[ITW] Killian Hayes, son ascension, les critiques et Wembanyama

On a pu discuter avec Killian Hayes, à la veille du NBA Paris Game 2023 entre Detroit et Chicago.

[ITW] Killian Hayes, son ascension, les critiques et Wembanyama

Killian Hayes et l'attraction principale du NBA Paris Game 2023 qui se tiendra jeudi soir à l'Accor Arena. Un Français titulaire dans une équipe NBA sous les yeux d'un public de compatriotes, ça n'arrive pas tous les jours et le meneur des Pistons va profiter de chaque instant.

Il était mercredi matin sur les Champs Elysées, à la Puma House de la Maison du Danemark, pour répondre aux questions de quelques médias dont nous faisions partie.

Killian, ce doit être un contexte ambigu pour toi ce Paris Game, entre le fait que ce soit un match officiel, mais aussi que ce soit en France ?
C'est une énorme opportunité pour moi de venir jouer devant ma famille et mes amis. Je suis très excité d'être là. C'est clair que c'est particulier, mais il ne faut pas oublier notre objectif : gagner jeudi. Ca reste un match de saison régulière. Pouvoir jouer devant le public français et ma famille en France, qui ne m'a pas vu jouer depuis Cholet, ça va être vraiment lourd pour moi. J'ai hâte, vraiment, l'opportunité ne va pas se présenter deux fois, je pense. Donc mon équipe et moi, on est très excités. Je vais être titulaire et dans une bonne forme, je ne peux rien demander de plus que de jouer ici.

Tu es en train de prendre dans l'ampleur chez les Pistons, comment tu expliques cette montée en puissance ?
Il y a eu ce début de saison compliqué, mais je savais qu'il ne me fallait qu'un match où mes tirs rentrent pour que ça aille. Malheureusement, Cade Cunningham s'est blessé. Du coup, mon rôle a changé, j'ai été titularisé et j'ai tiré avantage de cette situation en ayant un peu plus la balle. Les tirs ont commencé à rentrer et la confiance est arrivée.

En tant que lottery pick et que joueur français, tu es doublement scruté et forcément doublement sujet aux critiques. Comment est-ce que tu arrives à gérer cette pression et ces attentes autour de toi ? Est-ce que par exemple tu vas voir ce qui se dit sur tes prestations sur les réseaux ou dans les médias ?
C'est quelque chose qui peut être compliqué, de bloquer tout ça. Je crois que j'ai bien réussi jusque-là à rester concentré sur mon équipe et sur les gens autour de moi. Si tu es trop pris par ces choses-là, ça peut te bousiller un peu le cerveau. L'important c'est de séparer les bonnes critiques des mauvaises critiques. Je ne regarde pas forcément ce que disent les gens et les journalistes après les matches. Je sais ce que j'ai fait de bien ou de mal et ce que j'aurais pu faire mieux. Et puis on a un staff qui regarde les matches, ils savent. Je n'ai pas besoin d'aller sur Internet après pour voir ce qui se dit (sourire). Les critiques constructives, des personnes qui me voient tous les jours, comme mon père ou les membres du staff, je les prends.

A l'intersaison, est-ce que tu t'es dit qu'il fallait vraiment que tu passes un cap et montre des choses, sans quoi ta carrière en NBA pouvait être un peu en péril ? 
Non, je n'ai jamais approché la chose comme ça. Le groupe, le GM et le front office ont été derrière et ne m'ont jamais mis de pression comme ça. Le travail que j'ai fait cet été et celui que j'ai fait toute ma vie me laissait penser que ça allait arriver. Je suis resté confiant, même quand j'ai fait de mauvais matches. J'attendais que les shoots rentrent. La confiance ne fait que monter avec le rôle que j'ai aujourd'hui. Avoir un coach et un front office derrière toi qui te poussent tous les jours et t'encouragent même quand ça ne va pas, ça t'aide mentalement.

