Ce qu’il faut retenir du Final Four

Le Tournoi NCAA a pris fin la nuit dernière avec la victoire de Duke. Voici ce que l'on a retenu de ce Final Four.

Les vedettes du coaching dans la place

En général, le Final Four et même l'Elite Eight un peu plus tôt, sont rarement conformes aux attentes et les têtes de série tombent traditionnellement comme des mouches sans pouvoir confirmer leur bonne saison régulière. A l'exception de Villanova, les trois autres cadors désignés par la NCAA (Kentucky, Duke et Wisonsin) ont survécu jusqu'au dernier carré cette saison, en compagnie de Michigan State. Force est de constater que ces quatre facs possèdent des coaches considérés soit comme des légendes du basket universitaire (Mike Krzyzewski et John Calipari), soit comme des incontournables de l'association (Bo Ryan et Tom Izzo). L'an passé, tout ex-NBAer qu'il était, Kevin Ollie n'avait clairement pas le même CV en NCAA que les techniciens présents lors de cette cuvée. "Coach K" est évidemment le grand gagnant de cette saison, avec un 5e titre national décroché pour garnir un palmarès où figurent également deux titres olympiques et deux championnats du monde avec Team USA. S'il comptait dans ses rangs quelques possibles futures pointures de la NBA (Jahlil Okafor ou Justise Winslow), Krzyzewski n'avait pas l'équipe la plus théoriquement talentueuse du lot. Calipari, lui, vivra forcément cette campagne comme un échec, alors qu'il avait une armada suffisamment effrayante pour lui donner envie de boucler la saison sans la moindre défaite. Bo Ryan, lui, a le mérite d'avoir développé un projet sur plusieurs saisons autour de Frank Kaminsky et d'un basket collectif et académique. A la tête de l'équipe depuis 14 ans, ce coach respecté devra repartir de zéro ou presque l'an prochain sans Kaminsky et Sam Dekker. Enfin, Tom Izzo a encore fait du Izzo en déjouant les pronostics et en s'affirmant comme l'un des tacticiens les plus solides du lot, avec cette capacité à sublimer des joueurs pourtant pas considérés comme des éléments d'élite.

Okafor comme Davis ?

UConn l'an dernier et en 2011, Louisville en 2013, Duke en 2010, North Carolina en 2009 ou Kansas en 2008. Aucune de ces équipes sacrées championnes dans l'histoire récente n'avait en son sein un joueur annoncé dans le top 3 de la Draft. En règle générale, ce sont donc davantage des collectifs et des joueurs aguerris, sans véritable starlette, qui décrochent le Graal. Seul Kentucky, en 2012, pouvait s'appuyer sur Anthony Davis, dont le début de carrière en NBA est encore plus réussi que ce que l'on pouvait imaginer lorsqu'il portait le maillot des Wildcats. Histoire d'imiter le All-Star des Pelicans, Jahlil Okafor a survécu aux attentes et mené son groupe jusqu'au titre, même si c'est Tyus Jones qui a remporté le trophée de MOP du Final Four. Lui aussi natif de Chicago, Okafor a moins marqué les esprits que "Unibrow" et affiché quelques lacunes compréhensibles, mais cette victoire donne au moins la certitude que le garçon a un mental de gagnant. Interrogé il y a quelques mois sur son statut de favori pour être le top pick en juin prochain, le jeune pivot avait déclaré : "Quand je me suis inscrit à Duke, je ne me suis pas dit : Allez, une année à tirer et je peux aller en NBA et être le n°1. La seule chose à laquelle je pense depuis le premier jour, c’est le titre national. C’est tout ce qui m’importe". Grâce à un footwork et un instinct assez phénoménaux pour un joueur si peu expérimenté, Jahlil Okafor devrait faire le bonheur de l'équipe qui sortira victorieuse de la loterie.

Les joueurs qui ont marqué les esprits

Tyus Jones (Duke)

23 points et un tir à 3 points décisif en finale, son titre de Most Outstanding Player vaut surtout pour ce match. Sa cote auprès des scouts NBA, toujours avides de joueurs avec du sang froid, ont probablement revu leur copie et on devrait le retrouver dans le top 20 voir aux portes du top 15 lors de la prochaine Draft.

Grayson Allen (Duke)

Peu utilisé en saison régulière (9 minutes/match), l'arrière freshman a joué les héros improbables en finale (16 points) après avoir inscrit 9 points face à Michigan State. Il fait partie de ceux qui vont bénéficier du départ en NBA des trois leaders de l'équipe, Okafor, Winslow et Jones.

Justise Winslow (Duke)

Un peu décevant en début de saison, il a pris confiance en cours de route sous la coupe de Coach K et a été absolument parfait durant le Tournoi. Si ses statistiques sont moins explicites que certains de ses coéquipiers, Winslow a inscrit 19 points en 29 minutes contre Michigan State, tout en étant le leader de son équipe aux rebonds et en défendant trois positions. Une machine !

Sam Dekker (Wisconsin)

Il est passé de certitude du 1er tour à lotery pick potentiel en quelques matches. Crucial contre Kentucky (16 pts à 6/9) il a été un peu moins en vue en finale, ce qui ne devrait pas empêcher les franchises NBA de se pencher sur son cas avant le milieu de tableau l'été prochain. Sa longueur et sa polyvalence en font un atout certain à l'aile et les adversaires des Badgers s'en sont rendus compte lors de ce Tournoi.

Frank Kaminsky (Wisconsin)

Irréprochable d'un bout à l'autre de la saison et du Tournoi. Lors du Final Four, le pivot des Badgers a été de tous les bons coups, inscrivant notamment 20 points contre la supposée invincible raquette des Wildcats, puis 21 points et 12 rebonds en finale, Jahlil Okafor étant pénalisé rapidement par sa faute. On a hâte de voir quelle franchise NBA saura exploiter son profil de stretch-5 entre la 15e et la 25e place au 1er tour, voire un peu plus haut.

Branden Dawson (Michigan State)

Une boule d'énergie capable d'avoir un impact des deux côtés du terrain. Avec 9 points, 11 rebonds et 4 contres face aux Cardinals, puis 12 pts, 7 rbds et 2 ctres contre Duke, Dawson a confirmé qu'il avait bien passé un cap cette année, pour sa dernière saison en NCAA. Capable d'évoluer poste 3 ou poste 4, il est probable qu'on le retrouve au 2e tour lors de la prochaine Draft. Son profil n'est pas si fréquent en NBA.

Denzel Valentine (Michigan State)

15 pts, 7 rbds et 6 pds contre Louisville, 22 pts et 11 rbds face à Duke, l'arrière des Spartans est l'une des révélations du Tournoi et l'une des raisons pour lesquelles Tom Izzo a pu emmener son équipe aussi loin. Pour le moment, on ne sait pas s'il pourra être pris au 2e tour en juin. Il lui reste l'option de rester à Michigan State.

Karl Towns (Kentucky)

Le fait que les Wildcats n'aient pas pu passer l'obstacle Wisconsin ne doit pas minimiser l'impact qu'a eu Karl Towns sur l'équipe dans ce Tournoi. Dominateur contre Notre Dame en Elite Eight (25 pts, 5 rbds, 4 pds), le Dominicain a fait de son mieux face aux Badgers (16 points, 9 rbds) et a simplement souffert d'un petit manque d'expérience pour permettre à son équipe de poursuivre son parcours sans faute. On le verra au plus haut niveau l'an prochain et sauf surprise dans le top 3 de la Draft.