Andrew Wiggins, ce n’est qu’un nouveau départ

Deux mois après avoir été drafté en première position par les Cleveland Cavaliers, Andrew Wiggins est attendu comme la nouvelle star des Minnesota Timberwolves.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
Andrew Wiggins, ce n’est qu’un nouveau départ
Andrew Wiggins peut déjà troquer sa belle casquette sang et or. Pas celle du RC Lens – qu’il conserve éventuellement dans son placard – mais des Cleveland Cavaliers. Un peu plus de vingt ans après Chris Webber, il est devenu le deuxième joueur de l’histoire de la NBA (ils sont trois si l’on prend en compte les archives de la ABA) drafté en première position à avoir été échangé avant de fouler les parquets de la plus grande ligue du monde. S’il peut mettre sa casquette aux enchères, il ne doit garder son sourire charmeur qui a fait de lui une star avant même de quitter le lycée. L’Ohio, le Minnesota, peu importe. Wiggins est un mec simple. Un jeune homme qui a appris à vivre dans la lumière des projecteurs. Une attention qu’il n’a jamais réclamée.
« Andrew est un bon gars. Il est classe, humble et respectueux », témoigne Rob Fulford, ancien coach de la nouvelle star des Minnesota Timberwolves à Huntington Prep HS. « Il se fichait des rumeurs, il voulait juste jouer au basket. Il s’en fiche que LeBron n’ait jamais cherché à lui parler. Il se fiche de ce que LeBron pouvait penser de lui. »
LeBron James n’a mentionné ni Andrew Wiggins, ni Anthony Bennett au moment d’évoquer les jeunes stars prometteuses des Cleveland Cavaliers dans sa lettre annonçant son retour dans l’Ohio. Ce n’était pas un oubli involontaire. Qu’on ne vienne pas nous faire croire que le ‘King’ n’était pas au courant que la franchise manœuvrait pour mettre la main sur Kevin Love au moment où il a accepté de faire son retour à Cleveland.

Andrew Wiggins, nouveau visage des Wolves

Un All-Star quitte le Minnesota et une superstar en devenir débarque. Kevin Love s’en va après six années passées à cumuler les points, les rebonds, les longues passes traversant le terrain à 100 km/h et les défaites dans le ‘money time’. Six ans et aucune qualifications en playoffs, pas même une saison à plus de 50% de victoires. Il va pouvoir corriger le tir dans l’Ohio. Andrew Wiggins débutera lui sa carrière au sein d’une franchise où il pourra se sentir désiré, et c’est l’essentiel.
[superquote pos="d"]"Wiggins est le meilleur lycéen depuis LeBron James" Flip Saunders.[/superquote]« Je veux jouer pour une équipe qui veut bien de moi », déclarait sobrement le surdoué lors d’une interview télévisée à l’occasion du shooting photo des rookies.
Il portait alors les couleurs des Cavaliers. Un mois plus tard, son maillot des Wolves floqués du numéro 22 est déjà en vente et nul doute qu’il sera bientôt sur les épaules des fans de la franchise. Après Kevin Garnett et Kevin Love, voici Andrew Wiggins. Un nouvel espoir pour une organisation qui se cherche désespérément une star capable de ramener l’équipe au sommet. Pour de bon, cette fois.
« Dans ce genre de situation (lorsqu’un All-Star veut quitter son équipe – NDLR), les franchises ont récupéré de bons joueurs en retour mais pas des superstars », explique Flip Saunders. « Andrew Wiggins est considéré comme le meilleur lycéen depuis LeBron James. »
Le Canadien n’a pas encore foulé une basket adidas sur un parquet qu’il est déjà attendu comme le messie à Minnesota. Néanmoins, les dirigeants se veulent patients et ils ont bien raison. Le nouveau prodige n’est pas encore prêt et les sceptiques sont nombreux à son sujet.

Minnesota, la meilleure destination ?

