Jusuf Nurkic peut devenir le meilleur pivot des Blazers depuis Sabonis

Allez, boom, c'est lâché. Pas de comparaison entre le grand Arvydas et le jeune Nurkic mais le Bosnien a le potentiel pour s'imposer à Portland.

Jusuf Nurkic peut devenir le meilleur pivot des Blazers depuis Sabonis
Le génie, ça se remarque dans les petits détails. Un écran viril pour démarquer un coéquipier. Un pas de plus pour couper le chemin du cercle. Une passe supplémentaire pour un joueur ouvert. Ou même un t-shirt avec une photo de sa copine imprimée dessus, ainsi que l’inscription « si tu arrives à lire ça, c’est que t’es déjà trop près. » Jusuf Nurkic est fantastique. Et ce ne sont pas les fans des Portland Trail Blazers qui diront le contraire. C’est vrai ça, laissons-les kiffer un peu. La saison n’a pas été facile dans l’Oregon. Troisième masse salariale la plus balèze de toute la ligue, sans doute pas de playoffs… c’est chiant. Pas éprouvant comme supporter les Knicks ou les Kings mais chiant. Mais Nurkic, c’est du tout bon. Déjà, de base, c’est le genre de mec que tu préfères avoir dans ton camp en cas de bagarre (et dont tu n’as certainement pas envie de regarder la copine de trop près). Au basket, c’est pareil. Depuis qu’il est là, Portland va mieux. Quand le Bosnien a débarqué en provenance des Denver Nuggets, Mason Plumlee, ex-pivot titulaire des Blazers qui a fait le chemin inverse, était considéré comme le meilleur joueur échangé. Hum. Cinq matches plus tard et voilà que la tentation de faire marche arrière est de plus en plus forte. L’idée de considérer Nurkic comme l’élément central du deal – et non le pick récupéré en plus par Portland (et y’a pas à dire, Neil Olshey, ce n’est pas Bryan Colangelo des Philadelphie Sixers) – est plus que pertinente. Parce que l’intérieur bestial se bouge sacrément le popotin depuis qu’il a changé de tunique. Il avait promis « un nouveau départ » et assurait vouloir embrasser l’opportunité de jouer pour une nouvelle équipe, « dans une nouvelle situation ». Il tient pour l’instant parole, même s’il est très tôt pour des conclusions trop hâtives. Voilà ce dont il faut se souvenir : une partie des observateurs NBA reprochait au jeune homme de ne pas se donner à fond sur chaque possession. En résumé, d’être fort mais de ne pas toujours se comporter comme un pro. Les Blazers n’ont pas à se plaindre, au contraire. Nurkic fait attention aux fameux détails. Ces éléments qui font la différence entre « bon » et « très bon ». Illustration avec cette passe géniale de Damian Lillard. https://www.youtube.com/watch?v=QFXLp-qo5U0 Le caviar est somptueux. Une passe à la hanche, tout pile dans les mains de Mo Harkless pour le dunk. OK. Maintenant, regardez à nouveau la vidéo en maintenant l’attention sur Jusuf Nurkic. D’abord le petit geste pour indiquer à son meneur ce qui va se passer. L’écran. La course d’Harkless. La passe. Pas de Nurkic, pas de passe. Des actions de ce type, il y en a à la pelle – pas toutes aussi spectaculaires – depuis qu’il a posé ses valises à RIP City. Les premiers matches ont confirmé le bien qui était dit de lui. Il a de bonnes mains et un bon touché près du cercle. Une bonne patte à mi-distance. C’est un solide rebondeur. Solide, c’est peut-être le mot qui le définit le mieux physiquement. Il protège le panier avec son envergure. Il est actif. Et ça c’est encore plus important. Parce que l’activité, justement, était l’un des points forts de Plumlee. Il se met au niveau. Il plante à l’intérieur comme une star du poste bas mais il se bat comme un soldat de l’ombre.
« Cela faisait deux ans que nous n’avions pas eu un joueur comme ça », avouait même Lillard au sujet de son pivot.
Son alchimie avec le All-Star est déjà encourageante. Les deux hommes combinent bien, notamment sur pick-and-roll. C’est dans ces moments-là qu’il fait parler ses qualités de finisseurs… mais aussi de passeur. Nurkic est vraiment un bon passeur. Vraiment. Il délivre les assists avec fluidité quand la défense se resserre. Il est presque à 4 (3,8) passes par match sur ses cinq matches avec Portland. De quoi compléter sa belle ligne de stats : 14 points à 58%, 8,6 rebonds, 1,8 steal et 1,8 block. Complet.
« Avec ces gars-là (Damian Lillard et C.J. McCollum) ma vie est simple… j’ai juste à aller sur le terrain et m’amuser », explique sobrement l’intéressé.
Il la joue modeste, mais ce sont plutôt les deux artilleurs des Blazers qui devraient le remercier. Il leur facilite la tâche. D’ailleurs ce n’est sans doute pas un hasard si Lillard a retrouvé son niveau de jeu flamboyant depuis l’arrivée de son nouveau camarade. Il pointe à 28,2 points, 44% aux tirs, 42% à 3-points, 6,4 rebonds et 6,2 passes sur les mêmes cinq matches. Il est plus tranchant. Plus adroit. Plus décisif. Globalement, c’est toute l’équipe qui a bénéficié du peaufinage. Jusuf Nurkic affiche un différentiel de +11,2 avec les Blazers. Quand il est là, tout baigne. Portland n’a gagné que deux des cinq matches mais il y a du progrès. Surtout, le natif de Tuzla n’a que 22 ans. Le potentiel n’est pas complètement exploité. Il a peut-être déjà gagné sa place de titulaire… pour plusieurs saisons à venir. Il est jeune, il est bon et il peut devenir une force des deux côtés du parquet. Son entente avec Lillard est prometteuse. Sans tirer des plans sur la comète, la franchise est en passe de se trouver un pivot stable. Elle est à la recherche d’un joueur de ce calibre depuis la retraite d’Arvydas Sabonis – toutes proportions gardées. Petite liste déprimante des pivots titulaires à Portland depuis le départ du lituanien mythique : Dale Davis, Joel Przybilla, des restes de Greg Oden, Marcus Camby, J.J. Hickson, Robin Lopez puis Mason Plumlee. Excitant, non ? Contrairement à tous ses cols bleus valeureux, Nurkic peut vraiment s’imposer dans la durée. Son arrivée n’a pas spécialement été perçu comme un grand chambardement à l’échelle de la NBA, mais ce petit lifting va peut-être contribuer au changement de stature des Blazers d’ici quelques saisons. Les petits détails, on vous dit.