Il y a 27 ans, Michael Jordan (re)flinguait les Bad Boys de Detroit

À la fin d'un long road trip avec les Bulls en 1988, His Airness s'est arrêté à Detroit. Puis est reparti, avec 59 points et la victoire en poche. Les espoirs de victoire d'Isiah Thomas et des siens en moins. Du grand MJ.

Isiah Thomas le savait : le 3 avril 1988 serait une journée difficile. Le passage de Michael Jordan et des Chicago Bulls dans le Michigan oblige. Le meneur des Detroit Pistons s'était préparé. Il avait encore en tête les exploits de MJ face à son équipe l'an dernier. Car le 4 mars 1987, le joueur des Bulls avait réalisé un deuxième match en carrière à plus de 60 points. Déjà face aux Pistons. Avec 61 points au compteur, à 22/39 au shoot. Et à 17/18 aux lancers francs. Preuve que les Pistons avaient commis des fautes sur Michael Jordan ce soir-là. En vain. Ce soir-là, Isiah Thomas avait fait ce qu'il avait pu. Soit 31 points et 18 assists. Pas mal. Mais insuffisant. Pour Isiah Thomas, l'occasion était parfaite. Le match n'était-il pas diffusé à la télévision nationale, un dimanche soir ? Une vengeance en public, en somme. Une vengeance facilitée par la fatigue des organismes des joueurs de Chicago. Ces derniers finissant à Detroit le long road trip qui les a contraints à disputer quatre matches en six jours au-delà de leurs terres. Alors Isiah Thomas se prépare. Le coach des Pistons, Chuck Daly, aussi :
« Nous étions motivés afin que Michael Jordan ne nous batte pas à lui tout seul. Nous devions accomplir un gros travail d'équipe pour ça. »
Comme Isiah Thomas, Chuck Daly connaît bien Michael Jordan. N'a-t-il pas atterri sur le banc des Pistons un an avant que His Airness soit drafté ? Surtout, le mythique entraîneur des Pistons a déjà subi les fulgurances de MJ. 49 points, puis 47, 61, et de nouveau 49. Pas de quoi la désespérer. Du coup, il met sur pieds des « Jordan Rules ». Chaque joueur reçoit des consignes en fonctions des faits et gestes de la star des Bulls. L'objectif est simple : annihiler le multi-récidiviste.

« C'est Superman »

Direction le Pontiac Silverdome, le dimanche 3 avril 1988. Michael Jordan est en feu face aux Pistons. Encore. Les Bulls l'emportent. Encore. Les chiffres ? 59 points. A 21/27 au shoot. Plus 4 rebonds et 6 passes. Bill Laimbeer (18 points), Joe Dumars (18 points), Adrian Dantley (18 points) et Rick Mahorn (8 points) auront été impuissants. Isiah Thomas avait pourtant sorti le grand jeu : 24 points et 8 assists. Mais les hommes de Chuck Daly, les « Bad Boys », connus pour leur rigueur défensive, leur hargne, leur goût du sacrifice et du trashtalking, ont fait pschiit. Chuck Daly jette l'éponge :
« Peu importe ce que l'on a fait ou essayé de faire face à lui, rien n'a marché. C'est Superman. Je ne sais pas comment il fait ça. D'où vient cette intelligence, cette énergie, cet instinct dans le jeu. Je m'adresse aux habitants de Chicago. Vous assistez à quelque chose que l'on ne voit qu'une fois dans sa vie. Alors profitez-en pendant que vous pouvez. »
C'est bel et bien MJ qui a porté le coup fatal à sa victime. A seulement quatre secondes du buzzer final. De deux lancers francs qui ont hissé le score à 112-100. Et ce après une perte de balle des Pistons, forcée par Brad Sellers et Michael Jordan, et qui a obligé Bill Laimbeer à faire faute. Une énième et dernière fois. Ironie du sort : si les « Bad Boys » voulaient harceler MJ pour diminuer ses performances, c'est eux qui lui ont offert l'arme du crime. Le joueur de Chicago réalisera ainsi un très propre 17/19 sur la ligne. Dont les deux lancers francs victorieux pour les Bulls. Et meurtriers pour les Pistons. A l'issue de la rencontre, « Superman », qui signait ainsi son dixième match à 50 points de sa carrière, s'était dit content. Et ambitieux :
« C'est un match qui peut nous permettre d'améliorer notre confiance. Ce match nous a montré que si on rencontre Detroit à n'importe quel moment des playoffs, nous pouvons les battre. »
Le 3 avril 1988, Michael Jordan confirmait qu'il trusterait les livres d'histoire de sa franchise. Avec ses 59 points, il détenait ainsi les cinq meilleures performances de l'histoire des Bulls. Et il faudra attendre Kevin Durant et janvier 2014 pour voir un joueur réaliser un match à 54 points et 5 assists à plus de 65% de réussite au shoot. Mais les Pistons et le regretté Chuck Daly gagneront avant Michael Jordan. Signant un joli doublé entre 1989 et 1990. Avant que les Bulls et Michael Jordan prennent le pouvoir sur la Grande Ligue. Et succèdent aux « Bad Boys », entre 1991 et 1993. Si le chemin était encore long pour que Michael Jordan devienne la légende d'une franchise, d'une Ligue, et d'un sport, il aimait déjà rencontrer les Pistons. Pour mieux les flinguer à chaque nouvelle occasion. Bad Boys ou pas. Isiah Thomas le savait, pourtant. [youtube hd="0"]https://www.youtube.com/watch?v=QsplWQ25ca8[/youtube]