La Tribune du Tsar – Angelo Tsagarakis

Pour le lancement de notre nouvelle rubrique « Tribune », Angelo Tsagarakis évoque son « compatriote », le monstre Giannis Antetokounmpo.

La Tribune du Tsar – Angelo Tsagarakis
Comme vous allez le voir dans les prochains jours et les prochaines semaines, BasketSession va pas mal évoluer cette saison. Première nouveauté, une rubrique « Tribune » dans laquelle VOUS pourrez vous exprimer. Fans, joueurs amateurs, joueurs pros, activistes et acteurs de la communauté, ou encore coaches : tous les amoureux de la balle orange qui le désirent - et qui ont quelque chose à dire - pourront y trouver un espace d’expression un peu plus grand que les 280 signes un peu restreignants de Twitter. Pour cette première, nous avons fait appel Angelo Tsagarakis qui a souhaité écrire sur son « compatriote », Giannis Antetokounmpo. Si vous aussi souhaitez écrire et être publié, n’hésitez pas à nous soumettre votre Tribune sur notre adresse contact : contact@reverse-mag.com. En attendant, on vous laisse avec le Tsar qui évoque la Star La saison NBA 2019-2020 n’avait même pas encore repris officiellement que les débats faisaient rage sur les différents classements que nous ont proposé les « supposés » (ne voyez pas là une ironie quelconque de ma part...) sites spécialisés américains. LeBron James n’est plus numéro 1 (première fois depuis 2012) et Kawhi Leonard accompagne gracieusement le Greek Freak Giannis Antetokounmpo en tête de la majorité des listes. Aujourd’hui, je ne viens pas débattre de l’absence de Kevin Durant dans tous ces classements (l’homme est blessé, laissons-le revenir à son rythme) ou de la niaiserie profonde de classer Klay Thompson hors du Top 15/20 et de le mettre aussi bas que la 49ème place ou quelque chose comme ça... non. Aujourd’hui, je vais gribouiller spontanément en essayant de ne pas vous perdre en chemin et en commençant par mon compatriote grec Giannis Antetokounmpo ... jeune MVP fraîchement couronné, qui au-delà de sa progression constante depuis ses débuts en NBA a encore une marge de progression absolument terrifiante. Imaginez un peu qu’un jeune homme de 25 ans qui tourne à plus de 27 points, 12 rebonds et presque 6 passes par match nous donne la sensation d’à peine effleurer son potentiel. Le garçon n’a toujours pas de vrai jeu posté (bien que j’ai fort apprécié le turn-around baseline que j’ai pu apercevoir en présaison) avec des go-to moves performants qui lui permettent de diversifier sa panoplie offensive et d’empêcher les prises à deux permanentes. Pas de fade-away... dribble step-back... face up pull-up dans la tronche du défenseur (Kevin Garnett style) en options fiables pour affoler les compteurs, et pourtant le Freak démembre inlassablement les velléités de tous défenseurs (au-delà de Horford et Kawhi jusqu’à preuve du contraire). La clé pour débloquer tous les packages offensifs encore à sa disposition est simple et est identifiée par tous. Même les twittos du dimanche peuvent se targuer d’avoir mis le doigt sur la seule réelle carence du Greek Freak dans son jeu : son shoot extérieur ! Soyons tous fiers d’avoir eu cette révélation dans notre sommeil, que le feu... brûle et que l’eau... mouille (référence « Charly et Lulu » pour les anciens) et que Giannis Antetokounmpo... doit améliorer son shoot. Mais il existe une réelle lueur d’espoir de voir le potentiel infini de Giannis continuer d’éclore devant nos yeux, car le garçon – contrairement à d’autres – n’a pas une gestuelle disgracieuse ou mauvaise techniquement parlant, au contraire ! Et c’est plutôt remarquable sachant la taille ahurissante de ses mains/doigts qui englobent le ballon tel « une pamplemousse » (dédicace à George Eddy). Sa technique est très correcte, voire bonne au niveau de sa main droite : le fouetté du poignet est propre et ne vrille pas ; la main reste donc bien alignée avec le cercle. On a pu voir une réelle progression dans son pourcentage de réussite à trois-points tout au long de la saison dernière et ce n’est pas étonnant. Son shoot pourra passer un cap dans la fiabilité et la constance quand il réussira à corriger le