Ce Red Mamba qui manque tant aux Spurs

Davis Bertans est l'un des joueurs les plus en forme du moment en NBA. Le shooteur letton rayonne aux Wizards, alors que Gregg Popovich se languit de lui.

Ce Red Mamba qui manque tant aux Spurs
Cette saison des San Antonio Spurs ressemble, une nouvelle fois, à celle qui verra la fantastique série de 22 participations consécutives de la franchise aux playoffs prendre fin. Les départs successifs de Tim Duncan, Kawhi Leonard, Tony Parker et Manu Ginobili, dans des conditions assez douloureuses pour deux d'entre eux, ont rendu la survie de cet accomplissement sportif assez critique. Malgré tout, Gregg Popovich a réussi tant bien que mal à maintenir le cap avec le savoir-faire qu'on lui connaît. Tout n'est pas perdu pour cette saison 2019-2020. Les Spurs ne sont qu'à deux victoires de la 8e place et, parmi les qualifiés virtuels, on trouve des équipes comme Phoenix et Sacramento qui n'ont pas le même savoir-faire sur 82 matches. Impossible de nier toutefois qu'il y a comme un parfum de lassitude et de difficulté à faire exister et performer ce groupe chez le légendaire Pop. Défensivement, les Texans sont plus perméables que jamais et les deux stars de l'équipe, LaMarcus Aldridge et DeMar DeRozan, ne respirent pas la joie de vivre. Ce qui manque dans cette entame d'exercice pour San Antonio, c'est un joueur capable de prendre une dimension inattendue et de donner un coup de fouet à un collectif à la confiance en berne. Un joueur à même de booster à 3 points une équipe qui n'a que le 19e pourcentage de la ligue en la matière. Davis Bertans aurait pu, ou même dû, être celui-là. Les fans des Spurs diront sans doute que le Letton n'a pas marqué les esprits lors de son passage au Texas, particulièrement en playoffs où ses trois campagnes ont été d'une discrétion problématique malgré 15 minutes de jeu par match en 2018 et 2019. Ils auront raison. Mais si Gregg Popovich déteste profondément aujourd'hui tout ce qui touche de près ou de loin aux New York Knicks, c'est parce qu'ils ont rendu la perte de Bertans, tradé à Washington durant l'été, bien plus douloureuse que ce qu'elle aurait dû être. A la base, San Antonio avait envoyé l'ailier de 27 ans aux Wizards afin de récupérer DeMarre Carroll, mais aussi et surtout de créer une mid-level exception pour recruter Marcus Morris, libre. Alors que ce dernier avait donné son accord à RC Buford pour un contrat de deux ans et 20 millions de dollars, les Knicks sont arrivés de nulle part pour "voler" Morris avec un deal plus court et lucratif. Davis Bertans, lui, a changé de sphère entre-temps.

Un létal Letton

De contributeur honnête à San Antonio, le Balte est devenu le quatrième shooteur à 3 points le plus prolifique de toute la NBA, derrière James Harden, Devonte Graham et Buddy Hield, en quelques semaines. Il reste quasiment 60 matches à jouer cette saison, mais l'ancien joueur du Partizan ne fait que gagner en confiance et en temps de jeu dans la capitale fédérale. A l'heure qu'il est, Scott Brooks voit même en lui un go-to-guy en alternance avec Bradley Beal quand l'arrière All-Star est serré de trop près. C'est à dire deux soirs sur trois. Sur le mois de décembre, Bertans s'est même porté à hauteur de Beal en termes de scoring tout court. Sur les 6 rencontres disputées jusque-là, Davis Bertans tourne à 23.7 points de moyenne (contre 25 pour Beal), mais avec une adresse nettement plus affolante que l'ancien de UConn. Le Letton est tellement bouillant que 12 de ses 15 tirs par match sont des shoots à 3 points et que 50.7% d'entre eux font filoche.
Il y a quelques années, Canal Plus avait suivi une séance d'entraînement au shoot de Léo Westermann lorsque celui-ci jouait au Partizan. On y apercevait Davis Bertans enchaîner les shoots extérieurs de manière complètement folle. Il n'était toutefois pas évident de se dire que ce don serait adaptable au plus haut niveau en NBA. Grâce au tutorat de Gregg Popovich et à la qualité du staff technique à San Antonio, Bertans est devenu bien plus. C'est d'ailleurs ce qu'avait expliqué Pop à Scott Brooks au moment d'évoquer le trade de l'intéressé. "Tu as récupéré un joueur qui est plus qu'un shooteur". A Washington cette saison, celui qui est en train de récupérer le costume de Red Mamba délaissé par Matt Bonner parvient à manier le ballon, à se créer son propre shoot, mais aussi à exécuter sur pick and roll avec un intérieur. Si les Wizards, en dépit de leur bilan médiocre (12e à l'Est), ont une attaque champagne, c'est aussi grâce à l'étincelle provoquée par Davis Bertans. A chaque match qui passe, l'agent du Balte se frotte les mains. En fin de contrat l'été prochain, son poulain pourra prétendre à bien plus que ses 7 millions de dollars annuels actuellement. Washington va observer jusqu'à quel niveau Bertans peut se hisser et devra ensuite prendre une décision. John Wall n'est pour l'heure plus un joueur de basket, mais son contrat colossal court toujours. Beal, souvent évoqué dans des rumeurs de trade, est censé être le franchise player. Les Wizards leur doivent 70 millions de dollars rien que sur la saison prochaine. Si D.C. s'aligne sur ce que proposeront d'autres équipes - possiblement jusqu'à 20 millions la saison - il faudra être sûr que Bertans peut être l'une des pierres angulaires du projet. Le n°42, de son côté, a largement le temps de faire encore grimper sa cote.

Les stats de Davis Bertans en 2019-2020

Season Team G Min FGM FGA FG% 3PM 3PA 3P% FTM FTA FT% OR DR Reb Ast TO Stl Blk Pts
2019-20 WAS 23 28:56 5.2 11.0 47.4 4.0 8.6 46.5 1.2 1.4 87.5 1.0 3.7 4.7 1.6 1.6 0.6 0.6 15.7