Les Wolves ne sont pas encore prêts et ça s’est vu

Les Wolves ne sont pas encore prêts et ça s’est vu

Les jeunes loups ont encore beaucoup de boulot avant de vraiment devenir une franchise qui pèse au sein de la Conférence Ouest.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Analyse
Avec internet, il suffit parfois de peu pour que la foule s’enflamme. Il y a peu de prises de recul. Tout est dans l’instantané. Quand les Minnesota Timberwolves ont ajouté Jimmy Butler puis Jeff Teague (puis Taj Gibson et Jamal Crawford) à Karl-Anthony Towns et Andrew Wiggins, nombreux sont ceux à soudain imaginer la franchise casser la baraque à l’Ouest. Comme si, soudainement, une organisation qui n’a pas disputer les playoffs depuis 2004 allait atteindre les finales de Conférence. L’erreur est toujours la même : placer trop d’attention sur le niveau de jeu intrinsèque des individualités et pas assez sur les principes collectifs, le temps que nécessite un groupe pour se construire en tant qu’équipe et la complémentarité ô combien importante entre les différents acteurs. Sur le papier, cette meute a énormément de talents. Elle possède deux des meilleurs jeunes joueurs de 24 ans de la ligue, accessoirement deux des basketteurs les plus forts du monde à leur poste, une superstar à plus de 20 points par match et un meneur qui a lui aussi déjà été All-Star. Sans même compter sur des joueurs expérimentés, de devoir, plus que confirmés en NBA. Et un coach bien réputé. Mais tout ce beau monde peine à cohabiter pour l’instant. C’est d’ailleurs pour ça que nous avions écarté les Wolves du quatuor de tête de la Conférence Ouest. A vrai dire, même Denver peut éventuellement faire mieux que Minnesota cette saison. Avec trois nouveaux titulaires et six nouveaux visages, il est logique que les ouailles de Tom Thibodeau ne soient pas de suite au sommet de leur art. Le premier match de la saison contre les San Antonio Spurs a donc confirmé toutes les craintes que nous avions au sujet des jeunes loups.

Jimmy Butler et Andrew Wiggins, ça coince

Petit jeu pour les suiveurs des Minnesota Timberwolves à réaliser dans les, allez, trois ou quatre prochaines semaines : comptez le nombre de fois où Andrew Wiggins et Jimmy Butler franchissent tous les deux la barre des 20 points au cours du même match. Si chacun est un excellent joueur de basket, il est évident que leurs styles de jeu ne sont a priori pas très complémentaires. Car trop similaires. Les deux sont des slasheurs. Les deux aiment jouer les isolations et défier leurs adversaires en un-contre-un. Aucun des deux n’est un shooteur pur. Même s’ils ont compilé 6/9 derrière l’arc à eux deux cette nuit (4 tirs primés pour Wiggins !). Si l’un cartonne, il y a des chances que l’autre en pâtisse – en tout cas pour l’instant, le temps qu’ils trouvent vraiment leurs repères et apprennent à jouer ensemble. Le Canadien a terminé avec 26 points (game high) à 9/14. Mais Butler était lui en difficulté. Il a inscrit seulement 12 points à 5/12 aux tirs. Les Wolves ont été dominés quand les deux stars étaient alignées ensemble sur le parquet. Le différentiel du duo en dit long : -17 en 27 minutes. Plus globalement, le cinq majeur était à la rue. A part KAT, tous avait un +/- largement négatif (-19 pour Butler, idem pour Wiggins, -17 pour Teague et Gibson).

Le cinq des Minnesota Timberwolves n'est pas complémentaire

Car ce groupe souffre du manque de spacing. Gibson a même shooté deux fois à trois-points, sans réussite. Teague était dépassé pour sa première. Ses statistiques sont correctes – 11 pts et 6 pds – en 24 minutes mais Thibodeau l’a laissé sur le banc pendant l’intégralité du dernier quart temps. Au profit du jeune Tyus Jones. Cela peut sembler étonnant qu’un joueur peu expérimenté prenne la place d’un vétéran anciennement All-Star dans le money time d’un choc contre les Spurs. Le coach voulait « laisser la chance » à ceux qui ont « remis l’équipe sur le chemin de la victoire » dans le troisième QT. Mais il est évident que le profil de Jones est plus avantageux. C’est un meilleur shooteur. C’est aussi un meneur plus porté sur la gestion que sur l’agression balle en main, ce que Teague ne peut finalement que très peu faire avec Butler et Wiggins à ses côtés. Les Minnesota Timberwolves ont évidemment mieux joué quand des shooteurs prenaient place en compagnie des stars. Jamal Crawford (10 pts, 5 pds) et Nemanja Bjelica (9 pts) ont par exemple tous les deux ont un apport intéressant en sortie de banc. Ils ont ouvert le jeu. Une équipe qui se porte mieux quand elle joue plus « petit » avec des joueurs plus adroits ? Incroyable ! Quel scoop. Bienvenue en 2017, Tom Thibodeau.

Le money time, toujours un cauchemar

Mais en plus des nouvelles lacunes que les Wolves vont devoir travailler, les joueurs sont aussi retombés dans leurs mauvais travers. Comme quoi, il ne suffit pas d’ajouter des cadres (qui, au passage, n’ont jamais mené une équipe au-delà d’un second tour de playoffs) pour casser des mauvaises habitudes. Là encore, cela prend du temps. La saison dernière, Minnesota était l’une des meilleures équipes lors des trois premiers QT… et l’une des plus mauvaises dans le dernier ! Devinez quoi ? C’était déjà le cas quand Kevin Love jouait ici. C’est dire à quel point c’est ancré dans les habitudes de la franchise malgré le fait que tout l’effectif ait changé. Portés par Wiggins, les loups étaient revenus à hauteur des Spurs. Ils menaient même d’un point. Avant d’encaisser un 16-5 dans les cinq dernières minutes du match. Dont un 9-0 terrible des Spurs pour conclure. Un run mené par Dejounte Murray et Danny Green. Pas forcément les joueurs les plus redoutables de la Conférence Ouest. Bien évidemment, un premier test contre San Antonio, ce n’est pas idéal. Il y a des adversaires bien plus faciles pour se mettre en place. Mais les éperons étaient privés de deux titulaires dont leur meilleur joueur Kawhi Leonard ! Sur le papier – strictement sur le papier – Minnesota était au-dessus hier soir. Alors, oui, il ne faut pas s’inquiéter après un seul match. Par définition, cette équipe est jeune. Autant sur la carte d’identité que sur le vécu collectif. Il va falloir des matches et des échecs pour se forger une identité. Mais cette équipe n’est clairement pas prête à vraiment poser des problèmes à l’Ouest.
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