Finales NBA : Comment David Blatt a dominé tactiquement Steve Kerr

Critiqué depuis son arrivée sur le banc des Cleveland Cavaliers, David Blatt est en passe de prendre une belle revanche en dirigeant son équipe d'une main de maître en finale NBA.

Finales NBA : Comment David Blatt a dominé tactiquement Steve Kerr
Il y a LeBron James et ses performances surhumaines qui nous rappellent pourquoi le King est l’un des meilleurs joueurs de tous les temps à seulement 30 ans. Ses 41 points, 12 rebonds et 8,3 passes de moyenne sur les trois premiers matches des finales l’ont fait basculer dans une nouvelle dimension, lui qui évoluait déjà trois ou quatre tons au-dessus du reste de la ligue. Il y a Matthew Dellavedova, son cœur de guerrier, ses paniers improbables, ses prestations surprenantes et décisives, ses coups de vice et ses crampes. L’Australien est devenu la nouvelle coqueluche de la toile depuis son intronisation dans le cinq de départ des Cavaliers suite à la blessure de Kyrie Irving. [caption id="attachment_278475" align="alignright" width="318"] "Alors gamin, c'est qui l'patron ?"[/caption] Mais il y aussi David Blatt, si souvent oublié lorsqu’il s’agit d’expliquer et d’analyser le succès de cette équipe de Cleveland. Débarqué l’été dernier en provenance du Vieux continent, il a été catalogué parmi les coaches « rookies » alors que son palmarès en Europe parle pourtant en sa faveur. Il était la cible idéale de la presse lorsque les Cavaliers ont pris du retard à l’allumage. Il a tenu bon dans son rôle de bouc émissaire malgré les rumeurs de licenciement et celles selon laquelle les Cavs seraient en fait coachés par un tandem Tyronn Lue – LeBron James. Quelques mois après avoir été traîné dans la boue, David Blatt domine actuellement Steve Kerr, « vrai » coach rookie. Le duel à distance que se livrent les deux tacticiens tourne pour l’instant à l’avantage de l’ancien sélectionneur de la Russie.

Les paris gagnants de David Blatt

L’effectif des Cavaliers est plus limité, autant quantitativement que qualitativement, que celui des Golden State Warriors. David Blatt tourne avec une rotation très serrée depuis les blessures de Kevin Love et Kyrie Irving. Et pourtant, son équipe n’a toujours pas perdu en l’absence des deux lieutenants de luxe de LeBron (4 matches, 4 victoires). Pas de Big Three, pas de problème. Et pourtant, les joueurs de l’Ohio mènent deux manches à une en finale NBA alors qu’ils sont opposés à la meilleure équipe de la saison régulière, franchise qui possède aussi l’effectif le plus dense de la ligue. [caption id="attachment_278365" align="alignright" width="318"] Delly, le Joker de Blatt.[/caption] David Blatt a su tirer le maximum de son groupe. Matthew Dellavedova a évidemment été lancé dans le cinq par défaut – Irving étant out pendant trois à quatre mois – mais le coach des Cavs a trouvé une manière d’exploiter les capacités du meneur australien. Il n’a pas (trop) cédé à la tentation « small ball » malgré la perte de Kevin Love et la paire Timofey Mozgov – Tristan Thompson cause des difficultés à la raquette des Warriors. Le stratège utilise de petites tailles sur certaines séquences, et ce avec efficacité. L’unidimensionnel James Jones a par exemple une nouvelle fois contribué au succès de son équipe sur une courte séquence (7 pts en 10 minutes) hier soir.

Les coups de poker de Steve Kerr

Steve Kerr n’a pas mal coaché les deux derniers matches, finalement perdus de peu par les Warriors. Il a d’ailleurs tenté des choses, de nouveaux ajustements, de nouvelles stratégies, afin de faire déjouer des Cavaliers surprenants. Mais ces changements soudains sont-ils le témoin d’une volonté de trouver la meilleure combinaison possible ou résonnent-ils comme un premier signe de désespoir pour la franchise d’Oakland ? Très précieux tout au long de la saison, Draymond Green est en souffrance depuis le début des finales. Harrison Barnes aussi. Kerr a donc tenté un pari en lançant simultanément Stephen Curry, Klay Thompson, Andre Iguodala et Shaun Livingston. Un échec. Les Cavaliers ont pris le large et c’est finalement l’entrée en jeu de David Lee qui a permis aux Californiens de revenir dans le match. [caption id="attachment_207747" align="alignright" width="318"] David Lee apporte en attaque mais reste un problème en défense.[/caption] Là encore, on peut interpréter le choix tactique du staff de deux façons différentes : 1) Les coaches ont vraiment cru en David Lee et ils lui donc offert du temps de jeu 2) à court de solutions, Kerr a relancé son ancien All-Star alors que celui-ci n’avait presque pas été utilisé depuis le début des playoffs. L’intérieur a inscrit 9 points en 10 minutes dans le dernier QT et ses pick&roll avec Curry ont perturbé la défense des Cavaliers. Lee est promis à revoir le parquet d’ici la fin des finales NBA.

Stratégie défensive payante

A l’exception de ce sursaut d’orgueil dans le dernier QT, les Warriors ont assez peu inquiété la défense des Cavaliers hier soir. La stratégie défensive de David Blatt met à mal l’une des meilleures attaques de la NBA alors que celle des Warriors – pourtant réputés pour leur organisation en défense – montre ses limites face à LeBron James. Steve Kerr et ses sbires ont décidé de couper le King de ses coéquipiers et de le forcer à marquer ses points en ne faisant pas prise à deux sur lui. Au final, James arrose – 40% de réussite aux tirs – mais il tourne à 41 points de moyenne sur les trois premiers matches et a mené son équipe vers la victoire lors de deux d’entre eux.
[caption id="attachment_278155" align="alignright" width="318"] Face aux prises à 2 voire 3, LeBron a toujours trouvé le moyen de scorer.[/caption] « Ils font beaucoup d’isolations pour James. Mais bon, LeBron, c’est LeBron. Il pose des problèmes », admet Steve Kerr.
A Cleveland, la victoire passe principalement par LeBron James, le meilleur joueur du monde. Mais saluons tout de même le travail de David Blatt, dont les choix efficaces ont fait d’une équipe d’underdogs une franchise à deux victoires d’un titre historique pour tout un état.