JR Smith, l’Ohio comme asile

Indésirable à New York, JR Smith est en train de faire un bien fou aux Cavs. Qui l'eut crû ?

JR Smith, l’Ohio comme asile
Cette saison aura été pénible jusqu’au bout pour les fans des Knicks. Quelques heures après avoir vu leur stratégie pour récupérer l’un des deux premiers choix de la Draft déjouée par des balles de ping-pong, ils ont pris de plein fouet la performance de JR Smith en finale de Conférence. Devenu paria et bouc émissaire idéal à New York en raison de son excentricité et de son goût pour les sorties nocturnes, l’arrière est aujourd’hui une pièce essentielle de la rotation des Cavs. « Les déchets des uns deviennent les trésors des autres ». Cette expression mise en avant par « Earl », de son vrai nom, sur son compte Instagram, est en train de prendre tout son sens. Contre Atlanta, dans le game 1, l’ancien meilleur 6e homme de l’année a fait feu de tout bois avec 8 paniers à 3 points et 28 points en tout pour aider LeBron James à faire plier les Hawks. Si Smith a trouvé asile dans l’Ohio, c’est d’ailleurs parce le « Chosen One » l’a bien voulu, lui qui joue le rôle officieux de General Manager adjoint depuis son retour à la maison. Au mois de janvier dernier, alors que Cleveland souhaitait clairement chambouler son roster pour effacer un début de saison poussif et atteindre ses objectifs, LeBron a été directement interrogé par le GM David Griffin à ce sujet. Il est probable que si la star locale s’était montrée réticente, JR Smith aurait croupi sur le banc des Knicks jusqu’à la fin de la saison. Mais le coup de fil entre James et Griffin n’a duré que quelques secondes.
«J’ai dit aux dirigeants, faites le venir ici et je m’occuperai de tout. Je savais très bien quel homme il était et je me moquais pas mal de ce que tout le monde pensait de lui. J’étais complètement en faveur de sa venue », a raconté le #23 sur ESPN.
[superquote pos="d"]"Ça a été dur, avec tous ces shoots que je rentrais, de me dire qu’il fallait passer la balle au aux autres".[/superquote]Le risque, bien réel, vu ses antécédents (contrôles positifs à la marijuana, périodes erratiques niveau shoot, fautes bêtes et suspensives, etc…) avait évidemment été anticipé par les Cavs, qui visaient initialement le seul Iman Shumpert. Au moindre écart, une clause leur aurait permis de se délester de l’énergumène, qui dispose tout de même d’une dernière année de contrat à plus de 6 millions de dollars. Sauf qu’après des premiers matches dans la lignée de ses derniers mois à Big Apple, Smith s’est tranquillement installé dans le 5, sans surjouer ni faire l’idiot. Plutôt agressif en défense, assez fiable au shoot, l’intéressé a même retrouvé la bonne humeur contagieuse qui en avait fait un « fan favorite » dans les travées du Madison Square Garden, avant que les échecs successifs n’entament sa cote de popularité.
« La situation actuelle est vraiment bonne. Elle l’est encore plus pour ma mère que pour moi. C’est probablement ma plus grande fan. Quand des choses négatives sont dites sur moi, je m’en fiche. Mais la voir souffrir à cause de ça, c’est un sentiment terrible pour moi ».
Contrairement aux apparences, sous son air détaché et d’apparence fêtarde, JR Smith était l’un des Knicks les plus affectés par les déboires sportifs des deux dernières saisons. D’une part parce qu’il en prenait plein la poire et était accusé de tous les maux, ensuite parce qu’il se voyait bien poursuivre sa carrière à New York, lui qui a grandi dans le New Jersey voisin. Très abattu après chaque contre-performance, Smith répondait mortifié aux questions de la presse dans le vestiaire new yorkais, avec une sérieuse tendance médiatico-dépressive. L’image de bad boy qui célèbre les victoires en boîte et noie les défaites dans le même type d’établissements n’était par ailleurs plus très juste déjà à ce moment-là. Après avoir effectivement grassement dépensé sa paye dans les night-clubs et les salons de tatouages de Denver et NYC, Smith est devenu un homme plus paisible et professionnel en dehors du terrain. Selon ses propres dires, c’est en remplaçant le dancefloor et les tables VIP par la quiétude des greens de golf qu’il s’est remis dans le droit chemin. Sur le parquet, c’est en acceptant de se mettre au service du collectif et de ne pas se contenter de one-man shows sporadiques qu’il s’est fait une place de choix dans un roster compétitif. « Ça a été dur, avec tous ces shoots que je rentrais, de me dire qu’il fallait passer la balle au aux autres. Mais je sais désormais qu’il faut trouver un moyen de le faire ». Prononcée après son coup d’éclat face aux Hawks, cette phrase en dit long sur son nouvel état d'esprit, lui dont le leitmotiv est "je prends plus de plaisir avec un shoot contesté qu'avec un shoot ouvert". On ne s'aventurera pas à affirmer que JR Smith ne sortira plus des clous et gardera la constance qui lui a fait jusqu'ici défaut. Mais en attendant, les Cavs se frottent les mains... https://www.youtube.com/watch?v=EnPFH1uJRwU