positionnement de sa main gauche, qui est trop en retrait et se retrouve derrière la balle et non en soutien sur le côté. Cependant, je pense qu’il a dû opter pour cette posture afin de développer une sensation de contrôle avec le bout des doigts sur le ballon (à cause de la taille exagérée de ses phalanges). Il faut bien commencer quelque part. Son shoot était encore trop lent la saison dernière, car il est important pour lui de bien placer ses mains sur le ballon pour conserver ce touché nécessaire au ressenti de son tir. Le placement de sa main gauche y est évidemment pour beaucoup. Mais avec un artiste comme Kyle Korver comme coéquipier et son éthique de travail acharnée (paixtara mou !) le futur semble plus que jamais FREAKY. On voit déjà un aperçu en présaison de ce travail dont il est question. Hâte de voir la suite de son développement. Les Bucks sont très bien armés pour faire mieux que la saison dernière, malgré les pertes de Malcolm Brogdon et Nikola Mirotic, qui sont particulièrement dommageables vis-à-vis du style de jeu prôné du côté de Milwaukee. Les arrivées de Korver, Wesley Matthews et Dragan Bender compensent largement, sans oublier l’évolution constante de Pat Connaughton qui devrait se poursuivre. Ils ont aussi signé pour deux ans le grand frère de Giannis, Thanasis Antetokounmpo, geste que beaucoup considéreront « commercial » de la part des Bucks, afin peut-être de mettre un argument supplémentaire dans la balance quand il sera l’heure de négocier sa prolongation de contrat à l’approche de la Free-Agency. Personnellement je pense que c’est un recrutement intéressant de leur part et cela pour plusieurs raisons. Premièrement, Giannis fera face cette année à la pression nouvelle d’être le grand favori pour sortir à l’Est. Il a également un nouveau statut de MVP à défendre et le fait d’avoir le soutien inconditionnel de son grand frère, au quotidien, ne peut être qu’une bonne nouvelle à cet égard. Ça n’aura peut-être aucun impact supplémentaire, mais j’ai tendance à ne pas sous-estimer le surplus de stabilité émotionnelle qu’implique la proximité familiale. Deuxièmement, Thanasis est un superbe athlète et un bien meilleur basketteur que la plupart des gens ne l’accepte. Il a démontré la saison dernière par séquences (mais également cet été sous la tunique de l’équipe nationale) qu’il pouvait être un joueur d’impact. Il est excellent dans les courses en transition, généreux en défense et capable de punir à trois-points avec une gestuelle de tir très propre. Il est certes exubérant et parfois dans l’excès démonstratif, mais c’est un joueur altruiste qui se fond rapidement dans un collectif et j’anticipe que son expérience du côté de Milwaukee soit plus intéressante que prévue. Ayant dit tout cela, je pense tout de même que, dans la perspective de resigner Giannis en fin d’année, les Bucks misent pleinement sur l’affectif en signant Thanasis. Ce n’est rien de nouveau, les Dallas Mavericks ont été « accusés » de se placer dans un recrutement potentiel du Greek Freak en récupérant Kostas Antetokounmpo (le petit frère de Giannis) la saison passée. Cependant, les mauvais résultats collectifs de la franchise ont définitivement mis fin à leurs espoirs dissimulés de pouvoir séduire un Greek Freak, qui est lui plus que jamais obnubilé par un titre de champion. Je vous rassure, les Milwaukee Bucks ont bien plus d’arguments de leur côté pour tenter de sécuriser une prolongation du contrat de Giannis sur du long terme, mais aucun détail n’est à ignorer sur probablement LE dossier le plus important dans l’histoire de la franchise. Un questionnement particulièrement intéressant est mis en avant au moment de considérer la nouvelle signature ou re-signature à venir du Greek Freak. La NBA est un véritable business et les choix de destination des uns et des autres sont souvent influencés par des opportunités extérieures au terrain. On parle toujours de la difficulté des petits marchés (tel Milwaukee par exemple) à pouvoir conserver un gros poisson sur le long terme. Et on atteste toujours d’une certaine fatalité dans les choix de destination éventuelle des grandes stars