[ITW] Rudy Gobert nous parle des Bleus, du MVP et de son image aux USA

On eu la chance de discuter un peu avec Rudy Gobert en marge d'un événement caritatif pour sa fondation cette semaine.

[ITW] Rudy Gobert nous parle des Bleus, du MVP et de son image aux USA

Pour la deuxième année consécutive, Rudy Gobert s'est associé à YOP pour un partenariat autour de sa Rudy's Kids Foundation, qui oeuvre pour aider plusieurs associations et projets liés à l'enfance et à la jeunesse. Contrarié d'avoir manqué 16 matches cette saison - YOP reversant 500 euros à chacun de ses contres réalisés à domicile - Rudy a demandé un coup de main à quelques amis dans les médias pour faire grimper le montant du chèque qui servira, notamment à rénover le playground de son enfance à Saint-Quentin.

On a donc shooté quelques lancers lors d'une sympathique soirée pour permettre d'atteindre 61 700 euros. On a ensuite pu discuter avec Rudy en visio depuis Salt Lake City, à quelques jours de l'entrée en matière du Jazz au 1er tour des playoffs contre les Dallas Mavericks.

Rudy, qu'est-ce qui fait que tu t'impliques comme tu le fais pour la jeunesse ? 
Je me suis rendu compte que si je devais choisir un secteur où je pouvais faire de grandes choses, des choses utiles, c'était celui-là. Il y a bien sûr l'aspect financier où tu aides des jeunes qui sont orphelins ou des familles avec des enfants qui n'ont pas à manger, mais il y a aussi l'aspect psychologique. Beaucoup de jeunes ne croient pas en eux. J'ai eu la chance de réussir et j'essaye maintenant d'être une source d'inspiration pour eux, c'est important. Si je veux continuer de faire des choses dans ce sens-là, c'est aussi parce que quand j'étais petit, j'ai toujours vu ma mère, qui était au RSA, donner quand elle le pouvait aux sans abris par exemple. Pour ce qui est du terrain que je veux aider à rénover, c'est parce que j'y ai passé beaucoup de temps quand j'étais plus jeune. C'est celui qui en face du Palais des Sports de Saint-Quentin où joue l'équipe professionnelle. Je jouais au basket, mais aussi au foot.

Tu as un souvenir marquant sur ce terrain ?
Oui, mais celui qui me revient là est mauvais par contre (rires). Je m'étais fait voler ma Game Boy sur ce terrain après avoir accroché ma sacoche sur la cage de foot. Je jouais à Pokémon Argent, j'y avais passé des heures. J'ai tourné la tête et la sacoche était partie. J'ai mis du temps à m'en remettre, j'ai perdu tous mes Pokémon, vous ne vous en rendez pas compte de ce que ça représentait à l'époque (rires) !

Pour parler un peu plus d'actualité, on a vu que Nicolas Batum et Nando De Colo ont renoncé au prochain Euro mais qu'Evan Fournier serait là. Tu sais déjà si on t'y verra ?
Pour l'instant, je suis vraiment focus sur les playoffs. Je n'ai pas encore pris ma décision, on verra comment je me sens psychologiquement et physiquement après la fin de saison en NBA.

Tu es en lice pour remporter un quatrième titre de meilleur défenseur de l'année. Tu t'imagines déjà être l'un des trois seuls de l'histoire de la NBA à y parvenir ?
Ce serait une fierté pour moi, pour mon pays, pour tous les gens qui m'ont aidé dans mon parcours. Mais bon, en décrocher un ce n'était déjà pas gagné. Si j'ai la chance de pouvoir en gagner 4, 5 ou 6, ce serait génial, mais l'important pour moi c'est de continuer d'essayer d'être le meilleur Rudy possible sur le terrain. Si les gens qui votent pour ce trophée pensent que je le mérite cette année, ce sera une fierté.

"Pour moi, Nikola Jokic est un peu au-dessus cette saison"

Le trophée de MVP a été très disputé cette année. Tu as un avis sur qui devrait le remporter ?
Il y a clairement trois candidats qui se sont détachés du reste cette année : Joel Embiid, Nikola Jokic et Giannis Antetokounmpo. Pour moi, Jokic est un petit peu au-dessus cette saison, de par ce qu'il a fait avec cette équipe, comment il l'a portée sur ses épaules. Pour moi, ça mérite le titre de MVP. Puis il y a les statistiques, son impact, la constance qu'il a eue cette saison alors qu'il a joué beaucoup de matches. Pour moi, c'est lui.

