, pour ce qu’il représente pour la franchise ?

Portland Trail Blazers

MVP : Damian Lillard MIP : Al-Farouq Aminu Al-Farouq Aminu est le Draymond Green des Trail Blazers, même si le terme est galvaudé. Les dirigeants de Portland ne cachent pas un certain mimétisme avec l’équipe construire du côté d’Oakland. Comme les Warriors, ils s’appuient sur leur force de frappe offensive et sur leurs stars du backcourt. Le Nigérian est leur homme à tout faire. Il a le meilleur Net Rating des Blazers (+3,9) bien devant les différentiels négatifs de Damian Lillard et C.J. McCollum. Un écart qui s’explique notamment par les aptitudes défensives d’Aminu. Il est le seul à tenir quelque peu la raquette et à prendre des rebonds – deux secteurs dans lesquels l’équipe de Terry Stotts est en difficulté. Portland encaisse 112 pts sur 100 possessions quand l’intérieur hybride est absent (ou sur le banc) alors que cette stat descend à 103,7 (presque une référence NBA) quand il est sur le parquet. Les Blazers traversaient d’ailleurs une très mauvaise passe jusqu’au moment où Al-Farouq Aminu, indisponible plusieurs semaines, a fait son retour dans la rotation. La franchise s’est stabilisée depuis et elle peut à nouveau ambitionner une qualification en playoffs.

Sacramento Kings

MVP : DeMarcus Cousins MIP : DeMarcus Cousins

San Antonio Spurs

MVP : Kawhi Leonard MIP : Kawhi Leonard

Utah Jazz

MVP : Gordon Hayward MIP : Rudy Gobert Ahhhhhh, le Jazz. Le cas le plus intéressant. D’autant plus intéressant que, selon le point de vue choisi, MVP ou Most Important Player, la distinction pourrait valoir à Rudy Gobert ou Gordon Hayward une sélection au All-Star Game. Il y aura a priori un spot pour un joueur de Utah, l’une des meilleures équipes à l’Ouest. Reste à savoir qui sera sélectionné par les coaches. A première vue, on penche pour Hayward, le meilleur joueur de l’effectif (il devrait être All-Star, il n’y a pas vraiment de suspense mais le débat est tout de même intéressant). Il est une star montante en NBA et il est le leader offensif du Jazz. Mais ce n’est pas en attaque que l’équipe de Salt Lake City gagne ses matches. C’est en défense. Le Jazz est devenu petit à petit un vrai outsider à l’Ouest après avoir envoyé Enes Kanter au Thunder, précipitant ainsi le passage de Rudy Gobert dans le cinq majeur. Depuis que le Français s’est installé dans la raquette, sa formation a pris son envol. [superquote pos="d"]Sans Gobert, le Jazz n'a pas les stats d'une équipe de playoffs [/superquote]Le Jazz a la meilleure défense de la NBA et ça, c’est principalement grâce à sa tour de contrôle dans la peinture. « Gobzilla » protège le cercle comme personne. Sa simple présence dissuade l’adversaire d’attaquer la raquette. Ses longs bras, sa puissance et sa mobilité font le reste quand un insolent ose s’aventurer trop près du panier. Si les fans passent leur temps à réclamer aux stars de défendre, alors ils doivent apprécier l’abattage de Gobert. Et contrairement à l’idée reçue, son impact ne se limite pas en défense. Le Jazz ne possède pas d’excellents manieurs de ballons, même si Hayward et George Hill sont à l’aise sur pick-and-roll. Le flow offensif de Quin Snyder repose principalement sur les écrans, les hand-off et tous les démarquages qui nécessitent un vrai travail des intérieurs pour les extérieurs. Sans les picks appliqués de Rudy – et il a beaucoup progressé sur cet aspect du jeu – le rythme ne serait pas le même. Les tirs seraient moins ouverts. Les shooteurs moins efficaces. Il ne se contente pas de ramasser les miettes ou de conclure en alley-oop. Il met une vraie pression sur la défense adverse avec sa capacité à rouler fort vers le cercle. Toutes ces petites actions sont sous-estimées mais elles pèsent. Rudy Gobert All-Star ? Peut-être pas. Mais il est certainement le joueur le plus important du Jazz.