Rémi Reverchon nous parle de son bébé, l’excellent “Road Trip NBA”

Rémi Reverchon nous parle de son bébé, l’excellent “Road Trip NBA”

On a pu discuter avec Rémi Reverchon de son premier livre, "Road Trip NBA", très belle surprise de la rentrée littéraire basket.

Shaï MamouPar Shaï Mamou  | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Interview

Rémi Reverchon a, comme depuis 10 saisons, accompagné le quotidien des fans NBA sur beIN Sports la saison dernière. Petite différence ce coup-ci : l'ami Rémi travaillait d'arrache-pied en coulisses à la réalisation de son premier livre, "Road Trip NBA". Jongler entre les deux activités n'a pas été de tout repos, mais c'est un vrai beau bouquin, original et qui invite méchamment au voyage, qui sera disponible officiellement à la vente le 21 octobre prochain.

On a eu la chance de pouvoir le lire en avant-première et de passer un super moment sur les routes US, pour un savoureux mélange entre histoires de basket et plongée dans la culture de chacune des 28 villes possédant une franchise NBA aux Etats-Unis. Pour chacune d'entre elles, Rémi a pu s'entretenir avec un interlocuteur privilégié et le casting est aussi fou qu'il en a l'air, entre stars NBA, journalistes cultes et personnalités locales.

On a aussi eu le plaisir de pouvoir discuter directement avec l'auteur, à quelques jours de la reprise de la saison NBA et du lancement de son bébé, que l'on vous conseille vivement d'adopter dès que possible.

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BasketSession : Rémi, on te connaît depuis des années à l'antenne sur beIN Sports, mais on a eu la bonne surprise de te voir te lancer dans l'écriture de ton premier livre. Explique-nous un peu la génèse du projet "Road Trip NBA".
Rémi Reverchon : J'ai été contacté avant Noël l'année dernière, par la maison d'édition Amphora, qui voulait que j'écrive un beau livre de basket. Ils aimaient bien mon profil, ils savent que je lis beaucoup, que je suis dynamique sur les réseaux et m'ont donc proposé ça. L'idée que l'on m'a proposée au début ne m'a pas convaincue. Ils voulaient que j'écrive une liste des 50 plus grands joueurs de l'histoire avec un portrait de chaque joueur. Je trouvais que les listes c'était un peu vu et revu. Je ne voyais pas ce que j'allais apporter de plus que ce que l'on savait déjà.

Donc je me suis creusé la tête et je me suis dit que, comme souvent, ce qui marche le mieux c'est de faire un truc qui te correspond. Moi, mes deux passions sont le basket et les Etats-Unis. J'ai eu la chance de vivre là-bas et d'y aller mille fois pour le boulot. J'adore ce pays avec ses aspects positifs et négatifs. Donc j'ai pondu cette idée, de raconter les 28 villes des Etats-Unis et du Canada où se trouve une équipe NBA. Mais de les raconter pas seulement par le prisme du basket, mais aussi par celui de la culture.

Moi quand je vais aux Etats-Unis, je me pose, je vais faire mes interviews à l'entraînement, mes reportages, mais en dehors de ça il me reste, 5, 7 ou 10 heures dans la journée. Du coup, je vais trouver des restos, des outlets Nike pour trouver des baskets, me promener dans la ville, etc... C'est ça que je voulais raconter. L'idée c'est donc ça : pitcher aux Français la richesse des villes américaines et leur montrer que peu importe que tu ailles à Memphis, à Minneapolis, Los Angeles ou Portland, tu auras toujours plein de trucs à faire.

Est-ce qu'écrire était un projet de longue date ou ça t'es venu un peu subitement ?
RR : Je pense qu'on a tous une espèce de "to do list" à faire avant de mourir. Moi, au sommet de cette liste, il y a un saut en parachute. C'est un truc qui me fait flipper, mais je veux le faire un jour. Pas loin du sommet, parce que ma maman m'a toujours appris l'amour des livres, j'avais cette envie d'écrire un bouquin. Je ne voyais pas forcément comment ça se matérialiserait, mais j'avais ça dans un coin dans ma tête. Donc quand Amphora m'a appelé, je me suis dit que c'était l'opportunité et qu'il fallait y aller.

J'avais sous-estimé la charge de boulot que ça représentait (rires). En étant à temps plein sur beIN, je viens de passer une année hyper enrichissante, mais tellement chargée en taf ! Je ne voulais pas vendre le projet avant de l'avoir écrit, on ne sait jamais si ça va vraiment sortir. C'est un processus très long. En télé, j'arrive le matin à 8h chez beIN, je fais mon émission, à 17 heures ou 18 heures tu as fini et ta journée est terminée. Le livre, c'est le temps long. Tu pars sur un projet d'un an. Il faut t'organiser.