Quel est ton avis sur la question du lieu où joueront les Bleus lors des JO 2024 ? On a vu que ça avait beaucoup fait parler... 
C'est bien qu'il y ait eu des conversations internes, elles étaient importantes et on les a eues. On est contents qu'ils se soient rendus compte que c'est compliqué pour le sport collectif numéro 1 des JO d'être dans des conditions comme celles-là. On espère qu'ils feront au mieux. On sait qu'il y a énormément de sports à gérer, ce n'est pas facile, on en est conscients, mais on espère que notre sport et nos athlètes seront traités avec respect.

Jouer en dehors de Paris ça te paraît concevable ?
On rénove le terrain de St Quentin pour ça justement (rires). Non mais, à vrai dire on espère Paris. On a une super salle, l'Accor Arena, qui sera remplie chaque soir si on a la chance d'y jouer.

Les playoffs arrivent, avec une série contre Dallas, comment l'équipe et toi abordez l'incertitude autour de l'état physique de Luka Doncic ?
On se concentre sur nous et on se prépare comme s'il allait jouer. On est persuadés que même s'il ne joue pas le premier match, il va revenir pendant la série. On se prépare comme si. On se concentre surtout sur nous, l'important c'est qu'on soit prêts physiquement et mentalement; Ce n'est pas qu'un match, on doit en gagner quatre t il va revenir tôt ou tard.

Est-ce que selon toi le Jazz joue son avenir sur ces playoffs ? 
C'est une bonne question. C'est possible. Je pense que notre avenir individuellement et collectivement est toujours déterminé par ce qui se passe en playoffs. Quand on a beaucoup d'attentes, c'est normal. On sait que quoi qu'il arrive en NBA, il y a toujours du mouvement à l'intersaison et des équipes qui veulent s'améliorer. On a eu la chance d'avoir un groupe solide ces dernières années. Les 30 front offices essaient chaque été d'améliorer leur équipe et le notre se posera aussi ces questions après les playoffs. A l'heure actuelle on ne pense qu'à notre objectif : le titre.

Le fait de jouer à Utah, d'être Français et de ne pas être le joueur le plus flashy de l'univers, ça ne pousse pas les médias US à mieux me connaître

Est-ce que tu as l'impression que ton image est un peu en train de changer aux Etats-Unis, où tu as très souvent été sous-coté ou pas assez estimé ?
Je ne sais pas vraiment. La plupart des gens là-bas ne me connaissent pas vraiment parce que je ne suis pas extraverti, je poste peu sur les réseaux et je ne parle pas beaucoup. La plupart me connaissent via les gros médias qu'ils suivent. Et pour ces médias, le fait de jouer à Utah, d'être Français et pas être le joueur le plus flashy de l'univers, ça ne les pousse pas à mieux me connaître. C'est quelque chose dont je suis conscient, mais malgré ça, petit à petit, les gens, le grand public américain, commencent à me respecter de plus en plus. Même si la perception n'est pas au même niveau que la réalité, je sens qu'il y a quand même un progrès.

Est-ce que tu t'attendais à voir les Lakers faire cette saison-là ?
Honnêtement je pensais qu'ils feraient quand même les playoffs. Ils ont rencontré beaucoup d'adversité pendant leur saison, quelques blessures, un nouveau groupe... Quand il y a des additions, parfois ça prend du temps pour qu'il y ait une alchimie. C'était une saison un peu compliquée pour eux, c'est la NBA, ça arrive.

Collectivement, comment tu sens le groupe et est-ce que vous vous êtes fixé un objectif minimum pour les playoffs ?
On est dans un superbe état d'esprit et je pense que les hauts et les bas que l'on a eus cette saison nous ont aidé à progresser, à nous connaître encore mieux. Pendant les playoffs, on va voir comment ça se passe, on est tous très impatients que ça démarre, on a de très grands objectifs. Il n'y a pas vraiment d'objectif minimum, mais on veut aller en Finales NBA et gagner le titre, bien sûr.

Et si Rudy Gobert rejoignait Draymond Green aux Warriors ?