Le jour où Magic Johnson a réalisé le record d’assists en playoffs

Le 15 mai 1984, Magic Johnson a établi un record en distribuant 24 passes décisives à ses coéquipiers. Un chef d’œuvre qui en dit long sur son aisance à l'exercice.

Les Phoenix Suns connaissaient Magic Johnson avant cette finale de Conférence en 1984. Même très bien. À vrai dire, qui ne connaissait pas Magic Johnson en 1984 ? Pas grand monde. Surtout pas les franchises adverses des Los Angeles Lakers. Celles qui, depuis déjà cinq ans, subissaient les fulgurances du numéro 1 de la Draft 1979. Celles qui ont compris dès sa saison rookie qu'il jouerait un rôle moteur dans l'effectif des Angelenos. N'avait-il pas remporté le titre de MVP des finales en 1980, devenant ainsi le seul joueur de l'histoire à avoir obtenu la prestigieuse distinction dès sa première année dans la Grande Ligue ? Ne faisait-il pas partie du cercle très fermé des joueurs qui ont gagné le tournoi NCAA puis un titre NBA d’affilée ? (seuls Bill Russell, Billy Thompson et Henry Bibby l'ont aussi fait) Alors l'entraîneur, et les joueurs de la franchise de l'Arizona le savaient : neutraliser ce meneur de jeu de seulement 25 ans leur permettrait de croire aux finales NBA. Quoi qu'il arrive, Magic ne devait pas faire du Magic. Surtout pas. Dans le cas contraire, c'était la défaite assurée.

Tour de Magic

Mais coupons court d'emblée au suspense : les Suns n'ont pas canalisé Magic Johnson. Ce 15 mai 1984, Magic Johnson s'est amusé. L'arme de son crime ? La passe. Car ce soir-là, à l'occasion du Game 2 de la série, le prodigieux meneur a distribué 24 passes décisives. Ce que personne n'avait réussi à faire en playoffs. Magic a fait du Magic. Du très bon Magic. Ses passes ont permis à son équipe de s'imposer 118-112. Souhaitant briller en faisant briller, le meneur en a même oublié de tirer : il n'a pris que cinq shoots durant la rencontre. N'a inscrit que six petits points. A récupéré sept rebonds, volé cinq ballons, et contré deux tentatives adverses. Mais l'important est ailleurs : à l'issue de ce Game 2, Magic Johnson pouvait revendiquer fièrement le statut de plus gros producteur de caviar au monde. La suite de cette saison, pour le meneur et ses coéquipiers : une qualification 4-2 face à Phoenix, incapable de faire déjouer son adversaire. Puis une finale. La troisième consécutive. Mais à l'issue d'une série très disputée (4-3), ce sont les C's qui ont remis la main sur le trophée qu'ils avaient remporté en 1981. Durant cette défaite, c'est à Magic Johnson que revenait le rôle de leader chez les Lakers. A contrario de 1980, Spencer Haywood et Jamaal Wilkes, les deux futurs Hall-of-Famers, n'étaient plus là. Il restait uniquement lui et Kareem Abdul-Jabbar. Malgré des erreurs dans le money time des Games 2 et 3, c'est lui qui a mené son équipe à la passe durant toute la série. Malgré la défaite, une deuxième en finale d'affilée, il aurait même pu battre son propre record : lors du match 3, il a distribué 21 passes décisives. Son art de la passe, dont il nous gratifiera jusqu'en 1996, sa dernière année dans la Ligue, était déjà au sommet.

Quand John Stockton s'en mêle

La saison suivante, un meneur d'1,85 m débarque dans la Grande Ligue. Il deviendra l'homme qui détient le plus grand nombre de passes en NBA (15 806). Et son meilleur passeur de 1988 à 1996. Le CV de John Stockton en impose. Tout en haut, on peut y lire : « a égalé le record de passes en playoffs de Magic Johnson face à Magic Johnson en personne et avant qu'il ne devienne champion ». De quoi séduire n'importe quel employeur. Et John Stockton n'est pas vraiment du genre à bidouiller un CV. Les caméras, et les feuilles de stats de la Ligue, sont là pour prouver que le 17 mai 1988, le joueur du Jazz a également distribué 24 passes, et, mieux, a terminé en double-double (24 points) pour rejoindre un recordman qui avait remporté son premier titre de MVP la saison passée (il le sera également en 1989 et 1990). Amateurs de légendes de la balle orange et de passes en rafale, il vous faut absolument regarder cette défaite du Jazz (111-109) malgré le numéro de l’acolyte de Karl Malone. Surtout, il vous faut revoir l'intégralité de cette série de sept rencontres durant laquelle Magic et Stockton se son adonnés à l'une des plus légendaires batailles de la balle orange. Pour vous faire saliver, il suffit de rapporter les stats des deux Hall-of-Famers : 19 points et 9 assists pour Magic, 7 points et 16 assists pour Stockton (Game 1), 19 points et 10 assists pour Magic, 19 points et 13 assists pour Stockton (Game 2), 16 points et 6 assists pour Magic, 22 points et 12 assists pour Stockton (Game 3), 24 points et 9 assists pour Magic, 21 points et 13 assists pour Stockton (Game 4), 20 points et 13 assists pour Magic, 23 points et 24 assists pour Stockton (Game 5), 10 points et 9 assists pour Magic, 14 points et 17 assists pour Stockton (Game 6), 23 points et 17 assists pour Magic, 29 points et 20 assists pour Stockton (Game 7). Convaincus ? https://www.youtube.com/watch?v=U_lE70C21ZA

L'élève plus fort que le maître ?

C'est bien avec John Stockton que Magic Johnson s'est disputé les plus gros records de passes décisives qui tiennent encore aujourd'hui. Si Magic détient le record de passes durant une mi-temps de playoffs (15, à égalité avec Doc Rivers), son rival du Jazz, lui, a celui durant un quart-temps (11). Les deux hommes sont également les deux seuls joueurs de l'histoire à avoir au moins 30 matches à plus de 20 passes. Magic Johnson a réussi une telle performance 32 fois. John Stockton 38 fois. L'élève aurait-il fini par devenir plus fort que le maître ? Rien n'est moins sûr. Car comme souvent à ce petit jeu, les titres plaident en faveur de l'un des deux candidats. Après s'être battu avec Stockton au jeu du meilleur passeur en mai 1988, Magic Johnson a remporté un titre. Le deuxième consécutif. Le troisième en quatre ans, et le cinquième de sa carrière. Rien que cela... Le meneur de Salt Lake City, lui, ne peut se vanter « que » d'avoir accédé à deux reprises aux finales. Magic fut meilleur passeur des playoffs à cinq reprises (1980, et de 1984 à 1987). Les Lakers ont quasiment accédé aux finales lors de ces cinq années (sauf en 1986). C'est lui qui, en passant sans relâche, donnait le tempo. Faisait briller ses coéquipiers. Cherchait à les mener vers la victoire. Avec succès. À l'image de cette rencontre historique face aux Suns. Ce soir-là comme durant toute sa carrière, Earvin Johnson méritait bien son surnom.

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Le Top 10 des assists de Magic Johnson

https://www.youtube.com/watch?v=9cEYGS8rc3I