Tu as des hauts et des bas. C'est comme une relation, j'ai découvert ça. Il y avait des jours où j'étais soulé, je sortais faire mon crossfit parce que je n'en pouvais plus du livre. Et des jours où je bossais dessus de 15h à 2h du matin et où je ne voulais pas m'arrêter. Vous connaissez ça chez Reverse, l'écriture c'est un peu comme ça. Je ne voulais pas en parler avant que ce soit fait, mais mes proches s'en sont bien rendus compte (rires).

Je ne demandais pas aux intervenants leur avis sur l'équipe, mais sur ce que c'était de vivre à Memphis, comme pour Pau Gasol par exemple. Quand je lui ai dit que je voulais qu'il me raconte "son" Memphis, ça lui a plu.

Je suis assez fier d'avoir eu tous ces intervenants. Je voulais pour chaque destination avoir quelqu'un qui soit plus légitime que moi et qui vive sur place pour pouvoir me raconter sa ville

L'énorme force du livre, je trouve, ce sont tous ces intervenants que tu as réussir à avoir pour chaque ville. Il y a des journalistes cultes comme Jackie McMullan ou Sam Smith, des légendes NBA comme Isiah Thomas ou Pau Gasol, des joueurs français, mais aussi des personnages moins connus du grand public mais tout aussi intéressants...
RR : Je suis assez fier d'avoir eu tous ces intervenants. Je voulais pour chaque destination avoir quelqu'un qui soit plus légitime que moi et qui vive sur place pour pouvoir me raconter sa ville. Il y a des trucs que les gens ne réalisent pas, mais par exemple quand j'ai eu Terrell Owens, le joueur NFL, pour Philadelphie, c'était comme avoir Zizou au foot, c'est une légende !

Je n'ai eu que des gens comme ça, très cool, puis tous les Français de NBA qui m'ont répondu. Matt Bonner à San Antonio, c'était trop bien aussi. Il a le côté un peu redneck du Texas - alors qu'il est du New Hampshire mais ils l'ont adopté comme un Texan - et quand il te raconte les festivals fous dans lesquels il va, c'est énorme.

C'est ce que les intervenants ont bien aimé dans ma démarche. Je ne les appelais pas pour leur demander ce qu'étaient les ambitions de l'équipe cette année, mais plutôt ce que c'était de vivre à Memphis, comme pour Pau Gasol. Ma démarche l'a surpris au début. Quand je lui ai dit que je voulais qu'il me raconte "son" Memphis, ça lui a plu.

Il y a des villes pour lesquelles c'est plus difficile. Par exemple, en arrivant à OKC, je me suis dit : 'Mais qui est-ce que je connais là-bas ?' Je ne connaissais personne. Je pouvais faire Théo Maledon mais ça ne fait qu'un an qu'il est là-bas. Finalement, j'ai pensé à ce mec que je suivais sur Twitter depuis longtemps, Royce Young, journaliste d'ESPN. Le gars a été incroyablement gentil et ça l'a fait marrer de raconter sa ville à un petit Français. Il a pris 30 minutes pour moi.

Rémi Reverchon
Conférence de presse de BeinSport - Rémi Reverchon (PANORAMIC / beIN SPORTS)

Depuis l'annonce de la sortie du livre, tu fais un peu de teasing en présentant les intervenants que tu as eus pour chaque ville. On voit que tu as eu la majorité d'entre eux via Zoom. Est-ce que tu as pensé à publier ces interviews indépendamment du bouquin ? Parce que vu le casting, c'est évident qu'il doit y avoir des entretiens incroyables !
RR : Il y a trois interviews que j'ai eues à la base pour le bouquin mais qui étaient tellement bien que j'ai décidé de les coupler pour beIN : Marcus Camby, Jason Terry et Shawn Kemp, que j'ai eu pour parler du déménagement de Seattle vers OKC. C'est marrant parce que tu n'es pas le premier à me le dire. Sur les réseaux des gens me disent qu'ils aimeraient bien voir ces interviews.

J'y ai réfléchi. C'est la matière première du livre donc je ne vais pas dévoiler tout ça maintenant, mais à terme pourquoi pas ? Une fois le buzz passé on pourrait sortir les interviews. Sur le coup je me suis dit que ça ennuierait la moitié des gens de regarder ça, mais si ça peut faire plaisir à des nerds du basket, qui veulent en entendre le contenu, pourquoi pas créer un Youtube ?

Lequel des entretiens t'as le plus marqué ? 

