L'enfant-roi
Avant de devenir le « King », LeBron James a d'abord été « l'élu ». « The chosen one ». Et dès le lycée. Celui qui méritait de se trouver en couverture d'un grand magazine sportif américain, reléguant au second rang les JO d'hiver. Parlez-en à Sports Illustrated. Question : combien de jeunes joueurs ont-il été couronnés du statut de futur très grand ? Surtout, combien ont-ils ensuite confirmé ? Et à cette vitesse ? Comme d'autres, LeBron James a grandi sous le feu des projecteurs. Comme d'autres, il a goûté très tôt aux appétits marketing des équipementiers (penser à sa signature chez Nike à plusieurs dizaines de millions de dollars). Mais lui a fait preuve de culot : il a dit non aux offres des plus grandes universités du circuit NCAA pour se mesurer à la crème de la crème. Un pari gagnant. La suite ? Dès sa première année dans la Grande Ligue, LeBron James remporte le titre de rookie de l'année. Contre les New Jersey Nets, il envoyait un premier avertissement. Signant 41 points. Et devenant ainsi, à 19 ans, le plus jeune joueur à avoir atteint les 40 points. La saison suivante sera celle de l'explosion. Janvier 2005 : il devient le plus jeune joueur à avoir inscrit un triple-double. Puis arrive mars. Et le 20 du mois. Le sophomore prouve qu'il a progressé. L'enfant d'Akron, ville proche de Cleveland, est bien le messie qui pourra mener les Cavaliers vers les sommets. Ou non.Un roi sans pouvoir
Au Canada, LeBron James n'est pas seulement devenu le plus jeune joueur à inscrire 50 points : il a réalisé la meilleure performance au scoring de l'histoire de sa franchise. A 20 ans, répétons-le. Devançant les 50 points de Walt Wesley, inscrits avec Cincinnati en février 1971. L'élu que Cleveland attendait, en somme. Mais un élu incapable d'offrir la victoire aux siens.« J'ai sûrement fait le plus grand match de ma carrière, mais ça ne sert à rien dans une défaite » lâche-t-il après la rencontre.Après un faiblard 3/20 au shoot face à Philadelphie, LeBron James s'est repris. Plutôt bien. Mais pas son équipe, défaite pour la neuvième fois de suite à l'extérieur. Le naufrage collectif gâche l'exploit individuel.
« Je savais que je ne ferai pas deux mauvais matches de suite. Mais je me fiche des statistiques individuelles. J'étais déçu d'avoir fait un aussi bon match et de repartir avec une défaite. »Au final, ce 20 mars 2005 est le parfait symbole d'une période de la carrière de LeBron James. Celle où ses performances individuelles n'ont pas suffi à guider son équipe vers le titre. Celle qui l'a poussé à faire « The Decision ». Et ainsi mettre plus de chances de goûter au succès final de son côté. Cette frustration culminant lors de la défaite face aux Spurs en finale en 2007. LeBron James sera toujours critiqué pour ce manque d'obstination, dont d'autres peuvent se vanter. Mais Cleveland, a contrario de grandes équipes que certaines stars n'ont jamais quittées, n'a jamais gagné de titre NBA. Être né quelque part...
Le discours d'un roi
Au Canada, LeBron James se trouvait face à Chris Bosh, l'intérieur des Toronto Raptors. Son bourreau d'un soir devenu ensuite son coéquipier. L'homme sur qui il a compté pour former son « Big Three » floridien, avec Dwyane Wade. Jamais personne n'avait planté 56 points aux Raptors. En janvier 2001, Allen Iverson avait bien tenté. Mais il en avait mis « que » 51. Alors Chris Bosh a été séduit. Résultat : à Miami, LeBron a (enfin) gagné. C'est en Floride que LeBron James a pris le pouvoir sur la Ligue. Devenant véritablement le « King ». En mars 2014, il inscrit 61 points face à Charlotte. Un nouveau record personnel, donc. Comme un symbole, ce record est effectué lors d'une victoire du Heat. Comme un symbole, LeBron James bat également par la même occasion le record au scoring lors d'un match de la franchise. Dépasse Glen Rice et ses 56 points inscrits en avril 1995. Et écrit ainsi une nouvelle page de sa carrière.« Il va battre beaucoup de records s'il continue de progresser » avait prédit Paul Silas, coach de Toronto, après avoir subi les 56 points du sophomore.Après avoir goûté au succès à Miami, LeBron James souhaite remettre ça. Mais chez lui, cette fois. « I'm Coming Home » a-t-il déclaré à Sports Illustrated. Le magazine qui en avait fait l'élu annonçait ainsi le retour du messie sur ses terres.
« Ma relation avec le nord-est de l'Ohio est plus grande que le basket. Je ne le réalisais pas il y a quatre ans. Aujourd'hui, si. »A Cleveland, LeBron James veut mettre une croix sur ce 20 mars 2005. En inscrivant 57 points face aux Spurs, Kyrie Irving lui a facilité la tâche, battant le record de la franchise qu'il avait établi face aux Raptors. A Cleveland, l'élu d'hier veut devenir le roi d'aujourd'hui.