Ja Rules

Ja Morant est lancé vers la quête du titre de rookie de l'année, notamment grâce à sa capacité à être prolifique et efficace dans le 4e quart-temps.

Ja Rules
Ja Morant avait fait une entame de saison exceptionnelle pour un rookie. Le meneur des Memphis Grizzlies était même le premier débutant depuis Michael Jordan à tourner à au moins 20 points, 5 passes et 50% au shoot sur ses 7 premiers matches en NBA. Depuis, l'ancien de Murray State en a disputé 11 de plus. L'adresse a très logiquement baissé (46.3%), le nombre de points par match aussi (18.7). Néanmoins, on est presque encore plus bluffés par ce que propose le n°2 de la Draft 2019 tous les soirs. Taylor Jenkins et le staff médical des Grizzlies ont beau continuer d'être extrêmement prudents avec sa charge de travail (29 minutes par match et une mise au repos de quelques jours récemment pour soigner son dos), Morant ne peut s'empêcher de se faire remarquer. On avait eu un petit aperçu de son jeu flashy sur ses premières rencontres dans la ligue, mais le n°12 du Tennessee se concentrait d'abord sur son efficacité et sur la pertinence de ses choix en tant que manieur de ballon principal dans sa nouvelle équipe. Désormais, Ja Morant joint quotidiennement l'agréable à l'utile. Il ne se passe pas un match sans que le meneur ne cale un geste fou et sa panoplie paraît sans limite. Du Shammgod à la tentative de poster sur des intérieurs auxquels il rend entre 15 et 20 centimètres, tout y passe. Aron Baynes peut en témoigner, lui qui a vu Temetrius Jamel, de son vrai prénom, bondir et lui dunker sur la truffe la nuit dernière. C'est toutefois une autre composante de son jeu qui est la plus prometteuse et annonciatrice d'une grande carrière.

Oh Ja, Ja !

Vous vous souvenez des coups de chaud phénoménaux de Kyrie Irving dans le 4e quart-temps lorqu'il était rookie et qui lui avait valu - avant qu'il ne se grime en vieillard pour Pepsi - le surnom de Mr Fourth Quarter ? Ou, pour ceux qui ont connu la NBA de la deuxième partie des 90's, les one-man shows dans l'ultime période des matches du juvénile Allen Iverson lors sa première année à Philadelphie ? Et bien au niveau de la moyenne de points dans le 4e quart-temps, Ja Morant surclasse pour l'instant A.I. (7) et "Uncle Drew" (6.4) avec plus de 8 points de moyenne. Avec le plus oubliable Ben Gordon, on parle des uniques rookies à avoir marqué au moins 6 points par match dans le 4e QT depuis la Draft d'Iverson, justement. LeBron James, Kevin Durant, Stephen Curry et les autres superstars de la génération actuelle n'ont développé cet ADN clutch que plus tard dans leur carrière.
Ja Morant est déjà un joueur capable de peser dans les moments les plus importants des matches. L'intéressé n'a pas besoin de se transformer en individualiste forcené prêt à prendre 15 shoots du moment que la décision est faite. Son usage rate (36.9) et son true shooting percentage (59.6%) dans le quatrième quart-temps témoignent d'un sacré sang froid et d'une capacité à être aussi efficace que productif lorsque les minutes s'égrainent. Pour l'heure, seul Kawhi Leonard marque plus de points que lui dans les 12 dernières minutes des rencontres en NBA... Son game winner face à Charlotte le mois dernier illustre bien les nerfs en adamantium du garçon.

"On a une confiance aveugle en lui lorsqu'il a la balle en main. On sait qu'il va faire le bon choix. [...] C'est un finisseur avant tout, mais il est aussi extrêmement altruiste. Avoir un gars, qui plus est rookie, capable de faire ça, c'est un atout énorme. On voit bien que les équipes adversaires essaient de le cibler. On doit faire du meilleur travail en tant que coaching staff pour que sur les fins de matches il puisse continuer de gérer aussi bien cette pression", a salué Jenkins, lui aussi rookie du head-coaching, pour The Athletic.

Si pour certains l'impact en fin de match peut sembler instinctif, la montée en puissance de Ja Morant est très calculée.

"Je sens simplement que la plupart des joueurs sont fatigués dans le 4e quart-temps. Moi, je m'entraîne pour être capable de jouer 48 minutes. Dans le dernier quart-temps, j'ai le sentiment d'avoir l'avantage. Je sais que je suis en bonne forme physique, du coup je mets la pression sur les défenses".

Wesh Morant

En l'état, Morant paraît difficile à déloger dans la course au titre de rookie de l'année. Zion Williamson n'aura sans doute pas assez de matches au compteur pour changer la donne et il faudrait que Kendrick Nunn fasse mieux que maintenir son niveau de forme à Miami pour créer la surprise. Les axes de progression existent pour Ja Morant sur la cinquantaine de matches à venir avant la fin de la saison. Son adresse à 3 points est très satisfaisante (42.2%), mais son volume (2.4 tentatives par match) n'est pas encore assez élevé pour faire de lui une menace extérieure constante. Les défenseurs savent que le Sud-Carolinien de naissance prend six fois moins de tirs à 3 points que d'autres options à la finition. Dans cette NBA où l'essentiel se fait au large, ajouter cette corde à son arc ne sera pas de trop. Ce qui s'apprend plus difficilement, en revanche, c'est le leadership. De ce point de vue-là, Ja Morant est en avance sur beaucoup de ses camarades de promo. A Memphis, il a les clés du jeu et son attitude est celle d'un jeune homme mature - la naissance de sa fille juste avant le training camp a accéléré le processus - dont l'aura porte ce groupe pour lequel tous les espoirs sont permis à moyen terme.

Les stats de Ja Morant en 2019-2020

Season Team G Min FGM FGA FG% 3PM 3PA 3P% FTM FTA FT% OR DR Reb Ast TO Stl Blk Pts
2019-20 MEM 19 29:00 6.8 14.8 46.3 1.0 2.4 42.2 4.1 5.2 78.6 0.8 2.3 3.2 6.4 3.3 1.3 0.3 18.7
Total - 19 29:00 6.8 14.8 46.3 1.0 2.4 42.2 4.1 5.2 78.6 0.8 2.3 3.2 6.4 3.3 1.3 0.3 18.7