ITW Yann Dalon : Unbelievable

Afin de rendre hommage à la mémoire de notre collaborateur et ami Yann Dalon, voici l'interview que nous avions faite de l'artiste dans notre Mook #4.

ITW Yann Dalon : Unbelievable

C'est plein de stupeur que nous avons appris la disparition subite de Yann Dalon, un artiste de grand talent avec lequel nous avons eu la chance et le privilège de pouvoir collaborer à plusieurs reprises. Nos pensées vont bien entendu à ses proches, ses amis et sa famille.

Afin d'attirer à nouveau l'attention sur son incroyable travail, nous avons décidé de publier l'interview que nous avions fait de lui dans notre Mook #4 spécial New York dont il avait signé la couverture originale ainsi que celle de sa réédition.

Que la terre te soit légère, Yann.

Cela fait longtemps que nous sommes fans du travail de Yann Dalon et nous avions déjà eu la chance de collaborer avec lui auparavant (REVERSE #55), mais il s’est surpassé pour la création de la couverture du mook que vous tenez entre les mains. (Re)Découverte d’un artiste passionné et passionnant.

REVERSE : Comment est-ce que tu es tombé dans le basket ?
Yann Dalon : J'ai toujours aimé ce sport, mais je pense que c'est la découverte d'Allen Iverson qui a été un vrai choc pour moi. Sa taille, son flow, son jeu... Beaucoup comme moi se sont identifiés à lui.

REVERSE : Quelles étaient tes équipes ou joueurs préférés quand tu étais gamin ?
YD : Principalement les Sixers et les Pistons, je suis très East Coast. Je suis un grand fan de The Answer, Ben Wallace, Jason Kidd et Penny Hardaway. Je me suis rendu compte par la suite que mes joueurs préférés étaient ceux qui se singularisaient par un style original, que ce soit dans leur jeu ou leur apparence physique.

REVERSE : Tu joues au basket d’ailleurs ?
YD : J'y ai joué pendant une dizaine d'années environ, au poste de meneur à un niveau amateur. Je passais clairement plus de temps sur les playgrounds qu'en club... Je suis tombé en pleine période de l'arrivée des mixtapes AND1.

REVERSE : C’est toujours ton sport de prédilection ?
YD : C'est celui que je suis avec le plus d'assiduité, même si je regrette parfois cette NBA actuelle qui sanctionne autant les contacts et qui favorise les orgies offensives au détriment de la défense.

REVERSE : D’un point de vue artistique, quel a été ton parcours ?
YD : J'ai toujours dessiné ! Après un Bac option arts plastiques, j'ai fait les écoles supérieures Estienne et Olivier de Serres en arts appliqués à Paris. Je me suis d'abord spécialisé dans la fresque, pour ensuite devenir illustrateur en freelance.

REVERSE : Quels ont été les artistes qui t’ont le plus marqué ou qui t’ont le plus influencé ?
YD : Mes influences sont très vastes, ça va du futurisme italien aux gravures de Goya ; du graffiti aux comics américains (le travail de Lee Bermejo, notamment) ; des grands peintres « classiques » tels que Le Caravage, Rembrandt, de l'œuvre d'Yves Klein jusqu'au mouvement Hip Hop et à l'Impressionnisme.

REVERSE : Mêler ton amour du sport et ton travail, ça a toujours été le but ?
YD : Ma démarche a toujours été poussée par l'envie de retranscrire le mouvement, avec l'ambition d'animer « une image arrêtée » et d'y retranscrire le maximum de dynamisme. Le sport apparaissait comme une évidence.

REVERSE : Tu as aussi traité pas mal d’artistes et de personnages de séries ou de films, qu’est-ce qui t’inspire généralement le plus ?
YD : Les artistes ou œuvres avec un style original qui te proposent un vrai univers. Quelque chose de nouveau, de singulier. Hélas, ces dernières années, les films ou séries prennent beaucoup moins de risques en faisant des « reboots »... De manière générale, l'univers du fantastique et le Hip Hop pour la musique.

REVERSE : Comment est-ce que tu procèdes quand tu commences à travailler sur une nouvelle œuvre ?
YD : La majorité du temps, la première étape consiste à trouver de la documentation sur le sujet qui m'intéresse. La seconde c’est les sessions de croquis et, la dernière étape, c’est un mélange de peinture « traditionnelle » (acrylique, encre, aquarelle) et de retouches à la palette graphique.

REVERSE : Qu’est-ce qui est le plus difficile à retranscrire quand on cherche à représenter l’essence même d’un sujet ?
YD : Je ne vois pas ça tellement comme une difficulté, mais plutôt comme un défi : retranscrire une sorte de charisme par le rendu graphique du sujet, en faire une espèce de « super héros », quelque chose de mythique. J'accorde aussi beaucoup d'importance à la recherche d'informations sur le thème choisi, surtout lorsque l'on s'attaque à un univers vaste tel que Star Wars, Marvel ou Game of Thrones.