de la ligue. Shaq a quitté Orlando pour se retrouver à L.A. Garnett a quitté Minnesota le cœur en peine après avoir tout donné à son premier club durant près de dix ans et est parti rejoindre la tradition Celtics pour glaner son premier et seul titre en carrière. Dwight Howard est lui aussi parti à Los Angeles quand il était vraisemblablement encore considéré comme un joueur premium en NBA... Kevin Durant est parti à Golden State et a désormais rejoint les Nets à Brooklyn (donc New York), les Tres Amigos (LeBron, Bosh et Wade) ont certes créé une nouvelle mode du « copinage » (aux antipodes de la culture NBA traditionnelle), mais ils se sont rejoints à Miami... pas à Memphis ou Phœnix. J’ai donc abordé ce sujet de discussion avec mon mentor, Dominique Bukasa, en lui disant que je pense que Giannis va resigner aux Bucks. Chose à laquelle il m’a répondu « Not happening. He’s gone. Probably to the Lakers eventually ». En approfondissant la conversation, il m’a expliqué que la situation de Giannis est très similaire à celle de Garnett époque Minnesota. Les Bucks seront compétitifs, mais ne pourront pas s’installer durablement comme candidat au titre car Milwaukee ne se présentera jamais comme un eldorado potentiel pour les gros free-agents. Business is business. Les contrats publicitaires et multiples sponsors incitent et pressionnent (je crois que ce mot n’existe pas, mais tout le monde comprend) leurs clients à rejoindre un marché plus lucratif, plus exposé au monde et au développement commercial. Un concept sourd, non-dit mais clairement ressenti aux États-Unis est que tu peux être quelqu’un, mais tu ne seras jamais vraiment QUELQU’UN tant que tu n’es pas quelqu’un à LA, New York, San Francisco, Chicago ou Miami... Même Boston perd la bataille des free agents la plupart du temps ces dernières années et si le « Celtic Mystic » survit, c’est grâce à un management de haut vol et une capacité à avoir le nez creux lors de la draft. Qu’en sera-t-il donc de Giannis Antetokounmpo ? Il a communiqué de nombreuses fois à la presse qu’il préfère être dans un petit marché comme Milwaukee ; que le mode de vie et la pression des gros marchés ne lui conviennent que très peu. Il clame haut et fort son amour à son club de cœur, club qui lui a donné sa chance de devenir celui que le monde connaît désormais sous le nom de Greek Freak. Mais qu’en sera-t-il si les Bucks échouent cette année encore aux portes de la finale NBA (ses dernières déclarations montrent d'ailleurs une légère évolution sur le sujet - ndlr) ? Dominique me dit que seul le titre ou peut-être encore une finale NBA pourraient l’inciter à resigner avec Milwaukee, mais ce ne serait que passager. Comme un LeBron James à Cleveland, si Giannis ramène le Graal ultime à Milwaukee, n’aurait-il pas gagné le droit de donner à sa carrière une chance de passer un véritable palier en allant réécrire l’histoire dans l’une des franchises les plus admirées et reconnues au monde ? Ou n’aurait-il pas plus à gagner en s’inscrivant dans la lignée des rares légendes NBA qui auront fait toute leur carrière au sein d’une seule et même franchise tel un Kobe Bryant, Tim Duncan, Dirk Nowitzki, John Stockton ou Karl Malone ? (ne me parlez pas de son passage à LA s’il vous plaît). Le CEO de Nike Mike Parker faisait le bilan cette semaine (26 Septembre 2019) de l’impact financier à l’international de la sortie du premier modèle personnalisé de Giannis, la Zoom Freak 1. Il s’avère que ce modèle est devenu le lancement initial le plus volumineux dans l’histoire de Nike Basketball... sans même parler des produits dérivés, telle la série de Tee-shirts « The Freak » qui est arrivée rapidement à épuisement. Être dans un petit marché ne vend pas, disaient-ils ! Et si Giannis Antetokounmpo était l’homme qui allait permettre de redistribuer les cartes et donner aux petits marchés ce glamour qui n’a jamais été le leur ? On le souhaite à Milwaukee de tout cœur. Suivez Angelo Tsagarakis sur ses réseaux : Instagram : @in_tsar_gram Twitter : @actsagarakis Facebook : Angelo Tsagarakis Graphisme : Dunkakis

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