[ITW] Wax Tailor : Tailor aux mains d’argent

Passionné de cinéma et de musique, Wax Tailor allie ses deux passions à la perfection en créant un univers musical où les samples jouent le rôle d'acteurs et racontent leurs propres histoires. Interview avec un metteur en son de talent.

[ITW] Wax Tailor : Tailor aux mains d’argent

Chronique : Tales Of The Forgotten Melodies

Cinéma sans images

Qui a dit qu'une histoire devait être mise en images ou en mots pour être racontée ? Wax Tailor, lui, s'improvise conteur de cire, cinéaste des émotions et des sonorités. Tales Of The Forgotten Melodies, son premier album, met en lumière un réalisateur et un orchestrateur de talent dont l'oreille attentive trouve sa matière première dans ce qui nous échappe bien souvent. Ouverture. A l'image, l'intérieur d'un théâtre désuet et quelque peu délabré. Les sièges sont vides et les toiles d'araignées s'accrochent aux lustres. Barrant la scène de part en part, un épais rideau rouge derrière lequel on entend une voix s'interroger sur l'état de santé de Wax Tailor. Est-il en vie, est-il blessé ? Mystère. On se croirait au premier étage du Cinéma Paradisio de Giuseppe Tornatore. Quelque part dans le fond, un vieux gramophone tourne au ralenti et susurre une chanson d'antan, un air d'hier rythmé par le craquement du saphir sur les sillons usés. Le disque a tellement vécu qu'il tourne désormais à l'infini, éternellement bloqué sur un passage obscur de la chanson qu'une rayure en surface fait se répéter indéfiniment. Le rideau s'ouvre, un écran blanc descend. Le noir se fait et le vieux projecteur se met à cracher sa lumière. Allez, envoyez les images ! Mais quelles images ? Celles qui viennent à l'esprit à l'écoute des dix huit titres que compte ce disque, celles qui illustreraient ces « contes des mélodies oubliées » s'ils étaient portés à l'écran. Habituellement, les bandes originales sont composées en fonction du film, ici c'est l'inverse, l'auditeur est invité à recomposer lui-même la trame du drame qui se joue derrière ses oreilles, à partir des compositions de ce drôle de « tailleur de cire ». Le producteur français Wax Tailor, lui qui vient pourtant initialement du rap, a semble-t-il réalisé qu'il n'avait pas forcément besoin d'interprète pour faire parler sa musique. Mélangeant boucles échantillonnées, dialogues de films, scratches et instrumentations, il fait son cinéma en traitant les sons comme s'ils étaient ses acteurs. Sa matière première, c'est l'émotion suscitée par telle ou telle suite d'accords ou inflexion de la voix, qu'il échantillonne soigneusement, découpe puis remodèle pour qu'elle cadre avec le passage du script auquel il veut l'associer. Comme l'ont fait ses cinéastes favoris avant lui (Chaplin, Allen, Lubitsch, Cassavetes…), Tailor travaille en noir et blanc, se concentrant sur les effets de contrastes et de lumière. Comme l'illustre parfaitement la pochette de l'album, il s'attache à faire rejaillir des ténèbres les mélodies qui y étaient plongées depuis longtemps, les faisant sortir de l'ombre d'un coup de sampleur. Composé essentiellement de morceaux instrumentaux, cet opus laisse tout de même la place à quelques interprètes trillés sur le volet, à commencer par Doris Day, actrice hollywoodienne consacrée, dont WT a repris la voix sur « Que sera », réutilisant ainsi la ritournelle qu'elle chante tout au long de L'homme qui en savait trop, d'Alfred Hitchcock. Un peu plus loin, les rappeurs américains de The Others viennent rappeler que le cœur de Tailor bat toujours au rythme du Hip Hop, du moins de celui de ses jeunes années, avant que la douce voix de Charlotte Savary n'entre en scène à son tour pour un « Our Dance » envoûtant. Comme les bouts de mélodies qu'il échantillonne, les musiciens auxquels Wax Tailor fait appel sont toujours mis au service de la musique et du ton général de l'album. Lorsqu'il reprend par exemple un a capella intégral de Nina Simone, comme c'est le cas sur « How I Feel », on jurerait presque que la défunte diva est revenue d'outre monde pour poser sa voix sur les arrangements sur mesure du « couturier ». L'amour évident qu'il porte à la musique et au cinéma, font de ce premier album une totale réussite et pourrait même inaugurer un nouveau genre musical, celui des bandes originales de nos films imaginaires. Ne laissons pas ces mélodies retourner dans l'oubli. WAX TAILOR, Tales Of The Forgotten Melodies, Under Cover Music/Naïve https://www.youtube.com/watch?v=1gR-Fxx3Xac&list=PLH7zOLw2WGfG2p-JaYR1R8xqI5RBrFImN

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