REVERSE : Quels sont les sujets sur lesquels tu as pris le plus de plaisir à travailler ?
YD : De manière générale, j'aime m'attaquer à des thèmes sur lesquels je ne travaille pas d'habitude, histoire de me challenger et de me surprendre. Ces derniers temps, j'ai pu réaliser par exemple des illustrations sur le thème du skateboard, des sports de combats (Boxe, MMA), des sneakers ou bien encore sur de la danse classique.

REVERSE : Quelle est l’œuvre dont tu es le plus fier ?
YD : C'est très symbolique, mais c’est d'avoir été choisi pour décorer le Pavillon Français lors de la dernière Exposition Universelle. Sinon, l'œuvre qui a eu le plus de retentissement a été la réalisation des portraits des vingt-trois joueurs et des membres du staff de l'équipe de France de football pour leur hôtel en Russie, lors de La Coupe du Monde 2018. Les illustrations étaient sur les portes de leurs chambres et il y avait de grandes fresques sur les murs menant à leur salle d'entraînement, le fait qu'ils gagnent la 2ème étoile apporte encore plus de saveur à cette superbe expérience !

REVERSE : Tu as également réalisé des illustrations pour les Golden State Warriors. Cela consistait en quoi ?
YD : J'ai en effet été choisi pour décorer les salons VIP et couloirs de leur nouveau stade, le Chase Center, à San Francisco, avec une dizaine de travaux représentant les gloires historiques de cette équipe : Stephen Curry, Kevin Durant, Baron Davis, Chris Mullin, Don Nelson, Nate Thurmond, Wilt Chamberlain, Rick Barry, Steve Kerr, Latrell Sprewell, le Run TMC…

REVERSE : Ça doit être une grande fierté de voir ses illustrations orner les murs de la salle d'une équipe aussi emblématique…
YD : Oui, clairement ! Quand on prend un peu de recul et qu'on se rappelle qu'on griffonnait des athlètes sur son agenda dès l'époque du collège et que ces athlètes passent désormais quotidiennement devant, ça donne le tournis tout en étant très gratifiant !

REVERSE : Quelle a été la création la plus compliquée à réaliser ?
YD : Dernièrement, j'ai été choisi pour décorer les nouveaux vestiaires de l'équipe de Football du FC Barcelone. Une quarantaine d'œuvres dans un temps très limité, ça représente un nombre d'heures de travail colossal, mais le jeu en valait la chandelle ! J'ai aussi dû travailler sur une illustration « poster » de World of Warcraft et, n'ayant jamais joué à ce jeu vidéo, le travail de recherches sur ce vaste univers a été conséquent.

REVERSE : Tu as déjà pu présenter tes œuvres à certains de tes modèles. Est-ce qu’il y en a certains dont la réaction t’a particulièrement touché ?
YD : Certains modèles ont choisi mes dessins pour leur photo de profil tels que N’Golo Kanté ou Andrés Iniesta ou les ont partagés sur les réseaux sociaux : Griezmann, Dembelé, LeBron James, T-Mac, Kevin Garnett… D'autres me suivent sur les réseaux sociaux et échangent parfois avec moi, comme Ben Wallace et Marc Gasol. Le FC Barcelone m'a aussi invité pour être interviewé sur la pelouse du Camp Nou et pour présenter mon illustration du 600ème but de Messi au Vice Président du Club. J'ai pu participer à une vente aux enchères avec Tony Parker pour l'une de mes œuvres pour sa fondation, mais majoritairement les rencontres sont plus virtuelles que physiques.

REVERSE : Pour toi qui as bossé sur la cover de ce mook, New York, ça représente quoi ?
YD : New York, c'est mythique ! Pêle-mêle, j'ai plein d'images qui me viennent en tête. Le Madison Square Garden, la fameuse « Mecque du basketball », Brooklyn, Charles Oakley, John Starks, Allan Houston, Latrell Sprewell, le Rucker Park, Spike Lee, Biggie... C'est aussi lié à mes influences artistiques, les débuts du graffiti et le rap de Queensbridge : Nas et, surtout, mon groupe fétiche Mobb Deep.

Découvrez le travail incroyable de Yann : @yanndalon_artist / yann-dalon.com

 

Voir cette publication sur Instagram

 

Une publication partagée par Yanndalon-Artist (@yanndalon_artist)

 

Voir cette publication sur Instagram

 

Une publication partagée par Yanndalon-Artist (@yanndalon_artist)

 

Voir cette publication sur Instagram

 

Une publication partagée par Yanndalon-Artist (@yanndalon_artist)

 

Voir cette publication sur Instagram

 

Une publication partagée par Yanndalon-Artist (@yanndalon_artist)