10 ans de Quai 54 en 10 souvenirs

A l'occasion de la nouvelle édition du Quai 54, voici 10 souvenirs racontés par dix acteurs majeurs du tournoi le plus relevé de la planète streetball.

10 ans de Quai 54 en 10 souvenirs
Alors que la nouvelle édition du Quai 54 débute ce samedi, on vous propose de redécouvrir 10 grands moments des 10 premières années du tournoi, que 10 acteurs incontournables de cette décennie nous ont racontés pour REVERSE. C'était dans notre opus n°37.   En dix ans d’existence, le Quai 54 a marqué les esprits de bien des façons. En voici dix, triées sur le volet. Propos recueillis par Almamy Soumah et Syra Sylla

Amara Sy (icône) : Mon premier titre avec Proleps en 2006

J’ai fait la première édition avec mes frères, Tony Ramphort et Sambou Traoré, on avait perdu notre premier match contre l’équipe de Jean-Marc Kraidy. Quand on est revenu l’après-midi, qu’on a vu le monde qu’il y avait sur et en dehors du terrain, on était trop dégoûté d’être éliminé. L’année suivante, je n’ai pas pu le faire parce que j’étais en Summer League. J’ai fait la troisième édition à Porte Dorée. On est tombé en finale contre l’équipe de Sacha Giffa, « Zikfi ». Je m’étais bien renforcé, y’avait mes frères, Sébastien Jasaron, Tony Ramphort, un pote de Cergy et Claude Marquis. C’est l’année où les gens ont découvert le public de Cergy. Dès qu’un mec de Cergy joue quelque part, tout le monde se déplace. Quand je viens jouer au PL pendant la saison, les gars se déplacent pour soutenir et faire du bruit. Quand Modibo Niakaté va jouer à Nanterre, c’est la même. Quand ce sont mes frères, c’est pareil. Cergy, c’est pire qu’un sixième homme. Ils sont là pour bouger les gens, mettre de l’ambiance. D’ailleurs, je ne sais pas si les gens ont remarqué mais quand la Fusion n’est pas là, le public de Cergy n’est pas là.  

Kadour Ziani (dunkfather) : La gorgette que j’ai prise en 2008

C’est difficile de ne retenir qu’un seul moment sur dix années de Quai 54. Mais la première chose qui me vient à l’esprit, c’est une gorgette que j’ai prise en 2008. C’était à Carpentier à cette époque-là. Je vais pour mettre un dunk avant le concours. Et là, grosse gorgette ! Après, le Quai, c’est un tout. C’est un système D comme « dévotion ». Il faut être un dingue pour participer et assister au Quai 54. C’est un sacrifice de tous ces passionnés et malades de basket. En fait, c’est un rassemblement de fous. On va rester des heures et des heures sous le soleil pour assister à cet évènement. Et chaque année, tout le monde râle sur l’organisation, le temps d’attente ou plein d’autres choses, mais au final, tout le monde le veut bien. Le Quai 54, c’est des gens qui se tapent pour être sous le soleil à 40° et des joueurs, pros pour la plupart, qui se tapent pour gagner ce tournoi.  

Thibaut De Longeville (co-organisateur et documentariste) : La paire de shoes Quai 54

Pour un sneaker head comme moi, c’était une grande satisfaction de voir un logo que j’ai fait sur une paire d’Air Jordan. On a créé le logo en 2003 et c’est encore le même aujourd’hui. Pour quelqu’un de mon âge, qui a passé ses nuits debout à regarder jouer MJ et qui aurait fait des choses illégales pour avoir ses pompes, se dire qu’un logo que tu as créé se retrouve sur une paire de Air Jordan, en sachant que c’est la première fois que cela se fait d’avoir une entité qui n’est ni Nike ni Jordan sur une chaussure de la marque, ça ne peut pas te laisser indifférent.  

Mokobé (ambianceur) : L'évolution du Quai sur les 10 ans

Ça fait 10 ans qu'on le fait, on a démarré tout en bas. On était 54, 55, en réalité une centaine. Aujourd'hui, on est passé de Levallois au Trocadéro, puis cette année au Champs de Mars, c'est impressionnant ! On est passé d'une centaine de personnes à 8 000 spectateurs l'an passé sur un week-end, en faisant de cet évènement un tournoi reconnu mais aussi respecté. Il y a des choses qui m'ont dépassé comme le fait qu'on n'ait pas assez de places. Ce qui m'a surtout surpris, c'est de voir que, dès 7h du matin, les gens font la queue. C'est quelque chose d'invraisemblable pour un tournoi de basket.  

Hammadoun Sidibé (fondateur) : L'abandon de Terror Squad en 2005 et celui de Sean Bell All Stars en 2008

L'abandon des Américains a été un tournant important dans l'histoire du Quai. Il faut savoir, dans le 1er cas, que nous avions fait venir Terror Squad, l'équipe de Fat Joe triple championne de l'EBC Rucker Park qui était le tournoi le plus relevé de NY à l'époque. Ils ont tenu à participer au tournoi comme tout le monde et se sont vite retrouvés en difficultés face à Team 77 de Raphaël Desroses et Sambou Traoré. Après quelques tensions, ils ont préféré abandonner pour ne pas être destitués en France. La seconde fois par contre, c'était Sean Bell All Stars. Vainqueurs en 2007, ils savaient où ils mettaient les pieds. Et quand ils ont senti qu'ils allaient perdre, ils se sont plaints de l'arbitrage. Là je l'ai pris comme un manque de respect vis-à-vis des organisateurs, moi le premier.  

