DeMarcus Cousins, un héros pas comme les autres

Les Sacramento Kings sont officiellement l'équipe de DeMarcus Cousins. Après trois ans de frasques en tout genre, le pivot tête de lard et bourré de talent se dit prêt à devenir un leader.

DeMarcus Cousins, un héros pas comme les autres
DeMarcus Cousins est un paradoxe. Il est un joueur bourré de talent qui compile les statistiques mais pourtant tous les analystes ne cessent de rappeler qu’il est encore loin d’avoir explosé. Il est un monstre de la nature capable de dominer n’importe quel adversaire au poste bas mais pourtant il s’entête à arroser à mi-distance malgré un pourcentage désastreux. Il est un gamin de 23 ans présenté comme immature depuis son arrivée dans la ligue, qui cumule les fautes techniques – numéro un de la ligue dans ce domaine – les embrouilles et les suspensions mais pourtant les Sacramento Kings lui ont filé les clés de la franchise. Comme titrait récemment Sports Illustrated, Cousins est « très immature mais il vaut tout de même un contrat maximum ». Un paradoxe. Dès son arrivée dans la ligue, les Kings ont misé sur le développement de DeMarcus Cousins. Cinquième choix de draft à sa sortie de Kentucky, le natif de Mobile (Alabama) a immédiatement fait parler ses qualités près du cercle. Ses 82 premières rencontres NBA ont suffi à convaincre ses (anciens) dirigeants que le pivot tête de lard avait les capacités nécessaires pour dominer la ligue dans le futur. Depuis ? Cousins a consumé deux coaches en trois saisons, – le malheureux Paul Westphal, licencié après une embrouille avec DMC puis Keith Smart, pourtant promu pour sa bonne entente avec le joueur – est devenu la cible numéro un des arbitres en raisons de ses perpétuelles pleurnicheries, s’est battu avec son ancien coéquipier Donte Green, a été suspendu par la ligue et pas sa franchise et s’est même embrouillé avec Sean Elliott, ancien joueur devenu commentateur TV ! La totale. Son ami Patrick Patterson, recruté la saison dernière par les Kings en espérant qu’il pourrait recadrer Cousins, témoigne :
 [superquote pos="d"]"Quand je suis arrivé ici, je n’ai pas reconnu DeMarcus" Patterson[/superquote]"Quand je suis arrivé ici, je n’ai pas reconnu DeMarcus Cousins. Je ne sais pas si c’était dû aux résultats de l’équipe, à la situation ou à d’autres problèmes mais ce n’était pas le même DeMarcus que celui que j’ai connu à Kentucky", explique-t-il au Sacramento Bee.
L’enjeu pour les Kings consiste à recadrer une bonne fois pour toute le pivot archi-doué. Miracle ou mirage, ce dernier semble (enfin) sur la bonne voie !

Nouvelle atmosphère, nouvelles attitudes

La franchise californienne a pris un tournant à 180 degrés depuis avril dernier. Alors que les Kings étaient en passe de disparaître pour faire renaître les Seattle Supersonics, un fond d’investissements mené par Vivek Ranadive a mis de l’argent sur la table (environ 530 millions de dollars, un record NBA) pour racheter l’équipe aux frères Maloof. Qui dit nouveaux proprios dit nouveaux dirigeants et nouveau staff. A peine arrivé, Ranadive et ses sbires ont tenu à mettre les choses au clair : DeMarcus Cousins sera le prochain visage de la franchise. Ce dernier a immédiatement été mis au courant. Le nouveau GM, Pete D’Alessandro, a rapidement souhaité s’entretenir avec son champion. Idem pour le nouveau coach, Mike Malone, débarqué du staff des Warriors. Touché par toutes ces preuves d’amour, DeMarcus Cousins ne masque plus son bonheur :
« Je suis très excité de la direction que prend la franchise et je suis heureux de faire partie de ce projet. Je vais tout donner pour tirer profit de cette nouvelle opportunité. »
Le profit s’est justement officialisé quelques semaines plus tard pour DeMarcus Cousins. Les dirigeants ont fait de lui une priorité et ils lui ont donc offert un contrat maximum à hauteur de 62 millions de dollars sur quatre saisons. C’était dans l’air, c’est maintenant officiel : les Sacramento Kings appartiennent à DeMarcus « Boogie » Cousins !

