Danse avec les Wolves

Auteurs d’un exercice décevant l’an dernier, les Minnesota Timberwolves ont sorti les crocs depuis le début de la nouvelle saison.

Danse avec les Wolves
Personne n’a contesté le fait que les Minnesota Timberwolves étaient chargés en talents. Mais ces talents n’ont justement pas toujours été bien exploités. C’est ce qui frustrait Jimmy Butler, All-Star éphémère de la franchise, forte tête qui reprochait à certains de ses jeunes coéquipiers de ne pas se déchirer jusqu’à l’os pour mettre à profit leurs supers pouvoirs. Quelques mois après son départ, les jeunes troupes de Minneapolis finissent par relever la tête. Vainqueurs du Miami Heat hier soir (116-109), ils sont toujours invaincus après trois matches. C’est d’ailleurs seulement la troisième fois dans son Histoire que la franchise gagne ses trois premières sorties.

KAT, gros tigre

Au cœur de ces succès, un homme. Karl-Anthony Towns. L’intérieur All-Star déclarait il y a quelques semaines que son équipe était sous-estimée. Le jeune homme de 23 ans en a ras le bol d’être dans l’ombre. Il est déterminé. Il a faim. Et ce sont ses proies qui subissent. 36 points, 11 sur 22 aux tirs, 7 sur 11 à trois-points, 14 rebonds, 3 passes, 3 interceptions et 3 blocks pour commencer la nouvelle saison. Puis 37 points (13 sur 18), 15 rebonds, 8 passes, 4 interceptions et 2 blocks au deuxième match. Le message envoyé au reste de la ligue est violent. KAT s’est légèrement calmé contre Miami (23-11-4). Après trois rencontres, il compile donc 32 points, 52% aux tirs, 51% à trois-points malgré dix tentatives (dix !) de moyenne, 13,3 rebonds, 5 passes, 3 blocks et 2 interceptions. Ça va évidemment se tasser mais, waouh, ça cogne. Le premier choix de la draft 2015 est parti pour faire une grande saison sur le plan statistique, encore une fois. Sauf qu’il a tout de même l’air d’avoir aussi franchi un cap. Des chiffres, il en a toujours fait. Dans ses attitudes, dans ses prises de décision, Towns a l’air plus en mesure de faire gagner son équipe. Il a notamment été décisif lors du premier match de la saison contre Brooklyn, une partie gagnée en prolongations.

Andrew Wiggins, grand minet

Décisif, c’est l’adjectif le mieux approprié pour parler d’Andrew Wiggins après sa performance contre Miami hier soir. En fait, c’est même du Wiggins dans toute sa splendeur. Des moments très brouillons. Puis un coup de chaud. Et quel coup de chaud ! L’ailier a inscrit 11 points de suite dans le quatrième quart temps. Il a presque fait gagner le match à lui tout seul à ce moment-là ! Il a égalisé un peu plus de trois minutes de la fin puis il a pris le large. Le Canadien a marqué 16 de ses 25 points du soir dans le dernier quart temps. Une sortie à la Tracy McGrady, une superstar à qui il est comparé depuis qu’il a été drafté en première position en 2014. Parce que comme T-Mac, Wiggins est un attaquant naturellement béni. Mais comme lui, il a la fâcheuse manie de choisir ses moments. McGrady, par exemple, traîne encore aujourd’hui la réputation d’un athlète incroyable à l’éthique professionnelle douteuse – ou au moins pas en adéquation avec son talent. Pour le jeune joueur des Minnesota Timberwolves, c’est un peu différent. Il est parfois brillant. Souvent transparent. Mais il a été déjà très précieux lors de deux deuxièmes mi-temps depuis le coup d’envoi de la saison.

Le groupe vit bien

Parce que oui, les loups ont été accrochés à chaque fois. Ils ont été menés à chaque fois ! Et ils ont réussi à revenir au score pour l’emporter… à chaque fois. Ils font preuve de caractère. C’est important. L’état d’esprit est le bon. Pour ça, il faut déjà féliciter le travail de Ryan Saunders. Le coach le plus jeune de la ligue a vraiment une touche intéressante. Au-delà du terrain et de sa volonté de pratiquer un basket moderne – ouf ! – il a une philosophie qui paye en dehors. L'entraîneur est très proche de ses joueurs. Il sait les motiver. Ils ont envie de se battre pour lui. Jeff Teague et Robert Covington redeviennent des joueurs de basket et il y est sans doute pour quelque chose. Il a soudé son groupe autour de lui. L’atmosphère dans le Minnesota semble très saine. Positive. Et ça tire l’équipe vers le haut. C’est sûr que ça change de son prédécesseur… Tom Thibodeau avait usé ses joueurs. Bon, il est trop tôt pour s’enflammer, évidemment. Après tout, les Wolves ont battu des Nets encore en rodage, des Hornets assez faibles et un Heat privé de Jimmy Butler après avoir joué la veille. Ce ne sont pas les armadas les plus impressionnantes du championnat. Mais il y a une ouverture à l’Ouest. Les playoffs ne seront pas faciles à atteindre. Mais c’est peut-être la bonne saison pour rejoindre la meute avant que tout le monde rentre dans la danse.