Les proprios mécontents et prêts au lockout ?

On vous explique pourquoi la grogne des propriétaires pourrait déboucher invariablement vers un lockout en 2017.

Benoît JametPar Benoît Jamet  | Publié  | BasketSession.com / NEWS
Biggie le disait mieux que tout le monde "Mo' Money, Mo' Problems" et c'est exactement ce que les différents acteurs de la NBA doivent se dire en ce moment, alors que le business de la NBA ne s'est jamais aussi bien porté ! Un véritable paradoxe alors que les joueurs free-agents viennent tout juste de signer des contrats dont le montant total s'élève à 2,6 milliards de dollars et que les revenus engrangés par la NBA n'arrêtent pas d'augmenter (passant de 3,8 milliards de dollars en 2010-2011 à une estimation de 5 milliards de dollars pour la saison prochaine). Et si Jay-Z avait 99 problèmes mais que sa "bitch" n'en était pas un, la NBA a peu de problèmes mais le CBA (Collective Bargaining Agreement), signé en 2011 pour 10 ans et régissant les interactions joueurs/propriétaires, en est surement le plus gros. Alors que les rumeurs, dès le lendemain de la signature de l'accord, laissaient penser que les joueurs seraient les premiers à s'en dédire (l'accord prévoit que chacune des deux parties, joueurs ou proprios, peuvent le faire à partir de l'intersaison 2017, tout en devant prévenir avant le 15 décembre 2016), il se dit actuellement que ce sont plutôt les propriétaires qui pourraient vouloir renégocier le deal à la première opportunité, comme le rapporte Ken Berger de CBS Sports.
"Ceci arrive car nous avons généré un niveau de revenus auquel nous n'avions même pas pensé arriver", explique Adam Silver.

Un modèle proche de l'explosion

Au coeur de cet imbroglio, la répartition des revenus entre joueurs et propriétaires. Si, dans le précédent CBA, les joueurs obtenaient 57% des revenus de la ligue (le BRI, Basketball Related Income), le nouvel accord avait vu cette proportion descendre à un 50/50, plus égalitaire selon Mark Cuban and Co... De plus, les propriétaires étaient également parvenus à conserver le principe des salaires limités, selon l'expérience des joueurs, tout en leur concédant seulement de nouveaux contrats de type "Derrick Rose", permettant à un jeune joueur de s'approprier 30% du cap de son équipe, s'il remplissait des conditions bien précises (comme être MVP et dans une team All-NBA deux fois pendant son contrat rookie). Le nouveau contrat (techniquement, une extension...) d'Anthony Davis, signé chez les Pelicans il y a deux semaines, fait partie de cette catégorie de contrat d'ailleurs. Le problème avec tout ça, c'est que la NBA n'avait pas prévu que ses revenus augmenterait de cette façon. Ainsi, le contrat télé mirifique (24 milliards de dollars sur 9 ans), qui entrera en vigueur l'an prochain, fait un peu exploser ce modèle.
"Ce n'est pas l'idéal et ce n'est pas quelque chose que nous avions prévu lorsque nous avions négocié cet accord", poursuit Adam Silver.
Avant même cette massive entrée d'argent dans le BRI l'an prochain, qui devrait faire passer la barre des 90 millions de dollars au salary-cap, les revenus produits cette saison ont déjà fait augmenter celui-ci à 70 millions de dollars lors cette intersaison (alors que les estimations le donnaient aux alentours des 67 millions), contre 63 millions l'an passé. Les joueurs étant garantis par le CBA d'obtenir 50% de ces revenus, la NBA sera donc légalement obligée de leur reverser le dividende sous la forme d'un gros chèque à se partager.
[superquote pos="g"]"Ils ne valent que 46% et on leur en donne 50 ?"[/superquote]D'après les estimations, la NBA reversera donc 500 millions de dollars aux joueurs en 2016-2017, puisque la limitation de leurs salaires (ils sont indiqués en dollars et non en pourcentage de cap, sauf pour le cas exceptionnel indiqué plus haut) ne leur permettra en aucun cas d'arriver à une repartition égalitaire du BRI. Chaque joueur devrait donc recevoir un chèque d'environ 1 million de dollars en juillet 2017. Cette somme énorme est aussi la résultante du refus du syndicat des joueurs, la NBPA menée par Michele Roberts (dont nous vous avons fait un portrait dans le Reverse #51), d'amener plus doucement et progressivement cet afflux d'argent dans le BRI.
Une source de Ken Berger lui indique d'ailleurs que beaucoup de propriétaires vont voir ces 500 millions partir dans l'autre camp et se demander "Ils ne valent que 46% et on leur en donne 50?"...
Bref, de l'eau coulera encore sous les points d'ici à decembre 2016 et chacune des deux parties voudra éviter de passer pour le grand méchant loup, toujours plus avide de billets verts, et provoquer un lockout pratiquement incompréhensible pour les fans, alors que LeBron James aura surement signé un contrat de 200 millions sur 5 ans d'ici là et que les propriétaires auront continué à amasser annuellement 50% d'un pactole de 5 milliards de dollars...
Oui, vraiment, mo' money mo' problems...
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