Tu n'a jamais trouvé le temps long, en te demandant quand ça allait venir ?
Je ne dirais pas que c'était long, mais le truc le plus dur en NBA c'est d'être constant. Il y a 82 matches et il faut être là tous les soirs et être performant. C'est vraiment ça le plus difficile et c'est ce que j'essaye de faire maintenant : rester constant. Le but en NBA, c'est de limiter le nombre de mauvais matches. Parfois, tu joues bien plusieurs fois de suite et tu en as un mauvais qui arrive, les tirs ne rentrent pas. C'est là que je dois faire d'autres choses: défendre, trouver mes coéquipiers pour faire des passes décisives. Je dois m'adapter.

Comment as-tu fait pour garder cette confiance que tu affiches toujours ?
C'est quelque chose qui est lié au travail personnel. J'ai toujours réussi à faire ça. Quand les choses ne vont pas, c'est là que tu t'adaptes et que tu dévoiles une nouvelle facette de toi. Je n'ai jamais douté. Je me suis juste demandé pourquoi mes tirs ne rentraient pas, etc... Et la réponse est toujours dans le travail.

Est-ce que ta relation avec tes coéquipiers a changé depuis que tu es titulaire et que tu t'épanouis ?
Avec eux, la relation ne changera jamais. Je suis un joueur qui cherche d'abord la passe et le joueur ouvert. Tout le monde est vraiment cool dans ce groupe.

Tout le monde parle de Victor en NBA, c'est the next big thing, un talent exceptionnel. [...] Peu importe où il ira, il va réussir.

Est-ce que dans l'équipe vous parlez de Victor Wembanyama et du fait qu'il atterrira peut-être à Detroit ?
Oh oui, tout le monde en parle en NBA, c'est "the next big thing" ! Victor est un talent exceptionnel, un 7 footer qui peut shooter, dribbler... Je suis très content pour lui, j'espère qu'il sera le 1st pick. Il doit l'être. Peu importe où il ira, il va réussir. On peut en parler entre joueurs, mais ce n'est pas nous qui décidons.

Ta défense est l'une de tes qualités. Quel adversaire est le plus compliqué à défendre en NBA d'après toi ?
J'ai envie de dire Luka Doncic. Il y a sa taille, son physique et le fait qu'il joue à sa propre vitesse. On ne peut pas le presser. Il sait passer et il a des shooteurs autour de lui. C'est très compliqué.

Quels sont les axes de progression que tu vois dans ton jeu ?
Je suis loin d'être un joueur parfait, j'ai besoin d'apprendre. La constance, la forme physique, ma main droite, mon shoot... J'ai beaucoup à apprendre pour être là où je veux être dans quelques années.

Sur ce NBA Paris Game en lui-même, comment tu abordes cet adversaire particulier qu'est Chicago, avec la rivalité qui existait entre les deux franchises ? 
On les a joués une première fois chez eux, c'était serré. On a perdu dans le 4e quart-temps parce que LaVine a fait un gros match. Là, ça va être un match qu'on prend au sérieux. Il faut réussir à contrôler et limiter DeRozan et LaVine. Pour ce qui est de la rivalité, les Bad Boys vs MJ, c'est historique. On a souvent Isiah Thomas autour de nous et aux matches, on ressent l'énergie qu'il a celle des fans quand on affronte les Bulls. On sent l'histoire qu'il y a entre les deux équipes.

Est-ce qu'il y a des joueurs dont tu t'inspires particulièrement aujourd'hui en NBA ?
Je dirais James Harden, que j'ai beaucoup observé. On le joue 4 fois cette saison face à Philadelphie. Je regardais aussi D'Angelo Russell. Tous les gauchers en fait. Pareil pour Manu Ginobili, même s'il a arrêté avant que j'arrive en NBA. Je ne suis jamais paralysé d'admiration, mais j'essaye toujours d'apprendre d'eux. Je leur vole des trucs.

Quelles équipes vois-tu aller en Finales NBA cette année ?
A l'Ouest, c'est dur, mais peut-être les Grizzlies en Finales. Memphis est fort en défense et en attaque avec Ja, c'est très fort aussi. A l'Est je n'ai envie de dire personne, ce sont nos concurrents même si on n'est pas bien classés (sourires).

Ton avenir, tu le vois à Detroit ?
Mon but c'est de rester à Detroit parce qu'ici on me soutient beaucoup. J'ai encore un an de contrat avec eux et l'objectif c'est de rester.

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