Nouveau deal, nouvelles responsabilités

Pour certains observateurs, les Kings se sont tirés une balle dans le pied en offrant un tel contrat à un joueur immature qui n’a jamais su faire gagner son équipe. Mais pouvaient-ils vraiment en faire autrement ? Potentiellement, DMC peut dominer la ligue, on l’a dit. La combinaison puissance-agilité du bonhomme fait de lui un pivot capable d’aligner régulièrement des matches à plus de 25 points et 12 rebonds. On suppose que ce sont les statistiques espérées par le staff de Sacramento. Mais avant d’évoquer les chiffres, ces derniers veulent voir Cousins embrasser un nouveau rôle sur le parquet. Le jeune homme doit s’imposer comme le leader incontesté de sa franchise, et ce n’est pas une mince affaire.
« C’est dur d’être un leader car il faut être prêt à donner l’exemple chaque jour et plein de joueurs ne veulent pas faire ça, » explique le coach, Mike Malone. « C’est un processus mais DeMarcus est bien parti pour être le leader de cette équipe. Il a été génial jusqu’à présent. »
Leader vocal du cirque des Kings depuis deux saisons, le très sérieux Isaiah Thomas a lui aussi noté un changement d’attitude de la part de son coéquipier.
« DeMarcus pensait que je plaisantais lorsque je lui ai dit qu’il avait une super attitude, » raconte le meneur des Kings. « Même lorsqu’il s’est pris un coup (de Chris Kaman – NDLR) il est revenu en défense. Avant, il serait allé parler avec les arbitres plutôt que de revenir défendre. »

2014, année de la rédemption ?

Revenons aux chiffres. Si DeMarcus Cousins s’est apaisé (du moins pour le moment, pourvu que ça dure), il demeure une machine incontrôlable pour les défenses adverses une fois lancé sur le parquet. Le pivot a dominé son sujet durant la pré-saison. Sa feuille de statistiques est simplement royale : 19,3 points et 8,7 rebonds en six matches en seulement… 24 minutes de jeu en moyenne !!!!! Alors certes, Cousins a encore de nombreuses lacunes comme sa défense (catastrophique) ou sa sélection de shoots. Les Kings espère que Shaquille O‘Neal saura devenir le mentor idéal pour le pivot. D’ailleurs la légende entend faire de son nouveau poulain :
« Le meilleur pivot de la ligue ».
Nul doute que l’intérieur de Sacramento en a les capacités. Il semble plus concentré et il est même revenu sur ses déboires des années précédentes :
[superquote pos="g"]"Je vais faire de lui le meilleur pivot de la ligue" Shaq[/superquote]« Je n’étais pas heureux pour être honnête. J’avais l’impression que l’on n’allait jamais de l’avant, que l’on bossait pour rien. On ne savait pas à quoi s’attendre. »   « Je sais que j’ai fait plein de choses stupides. J’aurais pu agir différemment dans bien des situations. Je m’en suis voulu pour ça. »   « Quand j’ai fait ce genre d’erreurs – les expulsions, les fautes techniques – je n’étais pas un bon coéquipier. Je ne pensais pas à eux mais seulement à moi. »
Moins égoïste, Cousins deviendra-t-il un meilleur leader ?
« Pour les critiques, le leader est toujours le mec sympa. Moi, je vais tout donner sur le terrain. Je serai le premier à la salle, le dernier à partir. Je serai le leader de cette équipe. Et je vais le prouver sur le terrain. C’est ça être un leader. »
S’il passe réellement un cap, les Kings vont faire très mal à l’avenir. Cependant, nombreux sont les joueurs à promettre monts et merveilles chaque été avant de replonger dans leurs travers quelques mois plus tard. Si jamais DeMarcus Cousins échoue, il restera un pivot aussi imprévisible que spectaculaire à voir jouer. Même sans gagner des matches, on appréciera toujours de le voir s’énerver, gueuler, se frapper la tête tout en marquant 25 points en 23 minutes à 6/18 aux shoots. Un paradoxe, on vous dit…