Les Cavaliers ont refusé le combat

Les champions en titre n'avaient clairement pas la bonne attitude sur le parquet lors de ce choc contre les Warriors.

Les Cavaliers ont refusé le combat
LeBron James réfute toute idée d’une rivalité entre ses Cleveland Cavaliers et les Golden State Warriors. Soit. Ses arguments se tiennent. Le King prend pour exemple les nombreuses finales disputées par les Boston Celtics et les Los Angeles Lakers dans les années 80 lorsqu’il lui est demandé d’évoquer une rivalité mythique. Cavs et Warriors se sont rencontrés lors des deux dernières finales NBA. Ils ne sont pas encore au stade atteint par Magic Johnson, Larry Bird et leurs coéquipiers respectifs. Peu importe. Hier soir, les Warriors ont joué avec l’animosité, l’énergie et la détermination d’une équipe prête à faire tomber son rival.
[superquote pos="d"]"Les Warriors ont joué comme une équipe dos au mur." Tyronn Lue[/superquote]« Je ne m’attendais pas à ça », avoue Tyronn Lue, le coach des Cavs. « Ils ont très bien joué. C’est ce que font les champions. Ils avaient perdu les quatre derniers matches contre nous. Ils ont joué comme une équipe dos au mur. »
Ils ont joué comme des morts de faim. Mais pourquoi les Cavaliers, champions en titre, n’en ont pas fait de même ? Selon les rumeurs rapportées par ESPN quelques heures avant le match, le staff de la franchise de l’Ohio envisageait même de laisser ses trois superstars – LeBron, Kyrie Irving et Kevin Love – au repos pour le choc du MLK Day. Une décision qui serait évidemment très mal passée auprès de la ligue si elle avait vraiment été appliquée. Peut-être s’agissait-il simplement d’un coup de bluff, d’une nouvelle manœuvre psychologique dans la même lignée que les sorties médiatiques de James sur l’absence de rivalité en NBA. Peut-être que Lue savait ses joueurs fatigués au terme d’un long road trip qui les a menés d’un bout à l’autre de la côte ouest. Ses hommes ne sont pas au meilleur de leur forme en ce moment (le road trip est bouclé sur un bilan très mitigé : trois victoires et autant de défaites) mais aussi en période d’adaptation suite à l’arrivée de Kyle Korver. Peut-être craignait-il une blessure, sachant que Kevin Love était déjà touché au dos avant le match et qu’il n’a pas pu jouer la seconde mi-temps pour les mêmes raisons. Les Warriors, eux, n’avaient pas joué depuis jeudi dernier et ils attendaient les Cavaliers de pied ferme, le couteau entre les dents. Ce match à la mi-janvier, à quelques mois des playoffs et donc d’une éventuelle belle entre les deux formations, était quelque part presque destiné à accoucher d’un blowout. Les coaches n’aiment pas donner de la matière à leur vis-à-vis en alignant leur meilleur schéma tactique, surtout quand ils sont en position de force, ce qui était le cas des Cavs avant le match. Lue l’a bien mis en avant : c’est bien son équipe qui a (avait) gagné les quatre dernières oppositions. Ce sont aux Warriors de s’adapter, pas l’inverse, alors autant ne pas leur donner des indices sur une éventuelle stratégie à adopter. Dans ce cas-là, laisser les meilleurs joueurs au repos et accepter la défaite semblait presque programmé.

Une attitude indigne d'un choc pour les Cleveland Cavaliers

Mais même avec des circonstances atténuantes, les troupes de Cleveland ont manqué de panache au cours d’une partie dominée de bout en bout par des adversaires beaucoup plus inspirés et combatifs. [superquote pos="d"]La défense des Cavaliers a complètement explosé[/superquote]LeBron James n’a jamais été mené de plus de 29 points à la pause tout au long de sa carrière NBA et c’est bien l’écart affiché entre les deux équipes au moment de rentrer à la pause. Ses troupes ont été prises à la gorge d’entrée. Elles n’ont pas su riposter. A aucun moment. Elles se sont laissés battre avec violence.
« Ils nous ont mis dans le trou. Ils l’ont vraiment fait », confessait le King après coup.
Les Cavaliers n’ont pas même fait preuve d’une réaction d’orgueil quand Draymond Green a tamponné James. Avec hargne. Et en se moquant de lui après coup. Ils ont juste baissé la tête et ont continué à se faire malmener. Rater des tirs est une chose. Irving (6/19) et James (6/18) n’étaient pas dans un bon soir. Mais défendre avec si peu de conviction en est une autre. Perdus en défense, les joueurs de Cleveland ont été exposés par l’attaque en mouvement des Warriors. Ils étaient dépassés, largués sur les switches, en retard sur les rotations. Leur défense a littéralement explosé, notamment en première période (78 points encaissés en 24 minutes !). Impossible d’espérer ne faire ne serait-ce que figuration avec un manque de concentration et d’application aussi flagrant dans un secteur clé du jeu. Une autre attitude était attendue. Surtout après avoir autant parlé. Surtout après avoir autant célébré la victoire le soir du match de Noël remporté dans les ultimes instants grâce à Kyrie Irving. Au final, ils ont juste pris une belle rouste. Une correction similaire à celle infligée il y a un an, déjà le soir du MLK Day. Une défaite cinglante qui avait provoqué le renvoi de David Blatt. Un pareil scénario ne se reproduira pas maintenant que les Cavs ont remonté un 1-3 historique pour décrocher le premier titre de la franchise. Mais il y a une chose qu’ils ne doivent pas perdre de vue : il n’y a qu’en jouant à fond qu’ils peuvent battre les Warriors. Ils ont réussi un exploit incroyable mais en développant le basket le plus fou de la carrière de James, auteur de trois performances phénoménales, presque inhumaines. Il a fallu un King au-dessus de ses incroyables standards pour battre Golden State (et aussi une suspension de Green). Il y a bien une chose qui n’a pas changé : contre les Warriors, les Cavaliers ont très peu de marge. S’ils ne sont pas à leur meilleur niveau, la sanction est immédiate et douloureuse : une bonne claque dans la truffe. Comme hier soir quoi.