[ITW] NBA All-Star Names : « Un surnom veut dire plus qu’il n’y paraît »

Nous avons pu échanger avec Vincent Reculeau et Adrien Pommepuy à propos de la sortie de leur livre, NBA All-Star Names, qui revient sur les meilleurs surnoms de l'histoire de la NBA.

[ITW] NBA All-Star Names : « Un surnom veut dire plus qu’il n’y paraît »

Tous les deux fans de basket, Vincent Reculeau et Adrien Pommepuy se sont lancés dans une grande aventure : l’écriture d’un livre. "NBA All-Star Names", aux éditions Amphora, revient sur les surnoms les plus iconiques et les plus originaux de l’histoire de la NBA. Nous avons pu échanger avec Vincent (écriture) et Adrien (illustrations) à propos de ce projet et de leur amour pour les surnoms.

BasketSession : Pouvez-vous nous raconter la genèse de ce livre ?

Vincent : Nous ne nous connaissions pas du tout. Malgré notre région commune et notre profession commune. Nous nous sommes rencontrés via le site Basket Retro, pour lequel nous avons beaucoup collaboré sur des articles, et on s’est bien entendus.

Adrien : J’avais envie de faire un livre depuis très, très longtemps. Je pense qu’on avait déjà discuté de cette éventualité avec Vincent, puis je lui ai proposé de faire un calendrier perpétuel. Je me suis dit que ce serait un format moins difficile et moins engageant qu’un livre. Alors, je lui ai proposé quelque chose de très illustré et très coloré, j’étais surpris qu’il dise tout de suite oui.

V : Alors, j’ai dit oui, tout en ayant affreusement peur. Je m’estime très lent dans l’écriture, j’aime bien avoir le mot juste. Donc écrire un texte long ou romancé me faisait vraiment peur, mais j’ai dit oui parce qu’il était question de portraits courts, c’était moins effrayant.

De votre perspective de fans de basket, dans des métiers qui n’ont rien à voir avec l’écriture, que cela représente-t-il pour vous de sortir un livre ?

V : C’est un rêve, tout simplement. Il y a 30 ans, j’écrivais un mini magazine pour mes copains au collège, qui racontait l’histoire de mon équipe de basket en minimes. Aujourd’hui, j’écris un livre sur les stars qui m’ont fait rêver. C’était une super aventure, où tout s’est aligné : la rencontre avec Adrien, un chouette travail collaboratif, un éditeur passionné, une célébrité qui nous a suivis les yeux fermés… c’est la brochette du bonheur. "Croire en ses rêves", c’est parfois une phrase bateau. Mais, là, on y a cru et ça a fonctionné.

A : C’est un peu la même chose. Je suis content d’offrir ça à l’ado que j’étais, qui rêvait de basket et qui rêvait de ce que j’ai essayé de faire avec mes illustrations. Je suis très content d’avoir satisfait cette partie de moi-même.

Vincent, tu parles beaucoup de surnoms sur ton compte Twitter (@WonderfulOhYeah) depuis déjà longtemps. D’où te vient cette passion ?

V : Je trouve qu’un surnom, c’est très parlant. Ça veut dire plus qu’il n’y paraît. Il y a toute une mythologie dedans, qui permet d’aller au-delà du basket. J’adore le basket, mais j’aime aussi les à-côtés, les petites histoires. Et les surnoms sont justement une fenêtre qui permet de voir la grande histoire à travers la petite. J’ai été marqué par un article de Patrick Chaillou dans Maxi-Basket, dans les années 80, qui s’appelait Nicknames en folie. Dans cet article, il présentait de nombreux surnoms des joueurs de la ligue, avec de superbes illustrations.

Il y a les surnoms, mais aussi les dessins de plusieurs centaines de joueurs dans le livre. À quel point ce challenge était-il grand pour toi, Adrien ? Et comment fait-on pour retranscrire un surnom visuellement ?

A : 329, exactement ! C’est vrai que c’est pas mal… Quand j’ai balancé l’idée au début, je crois que je n’avais pas conscience de la masse de travail que cela représentait. On était très enthousiastes, puis on s’est très vite rendu compte de ce qui nous attendait. On est en octobre, et il y a le inktober — le challenge de faire une illustration par jour sur un thème imposé. Je l’ai fait aussi, sauf que c’était sur deux ans. Je pense que je ne suis plus le même illustrateur après ce défi. Ensuite, pour les illustrer, je me suis beaucoup basé sur le texte que Vincent avait écrit à l’avance. J’ai essayé de rebondir sur son interprétation du surnom. Ce n’était pas toujours évident, mais j’ai essayé de faire un lien à chaque fois.

Comment avez-vous choisi les surnoms qui figureraient sur la liste finale ? On imagine que certaines décisions ont été difficiles, tant dans la sélection des joueurs que des surnoms.

V : Au début, je voulais vraiment un seul surnom par joueur. Puis je me suis rendu compte que ce n’était pas possible. J’en avais environ 390 et il fallait faire un cut avec les éditions Amphora. Ça a été un petit peu dur, mais je me suis occupé de la sélection finale. Pour éviter certains sacrifices, on a regroupé des surnoms. Par exemple, on a regroupé trois "Jet" et il y avait trois "Hot Rod", les "stopper" aussi.