RR : La meilleure discussion que j'ai eue, je pense que c'est la première, pour Chicago. Je me suis senti attiré directement par la ville pour démarrer l'écriture. Il y avait trop de choses : la pop culture, la musique avec Kanye West, Common, les séries télé jusqu'à Urgences... Le premier Zoom que j'ai eu, c'est avec le journaliste Sam Smith, qui a écrit plusieurs livres sur les années Jordan à Chicago. C'était incroyable. J'ai passé 1h15 avec lui. Il était comme le grand-père idéal. C'était un jukebox. Je remettais une pièce et boum il était parti pour un quart d'heure sur un sujet.

En écrivant ce livre, est-ce que tu as ciblé un public particulier ? Parce que les puristes comme les gens qui ne sont pas forcément hyper calés en basket peuvent trouver des choses intéressantes dedans.
RR : C'est le grand écart que l'on fait tous les jours sur beIN aussi, c'est à dire plaire à notre communauté de vrais fans qui sont devenus experts et toucher le grand public que tu ne veux pas aliéner parce que le but c'est de rassembler. J'ai fait pareil sur le bouquin. C'est pour ça qu'il y a des passages ou les non-fans de basket ne comprendront sans doute pas grand chose, mais ils s'intéresseront aux passages où je parle de choses comme Prince à Minneapolis, etc... Les fans de basket en auront pour leur argent aussi parce qu'ils découvriront quelques trucs.

Tu vois, dans le bouquin il y a beaucoup de termes anglais. A la relecture, mon éditeur se demandait si les gens comprendraient tout. Justement, je pars du principe que s'il y a certains trucs que tu ne comprends pas, tu as deux options : tu vas chercher sur Google ou tu t'en moques et tu laisses tomber. Je voulais que ce bouquin éveille un peu l'envie et la curiosité d'aller chercher des choses par soi-même.

Dallas, c'est un vrai kif. On a l'image du Texas avec les gros beaufs en chapeaux et les guns.C'est un état républicain, mais c'est un endroit chaleureux où les gens sont cool

Le fait de te replonger dans tes souvenirs des Etats-Unis, surtout dans ce contexte où on ne peut pas voyager comme on veut, ça ne t'a pas donné envie de tout plaquer et de repartir là-bas ?
RR : Je n'ai pas de femme et pas d'enfants, donc c'est vrai que ça pourrait être un questionnement pour moi. Je suis dingue et amoureux de ce pays, même s'il y a des choses négatives. Mes trois années à Los Angeles sont sans doute les trois plus belles années de ma vie et, évidemment, si demain une opportunité se présente, je l'écouterai.

Maintenant, je suis un peu carriériste et drogué à mon taf, j'adore ce que je fais. Je fais partie de ces gens qui ont la chance de se lever le matin et d'aimer aller au bureau. Les gens avec lesquels je travaille sont top et je suis payé pour parler de basket à la télé ! Je ne sacrifierai pas ma carrière pour vivre une année aux Etats-Unis. Si beIN a besoin d'un correspondant là-bas un jour, tout est envisageable. Moi je suis amoureux de ce pays, j'y retournerai avec plaisir.

Si demain un jeune journaliste vient te demander conseil pour partir à l'aventure dans une ville NBA, qu'est-ce que tu lui conseilleras ?
RR : Quand je suis parti m'installer à Los Angeles, seul sans contact, à l'aventure complète, la réflexion était portée sur trois villes : New York, Miami et Los Angeles, les gros pôles d'intérêt basket et médiatiques. J'avais rajouté Miami parce que la connexion latine est importante et sous-exploitée là-bas.

Au final, j'ai éliminé New York à cause de la météo et parce que les hivers sont horribles... Je suis un mec qui aime le chaud - même si j'habite à Paris - et à choisir je conseillerais Miami ou Los Angeles pour être en short et T-Shirt toute l'année. New York est une ville fantastique, mais saturée en journalistes. A Miami, il y a plein de choses à faire professionnellement, même hors basket.

Parmi toutes les villes que tu explores dans le livre, laquelle t'as le plus surprise au cours de ta carrière ?
RR : Je sais que les gens sont surpris quand je dis ça, mais Dallas c'est un vrai kif. On a l'image du Texas avec les gros beaufs en chapeaux et avec leurs guns et c'est un état républicain, c'est vrai, mais c'est un endroit chaleureux où les gens sont cool.

Bouna Ndiaye, qui est mon intervenant pour Dallas, me racontait à quel point les gens sont souriants, avec des voisins qui se disent tous bonjour le matin, au contraire de chez nous. C'est un état très "nature". Se balader en voiture dans le Texas c'est un régal. Il fait beau, il fait chaud. Les facs c'est un délire au niveau sport aussi. La nourriture est dingue. Les barbecues texans sont incroyables. Mon meilleur souvenir pro, ce sont les Finales 2011 à Dallas, je me suis régalé pendant trois semaines là-bas. Une vraie belle surprise.

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