Manu Key (coach... et mafieux k1fry) : La venue de Ray Allen

L'évènement qui m'a marqué, c'est la venue de Ray Allen l'an passé. C'est un homme super simple, accessible qui s'est prêté au jeu. Il a pris des photos avec tout le monde. Il est resté deux jours de plus pour pouvoir assister à l'intégralité du Quai 54. Il a fait ses petites séries de shoots aux yeux de tous. Le dernier soir, il est resté et il est passé à l'after. Pour tous les shooteurs et pour tous ses fans, c'était un moment complètement fou. Ray Allen représente la pureté du tir, le shoot rapide, on dit « dégainer à la Ray Allen ». Il représente le shoot qu'on voudrait tous avoir, c'est un champion NBA, un tueur à gage.  

Christian « 6 Kay » Mulumba (leveur de foules) : L'élite du basket réunie sur un playground parisien

La chose que je retiens et dont on peut être fier, c’est d’avoir fait participer des joueurs de très haut niveau et même NBA, notamment avec la participation de Thabo Sefolosha et Yakhouba Diawara, à un tournoi de streetball parisien. C’est l’une des choses les plus importantes que le street français ait pu vivre. Après que les joueurs aient signé en NBA, plus aucun d’entre eux sauf Yakhouba n’a participé à un évènement streetball. On a des joueurs de Pro A très forts qui viennent participer à l’évènement. Thierry Zig m'avait marqué, balle en main, aux premières heures du Quai. Le niveau de compétition évolue constamment, on ne peut jamais s’y habituer.  

Duke Tshomba (MC/coach) : La finale opposant Proleps à Team 77 en 2006

Comme je suis chauvin, je suis obligé de mentionner le jour où l’équipe belge a battu Team 77. Mais pour moi, le fait le plus marquant reste ce match-up entre Proleps et Team 77. Pour la simple et bonne raison qu’à cette époque-là, malgré tout le respect que j’ai pour le Quai et ce qu’il est devenu, le game était encore au-dessus. Les gens restaient pour voir la finale. On n’en avait rien à foutre que Fat Joe ou Wiz Khalifa soient là, ce qu’on voulait c’était savoir qui gagnerait le Quai 54. Au niveau de la qualité de basket proposée, c’était de loin l’une des éditions les plus fortes. Que ce soit au niveau de la compétition, du basket pratiqué, j’ai rarement vu ça. Et puis c’est l’année où Amara sortait de sa hype, il avait gagné le Battleground. Les gars sont restés jusqu’à 23h pour voir la finale et c’est ce qui faisait le Quai.  

Sacha Giffa (shaker) : Le caractère international du tournoi

Y’a plusieurs choses qui m’ont vraiment marqué. D’abord le fait qu’il y ait de plus en plus d’équipes étrangères. Ça a donné un peu plus de piment à la compétition. Au début, on était entre nous, Parisiens. Ensuite, on s’est ouvert à tous les ballers français. Et maintenant, on s’est encore plus ouvert et les gens viennent de partout dans le monde pour participer. C’est un truc de fou ! Ensuite le passage de Carpentier au Palais de Tokyo. J’ai tout vu, tout vécu au Quai 54, mais le jour où Hammadoune a amené le Quai dans le grand Paris, ça c’était très fort. On a sorti le basket de la rue.  

Christophe Quiquandon (Nike) : La venue d'Usher et Ludacris

J'ai plusieurs souvenirs incroyables du Quai, notamment autour de moments de pure énergie collective, avec une combinaison d'intensité et de performance sportive, de fun et d'émotion. Un des moments les plus fous, fut pour moi la venue de Ludacris. C'était avant que tout le monde s'attende à voir un entertainer américain à chaque édition. Personne n'était au courant. Je revois souvent avec plaisir la vidéo du moment d'hystérie collective à son entrée. Et lorsqu'il est rejoint par Usher, deuxième claque et l'arène se transforme en cocotte-minute. Ils sont debout sur une table, tout le monde est en feu, Karim Benzema est assis aux pieds d'Usher, un spectateur comme un autre… La scène est surréaliste, là à Carpentier, avec les tours du 13ème en toile de fond, ce moment est un cadeau incroyable pour tous ceux qui étaient présents ce jour-là.  

Kareem Reid (street legend) : Un mini New York

J'en avais toujours entendu parler par mes gars ici ou à NY. C’est complètement fou ! Ça me renvoie loin en arrière. Quand j’y étais, j’avais l’impression de me retrouver dans le passé, à l'époque du vieux Rucker Park. Le côté animations, les gens qui vivent et réagissent avec la musique, toutes ces choses sont juste extraordinaires. Mais dans le street, tout est question de cœur et de détermination. On ne vient pas là pour être complaisant. C'est aussi pour ça que je voulais venir au Quai et montrer aux fans de la rue et du street que mon nom n'était pas usurpé.