[caption id="attachment_127668" align="alignleft" width="300"] Andrew Wiggins, future star NBA.[/caption] Minnesota est-elle la franchise idéale pour un jeune homme aussi talentueux ? L’encadrement s’est surtout distingué pour ses mauvais choix et ses paris ratés depuis des années. Le passage de David Kahn à la tête de l’organisation a laissé des traces et a – directement ou indirectement – provoqué le départ de Kevin Love. Même si nous l’avions déjà évoqué, et sans vouloir remuer le couteau dans la plaie, on rappelle que Kahn a drafté trois meneurs de jeu avec trois choix au premier tour en 2009 (Ricky Rubio, Jonny Flynn et Ty Lawson) dont deux dans le top 10. Evidemment, il a passé la main sur Stephen Curry la même année et il a transféré Ty Lawson, le meilleur joueur des trois sélectionnés. En 2010, il a choisi Wesley Johnson plutôt que DeMarcus Cousins. Glen Taylor s’est lui octroyé le titre de plus mauvais propriétaire de la ligue depuis l’éviction de Donald Sterling. Il a cru bon de conférer à Flip Saunders les titres de président, actionnaire minoritaire et coach de la franchise. Ce dernier a donc un pouvoir supérieur à ceux de Gregg Popovich et Doc Rivers. Pourtant, on doute qu’il boxe dans la même catégorie que deux des quatre coaches en activité à pouvoir se targuer d’avoir déjà remporté un titre de champion NBA. D’autant plus qu’il n’est pas non plus réputé pour ses capacités à développer des jeunes talents. N’aurait-il pas été préférable pour Andrew Wiggins d’apprendre sagement en s’inspirant des méthodes de travail méticuleuses de LeBron James ?
[superquote pos="d"]"Il va développer son instinct de leader à Minnesota" Bill Self.[/superquote]« Tout le monde voudrait jouer avec LeBron James car cela vous garantit le succès », rappelle Bill Self, mentor d’Andrew Wiggins à Kansas. « Mais il va pouvoir développer son instinct de leader à Minnesota et c’est ce qu’il y a de mieux pour sa carrière. »
Les premiers choix de draft sont souvent attendus comme des stars ou des superstars en devenir. Encore plus lorsque l’on parle de Wiggins, first pick d’une cuvée annoncée comme sensationnelle. Le natif de Toronto est présenté comme le futur patron de la ligue depuis sa sortie du lycée. Depuis, les scouts, les coaches et les dirigeants ont revu leur jugement à la baisse. Toujours est-il que l’on tend à confier à un jeune joueur aussi doué un rôle important dès son arrivée en NBA et pas seulement les tâches défensives. Quel aurait été sa place dans la hiérarchie interne à Cleveland ? On le saura donc jamais mais Wiggins ne serait sans doute pas passé avant LeBron James et Kyrie Irving. Un premier choix reconverti en troisième option, voilà qui sonne faux au sein de l’univers NBA.

Un diamant brut à polir

Aux Wolves, Wiggins bénéficiera d’un statut de star en devenir qui convient mieux à son standing, même si lui-même est un garçon humble. Sûr de sa force mais humble. Il est conscient de ses capacités.
[superquote pos="d"]"Où que j'aille, je serai une star" Andrew Wiggins.[/superquote]« Où que j’aille, je serai une star », affirmait-il avant la draft.
A Minnesota, il aura l’occasion de le prouver. Le camp du joueur s’en réjoui et lui semble heureux de pouvoir occuper un rôle central au sein de l’organisation. C’est le plus important.
« Je n’hésiterai pas à responsabiliser Andrew Wiggins dès la première année », assure Saunders.
[caption id="attachment_172421" align="alignleft" width="300"] Un sourire de champion...[/caption] Justement, le gamin va devoir se faire violence. Si ses qualités athlétiques et ses talents de basketteur sont rarement remis en cause, son mental demeure le principal point d’interrogation des observateurs. L’ancien joueur des Jayhawks est un compétiteur et il a bien compris l’importance du ‘money time’ et le nécessité de se montrer lorsque le match est serré. Mais il a tendance à rester passif pendant de longues séquences de jeu. Une caractéristique qui lui a valu des premières critiques dès le lycée. Andrew Wiggins ne serait pas un ‘alpha dog’. Il lui manque cet instinct du tueur, cette envie de dominer son adversaire partout et tout le temps. C’est du moins l’avis d’une partie des scouts. Il n’est évidemment pas le seul jeune joueur prometteur à adopter cette attitude. Placé au sein de la mauvaise franchise et entouré essentiellement d’autres jeunes talents, les prodiges ont parfois tendance à lever le pied et à jouer sur courant alternatif. La présence de vétérans capables de les guider est essentielle dans ce genre de situation. Or, les Wolves alignent désormais l’équipe la plus jeune de la ligue avec les seuls Thaddeus Young (lui aussi débarqué dans le cadre du transfert de Kevin Love) et Kevin Martin comme patrons du vestiaire… Andrew Wiggins parviendra-t-il à développer des facultés de leader au sein de ce groupe ? Cette situation délicate pourrait-elle le forger et l’inciter à se faire violence ? On lui souhaite. Car même si son jeu présente encore certaines lacunes (shoot encore inconstant, aisance balle en main, etc), il a un talent indéniable et un potentiel attrayant.
« Il va faire une super saison rookie, il n’y a aucun doute là-dessus », assure Fulford. « Il sera meilleur en NBA qu’il ne l’était en NCAA. Le ciel est sa seule limite. »
Andrew Wiggins a connu un été difficile avec un premier transfert à gérer aussi tôt dans sa carrière. Rares sont les jeunes joueurs à passer par-là. Mais ne pleurez pas pour Andrew Wiggins, ce n’est qu’un nouveau départ.
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