KAT, un soliste isolé mais coupable aussi

Karl-Anthony Towns a beau être surdoué, il n'arrive pas à sortir les Minnesota Timberwolves de la panade. L'avenir est inquiétant pour KAT et sa team.

KAT, un soliste isolé mais coupable aussi
Karl-Anthony Towns n'a plus gagné le moindre match de basket depuis le 27 novembre dernier. Quinze matches, quinze défaites. Le bilan du pivot des Minnesota Timberwolves est aussi déprimant que la saison de son équipe, que l'on a pourtant cru lancée vers une jolie campagne après une dizaine de matches joués. La nuit dernière, les efforts de "KAT" (32 points, 10 rebonds) sur le parquet des Los Angeles Clippers n'ont pas suffi. Les Wolves ont subi un 11e revers de rang, point d'orgue d'une dynamique cataclysmique que le retour de blessure de leur star le 18 janvier dernier n'a pas permis d'endiguer. En soi, ce que proposent les Wolves est presque pire aujourd'hui, tant il est incompréhensible de jouer de manière aussi décousue et friable avec un franchise player de ce niveau. Le talent de Karl-Anthony Towns est toujours effarant. En attaque, tout du moins. Les intérieurs capables de tourner à 27 points et 10.8 rebonds de moyenne en shootant à 40.6% à 3 points sur 8 tentatives par match, normalement ça n'existe pas. Cette aptitude à évoluer dans le registre moderne qui fait se pâmer les coaches NBA ne devrait pas se traduire par des one-man shows isolés au milieu de défaites en pagaille. D'autant que Towns sait faire autre chose que shooter. Ses mains et sa puissance l'autorisent, quand il l'a décidé, à jouer les enforcers dans la raquette. Quand il démarre, même un défenseur de la trempe de Kawhi Leonard ne peut que constater les dégâts. Défensivement, en revanche, "KAT" est nettement en-dessous de ce qu'il peut faire. D'aucuns le trouvent paresseux, lent à venir se replacer et même handicapant dès qu'une équipe décide d'élever le tempo. Tom Thibodeau s'était arraché les cheveux qui lui restaient en essayant de faire en sorte que les qualités naturelles et l'intelligence du garçon lui permettent de devenir un défenseur de qualité. Il avait d'ailleurs déjà prouvé, à Kentucky comme dans les Twin Cities, que sa panoplie le rendait apte à protéger le cercle et à donner le change dans les duels à l'occasion. Malheureusement, quelque chose dans le comportement ou dans la manière d'opérer de Karl-Anthony Towns le dessert dans ce secteur. Ryan Saunders n'a pas trouvé le moyen de faire du All-Star un intérieur vraiment dissuasif et à lui inculquer une discipline en la matière. Towns semble vouloir tout faire sur le terrain, mais de la manière dont lui l'a décidé et pas forcément avec une vision collective de la chose. En le voyant dans cette situation, on ne peut s'empêcher de penser à DeMarcus Cousins époque Sacramento. Un basketteur surdoué et avec les outils pour être une vraie star des deux côtés du terrain, mais gêné par le désir de n'en faire qu'à sa tête. Towns n'a pas le côté caractériel à tendance sociopathe de "Boogie" lorsqu'il portait le maillot des Kings. On l'a toujours perçu comme un garçon très calme, lucide et dont le charisme lui permettait d'être respecté et d'aspirer à de grandes choses, sur et en dehors du terrain. Mais depuis la signature de son contrat max, "KAT" a un langage corporel et un leadership un peu moins positifs. Il ne parvient pas, ou plus, à masquer sa frustration. Son altercation avec Joel Embiid en début de saison semblait ainsi presque un peu contre-nature. On peut comprendre que les dernières saisons dans le Minnesota n'aient pas été à la hauteur de ses attentes. L'épisode avec Jimmy Butler, les difficultés d'Andrew Wiggins à se montrer digne de son contrat et le manque de profondeur de l'effectif n'ont pas aidé. Mais être un vrai franchise player, c'est se montrer capable de porter un groupe sur ses épaules tout en faisant contribuer tout le monde. Alors que la mi-saison est dépassée, cette mission est déjà un échec pour Karl-Anthony Towns aujourd'hui. Il y aura sans doute encore des rumeurs sur son éventuelle envie de jouer dans une équipe plus ambitieuse. Elles ne seront sans doute pas fondées, tant trader un joueur à qui on vient tout juste de donner les clés du camion aurait peu de sens. C'est plutôt sur le moyen et le long terme qu'il faut s'inquiéter pour ce mariage qui avait tout pour réussir lorsque les Wolves ont choisi Towns avec le 1st pick en 2015. Le changement de coach n'a pas marché. Le départ de Jimmy Butler ne s'est pas accompagné d'effets positifs. Le changement de GM non plus, pour le moment. Au bout d'un moment, l'attention risque de se tourner vers le franchise player...

Les stats de Karl-Anthony Towns en 2019-2020

Season Team G Min FGM FGA FG% 3PM 3PA 3P% FTM FTA FT% OR DR Reb Ast TO Stl Blk Pts
2019-20 MIN 31 33:34 9.3 18.2 51.1 3.3 8.2 40.6 5.1 6.4 80.7 2.6 8.1 10.8 4.2 3.1 0.9 1.2 27.0