Les Lakers sont-ils en train de cramer Kobe Bryant ?

Kobe Bryant vient de jouer 184 minutes en cumulées sur les quatre dernières rencontres. La vedette des Lakers semble pourtant épuisée, ne devrait-elle pas moins jouer ?

Les Lakers sont-ils en train de cramer Kobe Bryant ?
40 secondes de repos face aux Clippers, 5 minutes 28 face aux Grizzlies, 56 secondes contre Dallas et 23 autres minuscules secondes contre Sacramento. L’arrière train de Kobe Bryant ne touche presque plus le banc des Los Angeles Lakers. En quatre matches, le quintuple champion NBA a passé presque autant de temps sur le parquet que Devin Ebanks, pourtant titulaire à trois reprises en début de saison, depuis octobre. Après le weekend du All-Star Game, les Angelenos se sont engagés dans un contre la montre par équipe pour disputer les playoffs. Dans les derniers hectomètres de la saison, Kobe Bryant a relancé le sprint pour l’ensemble de ses coéquipiers, afin de dépasser le Jazz d’Utah, actuellement huitième de la Conférence Ouest, sur la ligne d’arrivée. Alors, KB24 ne sort plus. Lui, le joueur de 34 ans, bientôt 35, dont 16 passées dans la ligue. Lui qui a déjà joué plus de 1236 matches de saison régulière. Lui, revenu en une semaine d’une entorse à la cheville, qui joue toujours actuellement avec un os déplacé dans le pied. Alors pourquoi un temps de jeu si conséquent ?
« Les playoffs », assène le joueur au Los Angeles Times, d’une réponse aussi limpide que l’un de ses shoots à mi-distance.
Pourtant, Kobe est fatigué. Il l’a enfin reconnu et cela se sentait dans son jeu, en témoigne son adresse aux tirs en berne ces derniers jours (6-17 face à Milwaukee, 5/18 face à Sacto et 6/19 contre les Clippers, hier soir). Son coach, Mike D’Antoni, en est conscient mais plaide pour l’urgence de la situation et la nécessité de laisser son franchise player sur le terrain, au risque de le cramer :[superquote pos="d"]"Kobe a dit qu’il prendrait sa retraite dans un an, donc on va rentabiliser notre argent au maximum pendant deux saisons." D'Antoni[/superquote]
« C’est un risque que l’on prend avec Kobe », explique le coach moustachu au Los Angeles Times.   « On joue un peu avec le feu et on aimerait ne pas le faire mais nous sommes dans une situation où nous n'avons pas le choix. Kobe est notre meilleur élément pour gagner les matches et il a dit qu’il prendrait sa retraite dans un an, donc bon, on va rentabiliser notre argent au maximum pendant deux saisons. »
Difficile de dire s’il s’agit d’une note d’humour de la part de Mike D’Antoni. En effet, Kobe Bryant a envisagé et prétend à qui veut l’entendre qu’il ne fera plus partie du paysage NBA en 2015, sans toutefois prendre de décision définitive. Mais à ce rythme, le quatrième meilleur marqueur de l’histoire est bon pour mourir en brave sur le parquet, la langue tirée comme Michael Jordan, son idole de toujours. Les Los Angeles Lakers sont-ils incapables de gagner sans leur vedette emblématique ? Après sa blessure à la cheville, Kobe Bryant n’a tenu que 12 minutes face à Indiana, troisième de la Conférence Est et pourtant ses Lakers l’ont emporté, grâce à un gros match de Dwight Howard. Toujours en son absence, les joueurs de Mike D’Antoni ont ensuite vaincu les Kings avant de s’incliner face à Phoenix, dernier de la Conférence Ouest… Avec Steve Nash et Metta World Peace sur le carreau, Kobe fait tout : il mène le jeu, défend, prend les tirs en fin de match, etc.

 Les playoffs, oui mais à quel prix ?

  « Il nous reste cinq matches à jouer, on a besoin de gagner ces cinq matches pour s’assurer les playoffs », clame D’Antoni.
Alors Kobe Bryant ne voit plus le banc… Et il y a de fortes chances que cela continue si les matches des Lakers sont toujours aussi serrés. Mais à quoi bon tout donner pour les playoffs et disputer un premier tour plus que délicat face aux Spurs ou au Thunder sans jus ? Kobe fait la sourde oreille et manierait presque l’ironie après le match contre les Grizzlies, face auxquels il est resté 6 minutes sur le banc, une éternité pour lui :
« Je me sens bien, j’ai eu beaucoup de repos ce soir donc je me sens bien. »
Crédule ou dépassé, "Mr Pringles" se range derrière le leader de sa troupe :
« Je n’arrête pas de lui demander, il veut jouer ! S’il me dit qu’il se sent bien et que ses jambes ne l’embêtent pas, je dois le croire. S’il me disait 'Je suis fatigué mais je veux jouer, ce serait différent'. »
S’il pense que Kobe Bryant compte lui signifier qu’il est fatigué au point de rejoindre le banc, l’ancien coach des Suns et des Knicks se met le doigt dans l’œil. C’est mal connaître l’animal, compétiteur de l’extrême. Peut être aussi que Mike D’Antoni craint pour son poste en cas de non-qualification pour les playoffs. On peut tout de même se demander légitimement si le coach, qui appréciait déjà les rotations très serrées à Phoenix, ne devrait pas élargir son groupe. [superquote pos="d"]"C’est au coach de dire 'Non, tu ne joueras pas 47 minutes'." Gasol[/superquote]Ainsi Chris Duhon et Devin Ebanks, certes pas des foudres de guerres, pourraient certainement prendre le relais de Kobe sur de courtes séquences, cinq voire dix minutes de plus afin de faire souffler la star (47 minutes contre les Kings...).Titulaire en décembre, Duhon a même réalisé quelques bonnes performances à trois-points (4/5 à Oklahoma, 4/7 face au Jazz) dans des… défaites des Lakers. Darius Morris n’a passé que 40 secondes sur le parquet, hier soir. Avec Kobe sur le banc, les Angelenos pourraient s’appuyer un peu plus sur leur raquette composée, rappelons-le, Dsz wight Howard, premier choix de draft et All-Star présenté comme l’un des pivots les plus puissants de la ligue, et Pau Gasol un intérieur All-Star, double champion NBA et vice-champion olympique, rien que ça. L’espagnol met le coach face à ses responsabilités :
« Il (Kobe Bryant) fait tout pour être sur le terrain car il est persuadé d’être le meilleur joueur et je comprend ce sentiment. On sait à quel point il est compétitif et à quel point il veut jouer. C’est au coach de dire 'Non, tu ne joueras pas 47 minutes, tu en joueras 38' ou 'Oui, je vais te laisser jouer autant de temps que tu le souhaites'. »
Les Lakers ont mis plus de trois mois avant d’abandonner l’idée de jouer les tirs à trois-points à outrance pour enfin se focaliser sur les qualités premières de l’effectif : le pick-and-roll avec les deux big men afin de libérer des espaces pour les shooteurs. On imagine donc mal Mike D’Antoni changer sa stratégie concernant les rotations à quelques matches - tous décisifs - de la fin de la saison régulière.