A : On voulait globalement le top 100 des joueurs. Mais c’était aussi important d’avoir des joueurs qui nous tenaient à cœur. Pour Vincent, il y a je ne sais pas combien de pivots des années 80 et 90. Moi, j’ai plutôt choisi des mecs qui n’avaient pas de mains, mais beaucoup d’énergie à apporter. On voulait également rendre hommage à certains joueurs qui étaient en bout de banc, mais qui ont quand même réussi à rester pendant des années en NBA. Ce n’est donné à personne.

 

"Les surnoms sont une fenêtre qui permet de voir la grande histoire à travers la petite."

Quel est, chacun, votre surnom préféré ?

A : Le plus emblématique : Magic. Même plus besoin de dire son nom (Earvin Johnson). On dit "Magic" et on sait à qui on pense. Ça a remplacé tout le reste. Pourtant, ça vient seulement d’un commentateur qui l’a appelé comme ça, mais ça collait tellement bien que c’est resté.

V : C’est un surnom rarement utilisé, mais que j’adore : "The Round Mound of Rebound", pour Charles Barkley. Le monticule rond du rebond, en français. J’adore la rime, c’est de la poésie pour un gars qui n’était clairement pas toujours poète sur le terrain.

Quel est le surnom que vous trouvez le plus drôle ?

A : Celui de Corey Maggette, "Bad Porn" ! C’est la signification qui me fait rire : fait des stats, mais sans la victoire à la fin. C’est très imagé, mais je trouve que ça fonctionne et ça me fait mourir de rire. Je pense que la personne qui a sorti ça avait énormément d’humour. Je ne sais pas si on le reçoit bien en tant que joueur, mais en tout cas, nous on l’a apprécié. (rires)

B : Pour moi, c’est celui de Larry Nance : "The High-Ayatolla of Slamola". Il est un peu comme celui de Barkley, délirant. Il joue sur les syllabes, sur la religion, il est long. C’est une trouvaille délirante et donc rigolote.

Quelle est, selon vous, la plus belle histoire derrière un surnom ?

A : Je vais partir sur "Black Mamba". C’est un peu facile, mais c’est apparu à un moment où Kobe était dans la difficulté. S’il s’est lui-même donné ce surnom, c’est aussi pour surmonter des épreuves. Ça l’a sans doute motivé et ça a dû l’aider à garder un but, pour toujours tenter d’être une meilleure personne. Je pense qu’il l’a été. Je trouve que c’est une belle histoire.

B : Une belle histoire, c’est celle de "Spud" Webb. Sa grand-mère l’appelait comme ça parce que, à la maternité, sa tête ressemblait à un satellite — et Spud veut aussi dire "patate" en anglais. C’est un surnom un peu dévalorisant au départ, mais avec ses 1,69m, il décolle quelques années plus tard pour remporter le concours de dunks.

Adrien, quel surnom as-tu préféré illustrer ou celui dont tu es le plus fier ?

A : Je pense que c’est celui de Thomas Pesquet, le dernier. Notamment parce qu’il y avait ce challenge de faire le portrait de quelqu’un qui le verrait. Il fallait aussi lier sa passion du basket et le fait qu’il soit astronaute à son surnom tiré d’une référence musicale — Major Tom. C’était un gros challenge, pour lequel je me suis mis beaucoup de pression. Je suis assez fier de ce que j’ai fait.

Thomas Pesquet a justement fait votre préface. C’était une annonce surprenante. Comment cela s’est-il fait ?

V : Quand j’ai commencé sur Twitter, je ne parlais pas spécialement de surnom, je parlais de NBA vintage. Mon crédo, c’était les archives de magazines des années 80 et 90. J’ai été suivi par pas mal de monde et, à ma grande surprise, en me brossant les dents un jour, je vois une notification : "Thomas Pesquet vous suit". Ça fait quelque chose. Je l’ai remercié, il ne m’a pas répondu, mais il y avait un petit like de temps en temps, voire un commentaire une fois. Quand s’est posée la question de la préface, il fallait bien sûr un invité de marque pour apporter une certaine notoriété et nous valider. Je l’ai donc contacté, Adrien en rigolait.

A : Je n’y ai pas cru. J’étais toujours là, à dire "tu ne voudrais pas un peu penser à une option numéro 2 ?".

V : Je me suis dit qu’en faisant la demande avec le cœur, naïvement, ce n’était pas impossible. On ne lui a pas envoyé un dossier, mais un message privé, avec les premiers dessins d’Adrien et les textes avec les surnoms en rapport avec l’espace. Le timing n’était pas terrible, c’était quinze jours avant sa deuxième mission spatiale. Puis je suis revenu avec une deuxième demande à son retour, six mois plus tard. Et une fois qu’on a annoncé notre signature avec Amphora, en début d’année, il a répondu au message et accepté.

A : Il a vécu comme nous ce rapport très distant avec le basket américain, à peu près dans les mêmes années. Il a dû se reconnaître un petit peu dans ce qu’on lui a proposé et ce qu’on lui a montré. Ça se ressent dans sa superbe préface. Je trouve que ça l’humanise énormément. C’est une personne que je n’avais pas spécialement mise en rapport avec le basket. Il va dans l’espace, mais, en fait, c’est un humain comme nous. C’est un énorme cadeau qu’il nous a fait.

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