Dragan Bender, plus Kukoc que Porzingis ?

Dragan Bender n'est pas qu'une copie conforme de la starlette des New York Knicks. Le futur lottery-pick est un gamin surdoué au parcours personnel complexe et à l'avenir incroyablement prometteur.

Dragan Bender, plus Kukoc que Porzingis ?
Ce n'est pas parce que cette classe de Draft 2016 est d'apparence limitée à deux franchise players potentiels (Ben Simmons et Brandon Ingram) qu'aucune pépite n'est dissimulée dans le reste du tableau. L'histoire a prouvé qu'il fallait souvent aller au-delà des deux ou trois premiers picks pour tomber sur des talents rares, pour ne pas dire uniques. La saison dernière, les New York Knicks avaient été plutôt chanceux de "tomber" en 4e position après la loterie et d'être contraints de se rabattre sur Kristaps Porzingis. Ce dernier a prouvé, même dans la médiocrité ambiante, que son potentiel était immense et son avenir a priori brillant. Un autre jeune joueur européen est en train de faire tourner les têtes et de profiter de la vague de sympathie déclenchée par "KP" : Dragan Bender. Le profil du Bosnien naturalisé Croate n'est, malheureusement pour lui, pas sans rappeler celui de la nouvelle coqueluche du Madison Square Garden. Malheureusement, car il est toujours mieux de débarquer en NBA sans une étiquette ou des comparaisons auxquelles vous êtes presque obligé de vous tenir pour satisfaire l'assistance. Du haut de ses 2m15 et par la grâce de ses qualités de shooteur et de son arsenal technique, Bender aura quoi qu'il arrive à gérer une certaine pression : celle de faire aussi bonne figure que Porzingis. Leur histoire n'est toutefois pas complètement la même et l'actuel joueur du Maccabi Tel Aviv mérite que l'on s'intéresse à la sienne sans toujours établir de parallèle avec le Letton. Sur le strict plan du jeu, Bender n'a d'ailleurs pas grand chose à envier à celui qu'il a affronté en 2013 lors d'un tournoi européen à Barcelone sans démériter. D'aucuns estiment même qu'à son âge, le natif de Capljina est plus en avance que Porzingis en matière de fondamentaux et de flair. [superquote pos="d"]"Pour Dragan, dunker quand on fait 2m15 n'est pas l'expression de la beauté"[/superquote]Si pour le moment son talent est resté relativement confidentiel en raison de l'énorme concurrence avec laquelle il doit composer en Israël, personne n'est dupe : Bender est un couteau-suisse à la polyvalence terrifiante. Dans une ligue en train de se transformer en eldorado pour les big men capables de s'écarter du cercle, il pourrait rapidement devenir un petit phénomène. Outre sa longueur et sa capacité à protéger le cercle au poste 4 ou 5, l'adolescent a des jambes, une qualité de passe exceptionnelle pour son gabarit et une aisance balle en main qu'il doit à son passé de meneur chez les jeunes. Lors des quelques entretiens qu'il a accordés depuis son arrivée à Tel Aviv, Dragan Bender n'a pas nié une certaine filiation avec quelques glorieux aînés d'Europe de l'Est et pas nécessairement des intérieurs. Son agent Maurizio Balducci et Nikola Vujcic (ex-ASVEL), dont il a rejoint l'académie en Croatie à l'âge de 12 ans en compagnie de son frère Ivan, confirment.
"Les meilleurs joueurs des Balkans aiment exprimer une certaine beauté à travers le basket. C'est de cette manière que jouaient Drazen Petrovic et Toni Kukoc. Dragan est issu de cette culture. Pour lui, dunker quand on fait 2m15 n'est pas l'expression de la beauté", raconte Balducci sur Bleacher Report.
"L'un des problèmes de Dragan, c'est qu'il aime un peu trop Toni Kukoc. Dans son raisonnement, marquer un panier ne rendra heureux qu'une seule personne : lui. S'il délivre une passe, alors davantage de personnes seront heureuses. C'est comme ça que jouait Kukoc et Dragan doit comprendre qu'il a aussi besoin d'être un peu plus égoïste. Quoi qu'il en soit, il ne sait pas être passif sur un terrain de basket", prévient Vujcic, persuadé que le garçon a toutes les armes pour réussir une brillante carrière aux Etats-Unis.

