All Star Stories : Chaos à Las Vegas

Coups de feu, bagarres, plus de 400 arrestations, un chaos complet autour d'un évènement pourtant très attendu et balisé.

All Star Stories : Chaos à Las Vegas

De manière très prosaïque, la cuvée 2007 du All Star Game NBA a été plus que respectable : Kobe Bryant marque 31 points et remporte logiquement son second titre de MVP avec son tout nouveau numéro 24 sur le dos. Tony Parker est sur le parquet, TMac régale encore, et LeBron James se pose définitivement comme le nouveau patron de l'Est, malgré une défaite 153-132. Les concours sont remportés par Gerald Green pour le dunk contest, et Jason Kapono pour le 3-point contest. Christina Aguilera assure le halftime show, Jay-Z et Beyonce son encore un jeune couple. Bref, un week end comme la NBA sait les organiser. Mais parlez de ces deux jours aux résidents de Las Vegas (oui oui, il y en a...) et vous allez voir quelques mines s'étirer et quelques visages changer de couleur.

Notamment celui d'Oscar Goodman, maire de la ville jusqu'en 2011. Peu après avoir démarré son mandat, l'édile se rend à New York pour rencontrer David Stern et lui proposer d'installer une franchise NBA dans le Nevada. La réponse du boss est simple. "Il m'a regardé droit dans les yeux et m'a indiqué qu'il faudrait lui passer sur le corps.  et qu'il n'accepterait jamais une franchise dans une ville qui parie 24h/24 sur des évènements sportifs" se rappelle un Goodman qui accepte la sentence mais continue de brosser le patron dans le sens du poil pour le convaincre doucement que les deux mondes peuvent cohabiter, entretenant même une relation de travail que l'on peut qualifier d'amicale et qui va les amener à voyager ensemble en Europe.

Las Vegas avait un potentiel à nul autre pareil. C'est une vraie ville de sport, et de basketball. UNLV l'a montré, et l'organisation de la Summer League aussi".

Stern écoute attentivement quand on lui propose au moins un All Star Weekend. Pas réellement convaincu certes, mais attentif. Il finit par céder en 2005. Sin City aura son évènement et l'annonce dantesque. La NBA remercie ses hôtes et prend comme toujours le contrôle des opérations, autour du Thomas & Mack Center avec des festivités interactives et des évènements au sein même de la communauté.


Le match aura été la fête attendue, les joueurs se prêtant volontiers aux sollicitations et animations d'usage pour engager le public à profiter de l'expérience Vegas au maximum. C'est le premier All Star Game organisé dans une ville ne possédant pas de franchise NBA. Les frères Maloof  qui dirigent les Kings de Sacramento qui ont fortement milité pour l'organisation de l'évènement avaient eux même considéré la possibilité de bouger les Kings dans le Nevada, mais aucune salle de calibre NBA n'était alors ni disponible, ni envisagée.

Pourtant de manière encore inexplicable la police locale perd la main et se voit débordée de toute part. “C'était un désastre" avouera Goodman. Des faits divers aussi violents que variés se propagent. Le videur du Minxx Gentleman’s Club and Lounge touché par balle (il finira paralysé), visé par une clique incluant l'ancien cornerback NFL Adam Jones. Même les employés les plus habitués aux folies "Vegasiennes" n'en reviennent pas. "Je ne pense pas que les gens étaient préparés à tout cela, précise Christine Zimmerman, barmaid historique du MGM Grand. Un jour noir pour le sport de réunion à Las Vegas puisque pour la première fois le contrôle a été totalement perdu, ce qui parait invraisemblable dans une ville qui accueille toujours du monde, de jour comme de nuit . Les visiteurs, fans ou touristes envahissent les lieux à tel point que les services de sécurité des casinos sont totalement dépassés, tout comme les forces de l'ordre. Des histoires de débauche circulent, que ce soit des gens urinant en public et au milieu de la rue, ou un corps qui tombe de la rampe de parking d'un casino. Les clients descendent de leurs taxis sans payer, et continuent leurs chemins en plein milieu de la route sur le Strip qui prend des allures de Gotham City dans The Dark Knight.

J'avais pourtant prévenu tous les patrons de casinos. De prendre des précautions, d'engager plus de sécurité pour certains soirs. Personne ne m'a écouté, et personne n'était prêt. C'est leur faute, pas celle de la ligue. C'était un sacré bordel, mais nus avons surmonté ça. La NBA a repris sa marche en avant" se défend Maloof. Un exécutif de la ligue reconnait même que "Las Vegas s'est tirée une sacrée balle dans le pied et son dossier a été mis sur le côté pour de bon". On vous laisse imaginer la tronche de Tonton David dans ses bureaux new yorkais.

Mais même si ce All-Star Weekend est maintenant presque oublié, il a permis au public de découvrir qu'une nouvelle opportunité s'offrait aux ligues professionnelles dans une ville d'entertainment permanent. La sacro sainte NFL ne s'y est pas trompée et y a installé les historiques Raiders, puis organisé le dernier Super Bowl avec succès. Quand on voit l'arrivée de cette fameuse sphère aux mille possibilités, on ne peut qu'imaginer le spectacle qu'offrirait une équipe locale. Et 2007 aura été une essentielle pour passer un cap, comprendre ce qui restait à accomplir, et de se dire que parfois, ce qui se passe à Vegas mérite d'être connu de tous.