Il quitte la maison et le pays à 12 ans avec son frère

[caption id="attachment_325358" align="alignright" width="318"] Capljina, la ville de naissance de Dragan Bender en Bosnie.[/caption] S'inspirer de la réussite de Kukoc en NBA n'est pas nécessairement une mauvaise idée. Bender n'est évidemment pas aussi attendu que ne l'était l'icône croate dans les années 90, mais prendre modèle sur son altruisme et sa palette technique devrait l'aider dans sa conquête des coeurs américains. Il y a 6 ans à peine, les parents de Bender, ouvriers dans le secteur ferroviaire et agricole, n'osaient rêver d'un tel avenir pour leur plus jeune fils. En difficulté pour leur assurer une vie décente, ils ont ainsi accepté de voir leurs deux garçons quitter le domicile familial pour avoir une chance de vivre un jour du basket. Malgré des moments difficiles loin de leurs proches, les frangins se sont serrés les coudes, envisageant déjà des horizons plus luxuriants en apprenant l'anglais devant des séries TV et noyant leur spleen sur les parquets. Si Ivan, fauché par les blessures, se contentera vraisemblablement d'un rôle de conseiller pour son cadet dans les années à venir, Dragan est plus proche que jamais de réaliser le rêve de ses parents. Au-delà d'un potentiel qui a séduit tous les scouts et les dirigeants NBA venus l'observer en Israël, Mitch Kupchak et Danny Ainge en particulier, le jeune homme de 18 ans affiche une maturité qui devrait lui permettre de prospérer outre-Atlantique.
"Je sors très peu à Tel Aviv (pourtant connue pour les charmes de sa vie nocturne, NDLR), j'ai bien trop de choses à faire en rentrant chez moi".
Bender a plutôt la tête bien faite et continue, de concert avec les entraînements du Maccabi, de suivre des cours du soir pour décrocher un diplôme dans sa matière de prédilection, l'histoire. Marqué par les récits de sa famille sur les horreurs de la guerre, il est ainsi devenu incollable sur les conflits mondiaux contemporains.
"Pour moi, il est extrêmement important de finir mon cursus scolaire. Mes parents m'ont appris à toujours terminer ce que l'on commence. Ils m'ont aussi inculqué la valeur du labeur. Je les ai vu lutter pour s'en sortir. Je saurai lutter moi aussi".
Les mock Drafts font de l'intéressé un top 5, voir un top 3 le 23 juin prochain du côté de Brooklyn. Du côté de Draftnet, on le voit rejoindre les Phoenix Suns en 4e position. Chez DraftExpress, on évoque plutôt un intérêt des Boston Celtics. Le côté stable et pondéré de la franchise du Massachusetts parait adapté au profil et à la mentalité du Croate. Si tel est son destin, il n'aura pas le loisir de faire ses gammes sans pression du résultat comme Kristaps Porzingis. Mais on ne voit pas pourquoi Brad Stevens ne parviendrait pas à intégrer et utiliser ses qualités à un effectif collectivement très au point. Son toucher et sa capacité à écarter le jeu pourraient même faire la différence à terme entre une saison achevée au 1er tour des playoffs et une finale de Conférence. Lorsqu'ils étaient enfants, Dragan et son frère Ivan adoraient incarner d'autres joueurs sur le petit terrain construit par leur père devant leur domicile de Capljina, non loin des bords de la mer Adriatique. Ivan voulait devenir "le nouveau Kevin Durant". Dragan, lui, se rêvait en Dirk Nowitzki. C'est tout le mal qu'on lui souhaite.

Dragan Bender, c'est ça

http://www.dailymotion.com/video/x4bp0i1_dragan-bender-est-il-le-nouveau-porzingis_sport